Climat: plaidoyers vibrants pour l’action à la COP25

COP25

Une visiteuse passe près du logo de la COP25, une réunion sur le climat organisée par l'Onu à Madrid (Espagne), le 2 décembre 2019 © AFP GABRIEL BOUYS

Vite et fort ! Les exhortations à agir pour sauver l’humanité qui subit les assauts du dérèglement climatique se sont multipliées lundi à Madrid à l’ouverture de la COP25, qui risque toutefois de décevoir les attentes.

Rapports alarmants des scientifiques, désobéissance civile de citoyens, défilés de jeunes par millions… Depuis un an, les pays signataires de l’accord de Paris sont la cible d’une pression sans précédent que résume le mot d’ordre de ces deux semaines de réunion: #TimeforAction.

Le message a été martelé sur tous les tons dès l’ouverture de cette 25e conférence de l’ONU sur le climat qui va durer deux semaines.

Le monde se trouve à un « tournant » et doit choisir entre l' »espoir » d’un monde meilleur en agissant maintenant de façon radicale, ou la « capitulation », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

« Voulons-nous vraiment rester dans l’histoire comme la génération qui a fait l’autruche, qui flânait pendant que le monde brûlait? », a-t-il lancé, accusateur, devant les représentants des quelque 200 pays signataires de l’accord de Paris, dont une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement.

Dimanche déjà, dénonçant les engagements « totalement insuffisants » des Etats, il avait mis en garde contre « le point de non-retour » qui approche rapidement, appelant à mettre un terme à « notre guerre contre la planète ».

Chaque degré compte

Quelques jours plus tôt, le Programme de l’ONU pour l’environnement portait un coup aux espoirs d’atteindre l’objectif idéal de l’accord de Paris de limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Il faudrait pour cela réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès l’an prochain et jusqu’à 2030. Alors que pour l’instant elles ne cessent d’augmenter.

Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter exponentiellement l’ampleur des dérèglements.

Or au rythme actuel, la température pourrait grimper jusqu’à 4 ou 5°C d’ici à la fin du siècle. Et même si les Etats respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C.

« Ce qui manque toujours, c’est la volonté politique », a déploré Antonio Guterres, pointant en particulier du doigt, sans les nommer, les pays les plus émetteurs de CO2, « qui ne font pas leur part ». Ni la Chine, ni le Japon, ni le Canada, ni l’Australie n’étaient représentés au plus haut niveau lundi.

Quant aux Etats-Unis, qui viennent de confirmer leur retrait de l’accord de Paris l’an prochain, ils ont envoyé une simple diplomate.

La présence de la démocrate Nancy Pelosi, influente présidente de la Chambre américaine des représentants, a été d’autant plus remarquée. « Nous sommes toujours là », a-t-elle assuré, soulignant la « responsabilité morale » envers les futures générations.

« Couloir de la mort »

Dans ce contexte, l’Union européenne, présente en force, est très attendue.

« A un moment marqué par le silence de certains, l’Europe a beaucoup à dire dans ce combat », a commenté le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui accueillait la réunion au pied levé après la défection du Chili.

« Parce que nos sociétés le réclament (…) mais aussi pour des raisons de justice historique: l’Europe a mené la révolution industrielle et le capitalisme fossile, elle doit mener la décarbonation », a-t-il insisté.

Les défenseurs de la planète espèrent que lors du sommet européen des 12 et 13 décembre, les 28 pourront s’entendre sur l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050.

« Nous serons les champions de la transition verte », a assuré le nouveau président du Conseil européen Charles Michel, réclamant une « révolution verte ».

Aujourd’hui, seuls 68 pays se sont engagés à revoir à la hausse leurs engagements de réduction d’émissions de CO2 en 2020, avant la COP26 à Glasgow (Royaume-Uni). Mais ils ne représentent que 8% des émissions mondiales, selon les experts.

