A lire : « Indiens Lakotas, une colère sacrée » sur le crapaud


©Liniger
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Les Indiens Sioux-Lakotas se souviendront de 2016. De ce formidable rassemblement sur leurs terres, qui ont permis de surseoir au passage du pipeline pétrolier sous la rivière Misssouri. Mais une victoire à la Pyrrhus. Donald Trump veille au grain, à sa manière.

Le « Dakota Access Pipeline » réunit quelques superlatifs. Pour rappel, long de 1886 km, d’un coût de 3,8 milliards de $, il est appelé à traverser 50 comtés et 4 états, jusqu’à l’Illinois.

Son tracé saigne des surfaces agricoles, des zones naturelles sensibles, mais aussi des terres tribales indigènes et des sites sacrés. Tel celui de Standing Rock, en amont de la réserve Lakota.

300 tribus

Dès août dernier, la communauté amérindienne prend le mors aux dents. Elle s’inquiète des fuites éventuelles du passage de l’oléoduc entrainant des menaces sur l’approvisionnement en eau. Il s’agit aussi de préserver le sol sacré.

Alertés par les médias et les réseaux sociaux, les représentants de près de 300 tribus accourent sur place. Un campement, Oceti Sakowin, voit le jour et grossit au fur et à mesure de l’arrivée du mauvais temps.

Vrillée à la mémoire

Tipis couverts de neige, yourtes solides, tentes militaires vert sombre, mobil homes en acier. Agités par le vent des plaines, les oriflammes des tribus accompagnent les nouveaux arrivants. « Cela vous remue le cœur », relève l’envoyé spécial du New York Times.

Les Lakotas n’ont pas la mémoire courte. Ils savent intégrer dans les nouveaux défis auxquels ils font face l’expérience de leurs ancêtres et la forte spiritualité qui les a toujours habités. Une histoire comme vrillée à leur mémoire.

« Genou blessé »

La résistance à la colonisation avec Little Big Horn ( 1876), le massacre de Wounded Knee (1890), la mort du chef Sioux, Crazy Horse et, en 1973, l’occupation dure de Pine Ridge pour protester contre la politique fédérale à l’intérieur de la réserve.

Le siège de la ville par les policiers, appuyés par des véhicules blindés, dure 71 jours. La présence massive d’observateurs internationaux rend l’assaut impossible. Puis les militants se rendent et disparaissent dans la nuit, à la barbe des autorités.

Bon moral

Des vétérans de la guerre du Vietnam sont déjà présents, l’un d’eux se souvient. « On nous tirait dessus sans arrêt, mais le moral était bon, on continuait à rigoler, car c’était une bonne cause, pas comme celle en Asie du sud-est ».

Le 3 décembre dernier, peut-être en souvenir de ce Wounded Knee 2, d’autres « vétérans » (anciens combattants du Vietnam ou d’Irak) déboulent en masse à Standing Rock.

Lourdement armées

Alors que le gouverneur du Dakota Nord vient de donner l’ordre de « nettoyer » les lieux, faisant appel aux forces de police, lourdement armées, de 24 comtés et de 16 villes alentour.

On met en branle les canons à eau, les tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc, les chiens d’assaut, les arrestations sont musclées, y compris celles de journalistes. Les vidéos des affrontements tournent sur Internet.

Blizzard intense

Aux Indiens qui se définissent comme « protecteurs de l’eau », aux anciens militaires, viennent s’accroître des sympathisants qui semblent débarquer du monde entier, délégations de prêtres, de Maoris, de Musulmans, des Européens, vedettes du cinéma et du rock.

Aguerris, les « vétérans » donnent la main. « Je me suis mis en première ligne, je ne supportais la violence de la police », dit l’un d’entre eux. Un collègue raconte que, venant de Floride, il a fait plus de 3000 km dans sa modeste voiture pour être sur place.

En uniforme

Tous ensemble, dans leur ancien uniforme, ils renforcent la protection du camp, solidifient les abris face à un blizzard , en décembre, d’une exceptionnelle intensité.

S’occupent aussi de l’approvisionnement en nourriture. Leur expérience et leur présence rassurent les nouveaux arrivés, déconfits dans le froid glacial.

Beaucoup d’Américains blancs présents découvrent que les « Native » constituent un des plus forts groupes ethniques dans l’armée US, qu’ils sont formés à la solidarité et aux conditions de vie difficiles. Et que c’est bien la première fois qu’eux, mettent le pied dans une réserve.

Prières jour et nuit

Comprendre que le monde naturel est plus ou n’est pas qu’offrir des ressources énergétiques, alimentaires ou récréatives, qu’il nous donne la force morale pour tenter de contenir les dégâts du réchauffement climatique, tel le message affleurant dans les prières, jour et nuit, des responsables Lakotas…

Face à cette formidable mobilisation, le Corps des Ingénieurs de l’armée, qui supervise le projet, décide en décembre de dénoncer le permis autorisant le tracé du pipeline par la rivière Missouri et veut de nouvelles études sur l’impact environnemental.

Top Priorité

Mais Donald Trump et son équipe à venir ne l’entendent pas de cette oreille. Ils annoncent dès à présent qu’ils reverront la situation dans son ensemble, dès l’entrée en fonction du nouveau président. « Une priorité top », dit l’entourage.

« Nous voulons nous assurer que ce projet vital soit achevé sans modification du tracé. Il en sera de même, sous-entendu, avec la réalisation du pipeline Keystone XL avec le Canada, auquel Barack Obama s’est catégoriquement opposé.

Aucune des « décisions honteuses » de l’administration Obama ne peut y changer quelque chose.

Serpent noir

On sait l’appui que Trump a toujours porté sur le développement des énergies fossiles, une indication suffisante pour l’agressivité qu’il montrera à propos de ces problèmes.

Le Dakota Pipeline Access n’a pas fini de faire parler de lui, comme ce « zuzeca sape – le serpent noir » qui, selon la prophétie lakota, surgira des profondeurs amenant la dévastation sur son chemin.

©Le crapaud

>> En savoir plus sur le crapaud sur : http://bit.ly/2h9yOA6

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