France: possibles tensions sur l’approvisionnement électrique en 2022-2023

electrique

Le gestionnaire du réseau à haute tension réclame une "vigilance" sur l'approvisionnement électrique à l'horizon 2022-2023 © AFP/Archives Philippe HUGUEN

La sécurité d’approvisionnement électrique de la France doit faire l’objet d’une « vigilance » en 2022-2023, en raison notamment de l’arrêt programmé des centrales à charbon, a prévenu mercredi le gestionnaire du réseau à haute tension, préconisant un sursis pour celle de Cordemais (Loire-Atlantique).

Dans l’immédiat, pour l’hiver 2019-2020, l’approvisionnement en électricité « devrait être assuré », sur la base de températures de saison, sachant que les mois de janvier et février 2020 s’annoncent plus favorables du point de vue de l’approvisionnement que cette année, a précisé mercredi RTE dans ses prévisions.

En effet, la France bénéficie actuellement d’un stock hydraulique important, malgré des épisodes de sécheresse, et le parc nucléaire devrait être plus disponible cet hiver que le précédent.

Le risque de tension sur le système électrique est ainsi moindre « même en cas de vague de froid », a souligné RTE dans des documents révélés mercredi.

La centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin) doit fermer en 2020 tandis que le gouvernement a annoncé l’arrêt d’ici à 2022 des quatre dernières centrales à charbon pour des raisons environnementales. Cette promesse du président Emmanuel Macron a été reprise dans la récente loi énergie-climat.

D’ici à 2022, ces pertes doivent être compensées par le développement de nouveaux moyens de production, avec une future centrale à gaz à Landivisiau en Bretagne, l’essor des énergies renouvelables et de nouvelles interconnexions avec les pays voisins.

Toutefois, RTE identifie un point de « vigilance » en 2022-2023 au moment de l’arrêt des dernières centrales à charbon. Le parc nucléaire devrait aussi être moins disponible à cette période en raison de nombreuses visites de maintenance et de sûreté.

« Si le développement des énergies renouvelables se poursuit durant cette période, en l’absence de mise en service de l’EPR de Flamanville, il ne suffit pas à compenser les fermetures réalisées », met en garde RTE.

L’EPR en construction dans la Manche est en effet en retard à la suite de divers problèmes, dernièrement des difficultés avec des soudures qui doivent être reprises, et EDF ne pourra pas le démarrer avant fin 2022.

Le cas de l’ouest

Pour faire face à cette difficulté, le gestionnaire du réseau prône la maîtrise de la consommation et « l’optimisation » des arrêts de réacteurs nucléaires pour maintenance.

RTE demande également « le maintien en disponibilité ou la conversion à la biomasse » (bois, végétaux, déchets agricoles) de la moitié de la centrale à charbon EDF de Cordemais (Loire-Atlantique) tant que l’EPR n’est pas mis en service.

« Il y a bien une situation spécifique sur l’ouest », a souligné Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et prospective de RTE, lors d’une conférence de presse.

L’ouest de la France – plus spécifiquement la Bretagne – est en effet une région particulièrement fragile car elle représente géographiquement un « cul-de-sac » électrique et ne dispose d’aucune centrale nucléaire.

Le maintien au moins partiel de Cordemais au-delà du 1er janvier 2022, s’il apparaît en contradiction avec la volonté de l’exécutif, est compatible avec la loi, souligne RTE. Celle-ci prévoit en effet un plafond annuel d’émissions, ce qui permet à une centrale de fonctionner quelques centaines d’heures par an.

A l’horizon 2023-2025, la sécurité d’approvisionnement devrait ensuite « s’améliorer » avec la montée en puissance des renouvelables – notamment les parcs éoliens en mer – et la mise en service attendue de Flamanville, selon RTE.

« Il est à peu près certain que la situation s’améliorera même si l’EPR de Flamanville est repoussé de manière plus lointaine », assure d’ailleurs Thomas Veyrenc.

© AFP

Un commentaire

Ecrire un commentaire

  • Visiblement il est difficile à RTE d’envisager le deuil définitif des énergies nucléaires et carbonées, ou les champs de mega éoliennes, qui imposent des réseaux pyramidaux (comme le Pouvoir !)
    La révolution serait d’envisager une production écologique répartie sur toutes les surfaces possibles, stockant au plus près des usagers, (une batterie avec chaque compteur !), utilisant des réseaux intelligents qui favoriseraient la proximité et le collectif, autorisant l’auto consommation pour ceux qui le veulent…
    Le Linky est un outil de contrôle honni par beaucoup car conçu et imposé par un système centralisé. On craint l’intrusion. Conçu autrement il aurait pu être le premier maillon d’une nouvelle conception de la production d’électricité où tout le monde participerait selon ses moyens et ses possibilités.
    Commençons par solariser toutes les toitures laides (grandes surfaces, usines, HLM…) quitte à payer le renforcement (et l’isolation) de ces toitures en échange de la concession de la surface utilisée par la collectivité. Gagnant/gagnant en somme. Évitons ainsi la dérive consistant à geler des surfaces utiles, agricoles, par des mega centrales solaires ou éoliennes .