Les pays du Sud ont aussi fait entendre leur voix, réclamant de l’aide pour faire face aux désastres.

« Les atolls les plus vulnérables comme mon pays sont déjà dans le couloir de la mort », a souligné à distance par vidéo la présidente des Iles Marshall, Hilda Heine. « L’eau recouvre déjà la plus grande partie de notre territoire à un moment ou un autre de l’année (…) En tant que nation, nous ne voulons pas fuir. Mais nous refusons aussi de mourir. »

Vu l’ampleur des réformes nécessaires partout dans le monde pour réduire les émissions, qui risquent d’aggraver les inégalités sociales, la question de la transition « juste » était également sur toutes les lèvres.

« Les crises sociale et environnementale sont les crises du XXIe siècle. Ce sont les deux faces d’une même pièce, on ne peut pas s’attaquer à l’une sans faire face à l’autre », a insisté la ministre chilienne de l’Environnement Carolina Schmidt, présidente de cette COP25. « Il ne faut abandonner personne ».

Les déclarations vibrantes n’ont pas convaincu les militants d’Extinction Rebellion, qui ont appelé les « rebelles sans frontières » à rejoindre Madrid pour des actions de désobéissance civile.

© AFP

4 commentaires

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    • Lust

    IMPRESSIONNANT cette alarme des plus sérieuse – Il faut agir , c’est vrai mais l’action de cette décision nuira progressivement à une partie de la population laborieuse , qui ne peut trouver du travail que dans ces conditions exécrables pour la santé et l’environnement . Alors que faire : stopper absolument les nuisances – chez nous mais en Principal chez les pays Emergents tels que la CHINE – l’ INDE – E n autres les mines de charbon de Pologne – Allemagne etc -Que fera t on de ce personnel qui sera probablement sans activité si d’autres innovations utiles se crées .
    C’est vraiment la Quadrature du cercle – mais il faut agir dans l’intérêt des occupants de notre planète – nous et lex autres …. !

    • Michel CERF

    Le choix est clair : l’intérêt général ou les intérêts particuliers , la perte d’emplois oui la perte de la vie .

  • OUI Michel

    vous avez raison pour ce qui concerne l’intérêt général et les intérêts particuliers mais il se trouve que ce n’est pas le mot OU qui convient vu que moyennant une fiscalité adaptée ces deux intérêts sont convergent.

    Cependant le début de la COP 25 est une situation extrèmement grave qui va nous entraîner vers la perte de la vie voir

    https://www.goodplanet.info/actualite/2019/12/03/lue-leader-pour-le-climat-faute-de-combattants-de-taille/#comment-1002134

    • Bruhin Claude

    Dans quinze ou vingt ans, une autre jeune fille montera sans doute à la tribune de l’ONU pour tancer les gouvernants du moment quand le climat se sera réchauffé de 4° ou 5° et que la Terre sera inhabitable.
    Ainsi s’écrira notre avenir si nous nous continuons à en appeler aux dirigeants des nations. Car les cent cinquante chefs d’états membres de l’OMC se livrent depuis vingt ans une guerre économique impitoyable. Leur mandat n’est pas de changer le monde ou de sauver la planète et ses climats, mais de défendre des intérêts économiques, énergétiques et géostratégiques strictement nationaux. Ils agissent généralement dans une logique électorale à court terme sous la pression des groupes industriels et bancaires, donateurs traditionnels des campagnes. Ne nous leurrons pas, une économie fortement émettrice de GES au profit d’une petite élite prévaudra toujours sur une croissance qualitative équitable et responsable au service du plus grand nombre.
    > Arrêtons ces appels, ces constats résignés, ces critiques stériles. C’est à nous les citoyens(nes) des nations de formuler des orientations, des réformes et des régulations internationales équitables et durables capables de bâtir un monde coopérant, socialement avancé et écologiquement restauré. C’est notre projet. J’écris un essai sur le sujet.

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