Contournement routier de Beynac (Dordogne): la justice annule le projet, demande la démolition

Beynac

Banderole de protestation sur le château de Beynac le 2 novembre 2018 © AFP/Archives THIBAUD MORITZ

La cour administrative d’appel de Bordeaux a donné raison mardi aux opposants au projet controversé de contournement routier de Beynac (Dordogne), un des plus beaux villages de France, en annulant le projet, et ordonnant la démolition des travaux engagés.

La cour a ainsi confirmé le jugement en première instance qui annulait ce projet de rocade de 3,2 km, d’un coût de 32 millions d’euros, porté par le conseil départemental de Dordogne et contesté par les écologistes et défenseurs de l’environnement et du patrimoine

La cour « confirme l’annulation » de l’arrêté préfectoral de 2018 autorisant les travaux et « prononce l’annulation de la déclaration d’intérêt général du projet et des permis d’aménager », a indiqué la juridiction dans un communiqué. « Elle confirme l’obligation pour le département de la Dordogne de démolir les éléments déjà construits et de remettre les lieux en état.

La cour « enjoint » le département « d’engager le processus de démolition » des premiers éléments construits (notamment deux piles de pont) « dans un délai d’un mois » à partir la notification de l’arrêt et de « procéder à l’ensemble des opérations de démolition » ainsi qu’à la « remise en état des lieux dans un délai global de douze mois ». Elle n’a toutefois pas assorti l’injonction d’astreinte financière.

L’avocat du département, Me Xavier Heymans, a indiqué à l’AFP qu’un pourvoi en cassation devant le Conseil d’Etat serait formé « dans les semaines qui viennent », ainsi qu’un sursis à exécution concernant la démolition.

« Après 30 ans de combat, c’est une victoire que nous accueillons avec soulagement, mais que de temps perdu, que de procédures pour faire primer le Droit et le bon sens ! », a réagi Philippe d’Eaubonne, président de l’Association de sauvegarde de la Vallée de la Dordogne, l’un des principaux opposants.

Comme le tribunal administratif de Bordeaux, avant elle, la Cour d’appel de Bordeaux a jugé que « le projet ne saurait être regardé comme répondant à une raison impérative d’intérêt public présentant un caractère majeur ».

La décision de mardi ponctue une saga de plus de 30 ans mêlant infrastructures, sécurité routière, patrimoine et environnement, partisans et opposants du contournement se renvoyant les arguments après des années d’étude d’impact, enquête publique et de procédure.

D’un côté sécurité, fluidité du trafic, nuisance sonore, pollution. Et de l’autre la destruction, dans un site classé Natura 2000 et « réserve de biosphère » d’habitats de plus de 120 espèces dont des protégées, chiroptères, mammifères semi-aquatiques, reptiles ou amphibiens. Sans compter l’impact visuel sur un site hors pair, une vallée parsemée de châteaux.

© AFP

Un commentaire

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    • Méryl Pinque

    Une belle victoire… si rare hélas.