Rio+20: Nous sommes moins forts que nous le croyions

Le sommet de Rio a abouti a un échec majeur. Le texte officiel soumis aux chefs d’Etat comprend au mieux des avancées minuscules, au pire des reculs. Dans tous les cas, il se place très en-deça de nos attentes et des ambitions du sommet et surtout très en-deçà des urgences de notre planète.

Cet échec met en lumière un problème majeur : celui de la gouvernance mondiale. Le système politique international a montré à Rio qu’il était incapable de prendre la mesure des problèmes de la planète et surtout d’y réagir de façon appropriée.

Mais cet échec ne révèle pas seulement l’égoïsme des visions nationales et le cynisme des calculs politiques. Il montre également la faiblesse du mouvement écologiste international.

Car – en tout cas dans nos pays démocratiques – nous n’avons que les hommes et les femmes politiques que nous méritons. S’il ne défendent pas mieux les intérêt de la planète, c’est parce qu’il n’en ont pas envie, mais c’est aussi parce qu’ils ne se sentent pas poussés à le faire, qu’ils ne s’en sentent pas le mandat. Il n’y a pas la mobilisation nécessaire qui leur impose de prendre des décisions importantes. Même au sommet de Copenhague en 2009, où l’ensemble du mouvement écologiste était présent, nos forces étaient bien modestes. Avec la crise et après la grande déception de Copenhague, le mouvement est encore plus faible.

A force de parler au nom de la planète toute entière, nous oublions à quel point nous sommes minoritaires. En France, par exemple, 500 000 personnes peuvent manifester contre les retraites. Mais quelques milliers seulement contre le réchauffement climatique. Dans les autres pays, c’est à peine mieux. A Rio, même la grande manifestion populaire des ONG n’a rassemblé que quelques dizaines de milliers de personnes.

Les ONG écologistes ont, grâce au premier sommet de Rio, gagné une reconnaissance quasi officielle et un accès aux négociations internationales. Mais dans les salles de négociations, les bonnes intentions n’ont plus cours : ce ne sont plus que les rapports de forces qui comptent. Ce que montre l’échec de Rio, c’est que nous sommes moins forts que nous le pensions – en tout cas pour les moins pessimistes d’entre nous. Comment changer ce rapport de force ? D’une part, probablement, en renforçant la capacité de lobbying des écologiste – une capacité très inférieure à celle des grands groupes industriels, pour ne citer qu’eux. Ensuite, en reprenant notre bâton de pèlerin pour persuader toujours plus de nos concitoyens. En nous adressant à tous, au-delà des personnes déjà convaincues, voire même en tentant de persuader celles et ceux qui nous sont aujourd’hui opposés. Afin de trouver le soutien actif de la population et non pas seulement une sympathie distante.

Il nous faut aussi des leaders plutôt que des politiciens. Des personnalités qui sortent du rang et donnent l’exemple pour emporter avec eux l’adhésion. Il faut qu’une nouvelle génération d’hommes et de femmes se dresse. Des personnalités anticonformistes qui sachent sortir des sentiers battus de la politique, tout en compromis et en négociations. Des gens qui placent l’éthique, la morale, leur vision du monde au-dessus de tout le reste.

Nous demandons souvent aux autres, et en particulier aux politiques, d’être exemplaires, d’être courageux. Ils devraient l’être. Mais commençons nous-mêmes. Comme le disait Gandhi : « Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ».

PS:

La Fondation GoodPlanet a organisé a Rio un festival de cinéma pendant lequel nous avons, entre autres, projeté un film sur la ville de Bogota et comment deux maires, deux personnalités exemplaires Antanas Mockus and Enrique Peñalosa ont fait de cette ville, qui était la plus dangereuse d’Amérique latine, un exemple pour tout le continent. (Bogota change, de Andreas Dalsgaard). Une autre politique est possible.

ecrit avec Yann Arthus-Bertrand

3 commentaires

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    • Claudec

    Rio+20
    La mesure et la manière dont l’arbre cache la forêt aux yeux de l’humanité entière, de son élite à ses plus humbles membres, appellent-elles la compassion ou l’affliction ?

    Le répéter inlassablement suffira-t-il ?

    « Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l’accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l’environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées.»
    Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies (1997 – 2006) – (s/Démographieresponsable.org)

    Or, en dépit des variations de la croissance démographique soufflant le chaud et le froid et de la sempiternelle annonce de son ralentissement, celui-ci est non seulement peu probable mais quasiment exclu pour de nombreuses raisons parmi lesquelles :
    – La tendance observée depuis la naissance de l’espèce humaine, et plus particulièrement au cours de ses deux derniers millénaires.
    – Les effets du progrès, notamment sanitaire et les résultats plus généraux de l’action humanitaire, encourageant les naissances et retardant la mort des plus malheureux, à défaut de les empêcher de souffrir de leur misère.
    – Les peurs suscitées par une baisse de la natalité, en termes de vieillissement de la population et de réduction du nombre des actifs.
    – L’aveuglement, l’imprévoyance et l’égoïsme des hommes, tous ancrés, sans exception, dans leurs habitudes et leurs avantages acquis – pour ceux qui ont le bonheur d’en bénéficier, les autres semblant se satisfaire du simple « bonheur de vivre ».
    – La cacophonie régnant chez la plupart des partisans d’un contrôle démographique.
    – L’opposition farouche des opposants à ce dernier.
    etc. ,
    la prise de conscience de réalités fondamentales serait nécessaire, de toute urgence.

    Pour en savoir plus à propos de la plus impitoyable de ces réalités, affichez « Fatalitas, l’abominable pyramide sociale » dans votre moteur de recherche.

    • Amelie Houpline

    Rio + 20
    « La gaieté est la moitié de la santé ». La gaieté est la moitié de beaucoup de choses. Les choses se sont pas roses ni faciles, encore moins quand il s´agît d´ouvrir les yeux à la majeure partie de la population et leur demander de remettre en cause leur commodité de vie…Pour moi si les gens du mouvement ne perdent pas leur force de conviction, que les enjeux soient avec eux dans chaques gestes quotidiens, c´est un pas en avant.

    N´oublions pas que dans beaucoup de pays ces quatre dernières années ont été et le sont toujours, pénibles. La crise affecte beaucoup le quotidien, elle prend beaucoup de place dans l´esprit des gens…et beaucoup de place négative…je pense que ce n´est pas anodin que les gens s´éloignent des mauvaises nouvelles et des prédictions d´un futur noir pour les futures générations.

    Si nous sommes moins forts, il faut tout faire pour se retourner et reprendre la bonne direction…mais personne n´est parfait, pas même les écologistes ou les gens qui se démènent pour un monde meilleur.

    Posons-nous la question pourquoi nous sommes moins forts…utilisons notre énergie pour avancer.

    • Guillaume Besset

    promesses
    715 promesses volontaires (voir lien), ce n’est pas rien tout de même, mais bien sûr l’on aurait pu attendre plus de ce sommet historique

    Par exemple quand est-ce que les politiques décideront que la fiscalité environnementale comme doit être la priorité des priorités, ils en mettent du temps à se décider !!!

    http://www.uncsd2012.org/allcommitments.html