L’amour et l’imagination : deux ressources 100 % renouvelables

Yann Arthus-Bertrand
Yann Arthus-Bertrand
Yann Arthus-Bertrand

En cette journée mondiale de la gentillesse, n’oublions pas que les deux choses les plus précieuses au monde sont l’amour et l’imagination. Et ce sont deux ressources renouvelables. Un texte de Yann Arthus-Bertrand.

La surface de la Terre reçoit en l’espace d’une heure plus d’énergie du soleil que l’humanité n’en consomme sur une année entière. Si nous trouvions le moyen d’exploiter cette ressource, alors les problèmes énergétiques auxquels nous sommes confrontés seraient réglés. Bien entendu, c’est loin d’être le cas. Mais, l’irruption du solaire et de l’éolien dans l’équation énergétique mondiale constitue une transformation essentielle.

C’est encore trop peu de choses, et en ces temps de débat sur la transition énergétique, il est légitime de s’interroger sur l’importance que pourront prendre ces énergies dans les décennies à venir. Mais une chose est sûre, une révolution prend place sous nos yeux. En 20 ans, entre 1992 et 2012, l’électricité produite à partir d’énergie solaire a été multipliée par 300, celle à partir d’énergie éolienne par 30. Quant aux agrocarburants, qui sont également une forme d’énergie renouvelable dépendante du soleil, ils ont été multipliés par 3000. (Je ne discuterai pas ici des problèmes qui leur sont associés).

Les raisons d’une telle croissance sont multiples, mais tiennent en partie à une baisse considérable des coûts, liée à de très nombreux progrès technologiques. En d’autres termes, c’est grâce à la créativité humaine. Je suis loin d’être un technophile béat ou un avocat inconditionnel de la science. Mais force est de constater que ces progrès sont considérables. Et cela me permet d’en venir à mon point : il est une ressource dont nous disposons en abondance sur Terre mais qui est souvent mésestimée : la créativité.

C’est une idée que défend remarquablement bien un chercheur américain, Ramez Naam, dans un livre que je viens de lire : “The infinite resource”. Naam rappelle également une chose très juste à propos de la puissance des idées. C’est qu’elle ne diminue pas quand on les utilise. A l’inverse du pétrole, par exemple, qui part en fumée lorsqu’il est consommé par le moteur de votre voiture (du CO2 responsable de l’effet de serre, en fait). A l’inverse, les œuvres de Bach ne valent pas moins parce qu’elles ont été écoutées et jouées des milliers et des milliers de fois… Et vous pouvez partager une bonne idée avec vos proches et cela les enrichira sans pour autant vous appauvrir, ce qui n’est pas possible avec la plupart des biens matériels.

La créativité n’est pas seulement technologique, elle est aussi aussi sociale, politique, culturelle, artistique, etc. Elle constitue aussi l’une des caractéristiques fondamentales de notre société ouverte et démocratique. Nous avons besoin d’elle pour inventer un nouveau modèle de société et le faire advenir. Elle est  la clé de notre temps, celle qui permettra l’émergence des nouvelles formes politiques et sociales que nous attendons.

La créativité n’est pas la seule ressource renouvelable dont nous disposons en abondance. Il en est une autre, non moins importante : l’amour. Comme la créativité, l’amour est inépuisable : Plus on en donne, plus on est capable d’en donner et plus on est capable d’en recevoir. Ce n’est pas parce que vous aimez votre femme ou votre mari que vous aimez moins vos enfants. En fait c’est souvent le contraire, chaque amour s’enrichit des autres amours.

C’est vrai au niveau personnel, mais c’est également vrai au niveau social. Ce n’est pas parce que vous vous sentez concerné par la protection de la biodiversité que vous ne vous intéressez pas à la famine en Afrique, par exemple, ou inversement.

L’amour, entendu au sens large, c’est-à-dire comme une forme d’empathie et de bienveillance, est le ciment de toute vie sociale, la pierre de voûte d’un « vivre ensemble ». C’est aussi une force de transformation immense. Allié à la créativité, l’amour est révolutionnaire. Ensemble, ce sont les ressources renouvelables les plus importantes de notre société. Il faut apprendre à les recueillir et à les utiliser comme on le fait pour l’énergie solaire. C’est – aussi – l’enjeu de la transition écologique à venir.

Yann Arthus-Bertrand

Propos recueillis par Olivier Blond, Texte publié dans le magazine Géo.

Yann Arthus-Bertrand

3 commentaires

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  • « il n’y a point d’entreprise plus difficile à conduire, plus incertaine quant au succès, et plus dangereuse que celle d’introduire de nouvelles institutions. Celui qui s’y engage a pour ennemis tous ceux qui profitaient des institutions anciennes, et il ne trouve que de tièdes défenseurs dans ceux pour qui les nouvelles seraient utiles. Cette tiédeur, au reste, leur vient de deux causes : la première est la peur qu’ils ont de leurs adversaires, lesquels ont en leur faveur les lois existantes ; la seconde est l’incrédulité commune à tous les hommes, qui ne veulent croire à la bonté des choses nouvelles que lorsqu’ils en ont été bien convaincus par l’expérience. »
    Nicolas Machiavel, « Le Prince » écrit en 1515.
    Exemple : http://www.newmanity.com/1000-pionniers/initiative?project_id=214
    Vous pouvez facilement éviter de gaspiller 50 litres d’eau par jour en la réchauffant au lieu de la jeter à l’égout sous prétexte qu’elle n’est pas à la température souhaitée. Vous pourriez vous placer sous la douche avant d’ouvrir le robinet sans risquer de recevoir une seule goutte d’eau froide, vous doucher avec moins que les 5 à 10 litres d’eau que vous gaspillez avant d’oser entrer sous la douche.
    Aucun fabricant intéressé, les utilisateurs n’osent pas essayer, en service depuis 3 ans mais en recherche active d’aide, d’encouragement ou du moindre support depuis 2009.
    Nos gaspillages d’eau et d’énergie : des améliorations sont disponibles, mais qui OSERAIT AGIR ?

    • florence

    et l’amour du Qatar, Mr Arthus-Bertrand?

    • distinguin

    l’exemple est la meilleur des autorité