Le trou d’ozone sévit sur l’écosystème marin de l’Antarctique

Les conséquences du trou de la couche d’ozone Antarctique pour les êtres vivants de cette région pourraient se révéler plus graves que prévu. En été et sous un ciel dégagé, les niveaux d’ozone troposphériques, plus faibles, laissent passer davantage de rayons ultraviolets qui atteignent l’océan et endommagent ainsi l’ADN.

Une analyse récente portant sur les eaux de l’Antarctique estime qu’une quantité plus importante d’ultraviolets peut réduire considérablement les floraisons de phytoplancton. Selon Andrew Davidson du département australien pour l’Antarctique à Kingston (Tasmanie), « Si la matière végétale diminue de manière significative, cela aura diverses répercussions sur le reste de la chaîne alimentaire« .

Son équipe a effectué une étude sur la zone marginale de glace. Ces régions produisent environ entre un quart et deux tiers du phytoplancton de l’Océan Antarctique. Les chercheurs ont utilisé les données satellites de cinq zones, enregistrées entre les mois de novembre et décembre 1997 à 2000, afin de déterminer les niveaux d’ozone et de chlorophylle, ces derniers constituant un indicateur des quantités de phytoplancton. Pour cela, ils ont uniquement tenu compte les données incluant des périodes où le ciel était dégagé 6 jours sur 10.

Comme l’on pouvait s’y attendre au cours d’une floraison estivale de phytoplancton, la quantité totale de chlorophylle a augmenté. Toutefois, lorsque les niveaux d’ozone sont tombé en dessous de 300 unités Dobson, l’accumulation de la chlorophylle ne correspondait plus qu’à 45,7% de l’accumulation correspondant à des niveaux d’ozone supérieurs à 300 unités Dobson. L’ozone a chuté sous ce seuil durant 27% de la période d’étude.

Cependant, selon Kevin Arrigo, de l’université de Stanford, en Californie, les concentrations de chlorophylle dans les eaux australes situées sous le trou de la couche d’ozone sont, dans l’ensemble, restées inchangées depuis la fin des années 1970, lorsque l’ozone stratosphérique était plus importante qu’aujourd’hui. « J’en conclus que le trou dans la couche d’ozone n’a qu’une très faible incidence sur les concentrations totales de chlorophylle dans l’Antarctique. Une réduction importante des matières végétales aurait un impact négatif sur la chaîne alimentaire« .

Pour Andrew Davidson, il a été difficile d’identifier les conséquences des rayons ultraviolets sur le phytoplancton. En effet, la quantité de matières végétales dans les eaux australes varie jusqu’à 25% d’une année sur l’autre. « C’est un signal confus, mais déterminer les effets des ultraviolets dans ce contexte s’avère extrêmement difficile. »

Toutefois, M. Davidson fait remarquer que c’est la première fois que les variations des taux actuels de chlorophylle dans l’océan étaient étudiées et comparées aux niveaux d’ozone.

Le krill se nourrit de phtytoplancton. Il est lui-même mangé par les phoques, les baleines, les poissons et plus de 50 espèces d’oiseaux. En Antarctique, la population de krill a diminué de 80% depuis les années 1970, une baisse attribuée à la hausse des températures. Des taux d’ultraviolets plus importants pourraient également avoir une incidence sur l’évolution des populations australes, selon M. Davidson, qui a présenté le résultat de ses recherches lors d’une réunion du Comité scientifique pour la recherche en Antarctique, qui s’est tenue la semaine dernière à Hobart, en Tasmanie. L’appauvrissement annuel de l’ozone stratosphérique devrait se poursuivre au cours des 50 prochaines années.

Ozone hole alters Antarctic sea life

Emma YOUNG

New Scientist, 22 juillet 2006, n°2561

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