Non, l’élection de Donald Trump n’empêchera pas la lutte mondiale contre le réchauffement climatique


Trump Parc Apartments, Midtown, Manhattan, New York, États-Unis.

Malheureusement, sur le sujet du climat, comme peut-être sur d’autres, les USA vont s’isoler et prendre du retard sur leurs concurrents.

L’élection d’un président américain ouvertement climato-sceptique envoie un signal négatif préoccupant tandis que commencent les négociations internationales sur le climat à Marrakech. Mais il ne faut pas désespérer. Le mouvement contre le réchauffement climatique ne s’arrêtera pas à cause de l’élection américaine.

« Je vais annuler l’accord de Paris sur le climat« , a affirmé Donald Trump. Mais faut-il prendre cette déclaration davantage au sérieux que les autres provocations du candidat, aussi inexactes ou fantaisistes soient-elles ? Quand bien même il irait jusqu’au bout d’un processus légal complexe puisque le texte a déjà été ratifié par les USA, Trump ne pourrait que revenir sur cette ratification par les USA, et non pas sur la validité mondiale de l’accord

Plus globalement, il faut rappeler que le mouvement contre le réchauffement climatique s’est construit, depuis ses débuts ou presque, contre l’administration américaine. Les Américains n’ont jamais ratifié le protocole de Kyoto et pendant 8 ans -de 2000 à 2008 – le président Bush a mis en place une politique « sceptique » encouragée par les lobbys du pétrole. Tout cela a représenté un obstacle majeur, mais la lutte contre le réchauffement climatique n’en a pas moins progressé dans le monde et aux Etats-Unis.

En effet, même à l’intérieur des USA, un mouvement local contre le changement climatique a émergé. Lancé à l’initiative du maire de Seattle, il fut rejoint par de très nombreuses villes, dont New York et Los Angeles… En 2009, ils étaient plus de 1000 maires, représentant 88 millions d’habitants. Des universités, des collectivités, des états, bref, des pans entiers du millefeuille américain se sont, de la même manière, dissociés de l’état fédéral pour entrer dans la lutte contre le changement climatique. Il est probable que ce mouvement renaissent rapidement.

Récemment encore, Michael Bloomberg, ancien maire de la ville de New York, et désormais envoyé spécial des Nations Unies pour les villes et le changement climatique, rappelait que « Les villes représentent plus de 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et leurs dirigeants disposent, aujourd’hui, des pouvoirs pour réduire ces émissions et s’adapter aux risques. Cela signifie qu’elles n’ont pas à attendre leurs gouvernements nationaux ou les accords internationaux – et elles ne le font pas. A New York, par exemple, nous avons décidé de réduire notre empreinte carbone de 30% d’ici 2030, et nous en sommes à 19% en juste 6 ans. »

Quant à Arnold Schwarzeneger, ancien gouverneur de Californie (le plus puissant état américain en termes de PIB), il vient de déclarer dans une vidéo « En Californie, nous avons montré que nous pouvons protéger l’environnement ET l’économie : Après que la Californie a passé des lois strictes contre le changement climatique, l’économie a progressé de 12,4 % ». « Let’s go and save the environnement« , conclue-t-il. Et ces deux exemples sont, à dessein, pris parmi les républicains.

Pour ce qui est du business, les forces du marché sont elles aussi, déjà, en train de changer. Donald Trump a affirmé vouloir rouvrir les mines de charbon. C’est peu probable, car ce ne sont pas tant les écologistes qui sont responsable de leur fermeture que le marché : la chute des prix du gaz naturel grâce aux gaz de schiste rend ces centrales non rentables. Et la chute vertigineuse du prix des énergies renouvelables encourage le développement d’alternatives.

A la différence de ce qui s’est passé dans les années 2000, les USA ne sont plus le plus gros émetteur de CO2 de la planète. C’est désormais la Chine qui détient ce triste titre. Mais la bureaucratie chinoise a pris conscience du problème. Elle a ratifié l’accord de Paris et s’est lancée dans une transformation extraordinairement rapide de sa filière énergétique. Elle est devenue le premier producteur mondial d’énergie renouvelables. La Chine a même diminué pour la première fois en 2015 ses émissions de gaz à effet de serre – avec 15 ans d’avance sur les scénarios ! En volume, cela correspond à la plus grande diminution au monde, selon l’Agence internationale de l’énergie ! Avec les équilibres internationaux qui se déplacent, le climat pourrait être une autre manière pour la Chine de prendre aux USA leur leadership.

« Make America great again« , était le slogan de Trump : malheureusement, sur le sujet du climat, comme peut-être sur d’autres, les USA vont s’isoler et prendre du retard sur leurs concurrents.

Les militants américains ne baissent pas les bras : comme l’explique Michael Brune, directeur exécutif du Sierra Club, la principale ONG écologiste américaine : « Il y a des progrès qu’ont été faits sur le changement climatique qui ne pourront pas être stoppés. Cela va ralentir le rythme, mais ça ne va pas l’inverser« .

Certes, le facteur temps est crucial pour la planète. Plus on attend, plus les conséquences du réchauffement seront graves. Mais les faiblesses du mouvement contre le changement climatique ne sont pas seulement la faute des Américains. En attendant que les USA reviennent dans le rang des nations exemplaires, les autres pays, les citoyens, les collectivités et les entreprises, nous avons tous du travail à faire, dans les négociations de Rabat et partout ailleurs. Il faut continuer à travailler.

2 commentaires

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    • jipebe29

    Trump fera ce qu’il veut, et ce qu’il veut c’est cesser toute politique climat – énergie qui pénalise l’économie américaine. Il va cesser les subventions pharaoniques aux climatologues mainstream et au GIEC/IPCC. Il va être pragmatique et utiliser les énergies favorables à l’économie et à l’emploi.

    • jipebe29

    La dernière fois que le Sénat des USA a eu à considérer cette affaire de climat, c’était le 25 juillet 1997 où il a voté, à l’unanimité, la « Résolution Byrd-Hagel », dont on trouvera ici le texte, et qui stipule dans son article 1 : « the United States should not be a signatory to any protocol to, or other agreement regarding, the United Nations Framework Convention on Climate Change of 1992, at negotiations in Kyoto in December 1997, OR THEREAFTER, which would– … » voir http://bit.ly/2g0tUVg
    De toute manière, en vertu de la constitution des USA, tout accord international doit, pour engager les USA, être voté à la majorité des 2/3, par le Sénat américain. L’accord COP21 n’a jamais été soumis à l’approbation du Sénat des USA. Il n’engage donc qu’un certain Barack Obama, qui va bientôt quitter la Présidence.