Hausse de 34% des accidents sur les sites industriels classés en deux ans

L'usine chimique de Lubrizol

L'usine chimique de Lubrizol un mois après un incendie dévastateur, le 24 octobre 2019 en Seine-Maritime © AFP/Archives Lou BENOIST

Le nombre d’accidents sur les sites industriels classés a augmenté de 34% en deux ans en France, et leur impact sur l’environnement est croissant, selon le Bureau des risques et pollutions industriels (Barpi).

« L’année 2018 avec 1.112 accidents et incidents recensés en France dans les installations classées tend à montrer une évolution croissante de l’accidentologie par rapport aux années 2017 et 2016 avec respectivement 978 et 827 », selon le Barpi, qui est rattaché au ministère de la Transition écologique.

Cela représente une « hausse de 34% entre 2016 et 2018 », a relevé le président de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’incendie de Lubrizol à Rouen, le député PS Christophe Bouillon.

Les seuls sites Seveso, les installations classées les plus dangereuses, ont connu une hausse de 25% des accidents en 2018 (22% en 2017 et 15% en 2016), précise le Barpi dans son inventaire 2018 des accidents technologiques qui n’inclut pas les centrales nucléaires.

La France comptait 1.312 sites Seveso en 2018, dont 705 seuil haut, comme Lubrizol à Rouen, et 607 seuil bas. Fin 2015, lors du dernier recensement, la France en comptait 1.261 (700 en seuil haut et 561 en seuil bas).

Les installations classées (ICPE) sont des « exploitations industrielles ou agricoles susceptibles de créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances, notamment pour la sécurité et la santé des riverains ».

Elles se répartissent en trois catégories selon leur dangerosité potentielle: des moins dangereuses soumises à « déclaration », aux plus dangereuses soumises à « autorisation », comme les Seveso.

La France comptait au total 494.000 installations classées fin 2014, selon le ministère.

Les accidents ont « un impact environnemental beaucoup plus fréquent », « constaté dans 35% des cas en 2018 eu lieu de 25% en 2017 », précise le Barpi.

Les conséquences humaines sont elles en retrait avec cinq décès en 2018, selon l’inventaire. Le nombre total de blessés (25 parmi la population dans 11 accidents) est « en retrait sensible rapport à 2017 au détriment toutefois d’une gravité plus prononcée ».

Si le nombre d’inspecteurs est resté à peu près constant, le nombre de visite sur les sites classés a « baissé de 40% » (18.000 en 2018 contre 30.000 en 2006), a assuré David Romieux (CGT) devant la commission d’enquête du Sénat sur Lubrizol mercredi.

Le ministère dénombre 18.196 visites d’inspection en 2018, contre 20.000 en 2014. Et une baisse de 34% des visites entre 2006 et 2014. Le nombre de sanctions administratives a toutefois augmenté, passant de 320 sanctions en 2016, à 433 en 2018, souligne le ministère.

Point souvent évoqué devant les sénateurs, « le recours à la sous-traitance n’est pas neutre en termes de maîtrise des risques, notamment car le prestataire connaît parfois mal les risques associés à des installations non familières. Les salariés du donneur d’ordre ne réalisant plus les gestes techniques peuvent perdre leur capacité à appréhender la qualité des travaux réalisés », souligne le Barpi.

© AFP

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