Sachin Tendulkar : « je ferais preuve de beaucoup d’aveuglement si je pensais être le seul à avoir besoin des arbres »

Considéré comme le plus grand joueur vivant de cricket, Sachin Tendulkar explique en quoi la préservation des forêts se montre importante à ses yeux puisque les arbres fournissent le bois employé pour fabriquer les battes de cricket et s’avèrent indispensables à la survie de l’ensemble des êtres vivants.

Je me souviens que lorsque j’étais petit garçon, à Bombay, je profitais que tout le monde regardait la télévision pour grimper dans les manguiers et voler des fruits. C’est amusant de constater que bien des années plus tard, mon nom a été donné à une variété de mangue qu’on a découverte : la mangue Sachin ! Aujourd’hui, quand je regarde en arrière, je m’aperçois que j’ai bouclé la boucle de certaines de mes passions.

Je repense à la toute première batte de cricket que ma sœur m’a donnée lorsque j’avais sept ans et à la naïveté avec laquelle, des heures durant, je m’imaginais en train de jouer pour l’équipe de mon pays. Je l’aimais tellement, cette batte, que je l’ai utilisée jusqu’à ce qu’elle se brise. Je ne le savais sans doute pas, à l’époque, mais les arbres étaient en train de devenir le bien le plus précieux pour moi et en tenir un dans la main, pour ainsi dire, me remplissait littéralement de bonheur.

Depuis, le cricket occupe toute ma vie et jusqu’à mes rêves. Si on me retirait la batte des mains, je serais totalement perdu. Et pourtant, je ferais preuve de beaucoup d’aveuglement si je pensais être le seul à avoir besoin des arbres. Prenons le tigre, par exemple, ce majestueux symbole de la fierté et du patrimoine indiens. Non seulement il a été victime d’une chasse effrénée au siècle dernier, mais la destruction des forêts réduit son habitat et le met en danger.

Je ne suis en aucun cas un spécialiste de la protection de la nature, mais le bon sens me dit que nous devrions laisser les tigres vivre en paix dans nos forêts, de la même façon qu’on nous laisse nous, humains, vivre tranquillement dans notre habitat. Si je fais ce lien entre les tigres et nous, c’est parce qu’à Bombay, ma ville natale, on trouve un parfait exemple de cohabitation avec le parc national Sanjay Gandhi.

Ce parc a ceci d’unique qu’il est encerclé par la ville d’Inde qui compte le plus d’habitants. Ses forêts grouillantes d’animaux, ses collines, ses vallées et ses lacs s’étendent sur 104 km². Il abrite une riche biodiversité composée d’environ 1 000 espèces de plantes, 284 espèces d’oiseaux, 5 000 espèces d’insectes, 40 espèces de mammifères, 150 espèces de papillons et 62 espèces de reptiles. Toute cette richesse attire plus de deux millions de visiteurs par an, ce qui en fait l’un des parcs les plus visités au monde. Les forêts contribuent en outre à combattre les problèmes croissants de pollution de l’air dus à la proximité de la ville.

Lorsque je repense au moment où, pour la première fois, j’ai eu une batte de cricket dans la main, je me rends compte que la vie, ce n’est pas simplement gagner des matchs. C’est aussi et surtout un équilibre complexe qui repose sur les dons que la nature et l’homme se font tour à tour. Ainsi, en prenant des mesures comme la protection du parc national de Sanjay Gandhi, nous permettons aux forêts de protéger les tigres et celles-ci, en retour, nous fournissent la matière première de notre industrie du bois et, véritables poumons, elles permettent à Bombay de mieux respirer.

La vie, c’est bien plus que du cricket !

par Sachin Tendulkar

Extrait du livre « Des forêts et des hommes » rédigé par la rédaction de GoodPlanet à l’occasion de l’année internationale des forêts et disponible aux éditions de la Martinière.

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