Suricate-Nat, une sentinelle des catastrophes naturelles via Twitter

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Dans le village du Teil (Ardèche) le 12 novembre 2019, au lendemain d'un séisme de magnitude 5,4 © AFP JEFF PACHOUD

Deux minutes seulement après le séisme en vallée du Rhône lundi, les réseaux sociaux s’animaient déjà. Grâce à la plateforme Suricate-Nat, Twitter est utilisé comme « capteur » pour estimer l’ampleur des catastrophes naturelles et à terme aider les secours.

« Le point fort de l’outil est sa réactivité », a expliqué Samuel Auclair, sismologue au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en charge du projet. « Lundi, le séisme a été détecté en deux minutes par les algorithmes », a-t-il ajouté.

Lors d’un tremblement de terre ou d’inondations subites n’importe où en France, Suricate-Nat, qui reçoit de Twitter un échantillon du flux de messages postés, capte d’abord tous les tweets « pertinents » grâce à des mots-clé.

Puis des « algorithmes d’intelligence artificielle » développés par le BRGM analysent chaque message pour les classer (par exemple, l’auteur a-t-il été témoin ou non de l’événement) et les géolocaliser (grâce à la géolocalisation des tweets eux-mêmes, minoritaires, mais surtout aux noms de lieux cités).

Lundi, le séisme de magnitude 5,4 sur l’échelle de Richter qui a secoué à 11h52 la Drôme et l’Ardèche a ainsi été vite détecté avec un pic de 67 tweets à 11h56. Au total, plus de 6.400 tweets ont été captés par Suricate-Nat en 12 heures.

Les auteurs-témoins reçoivent des conseils de protection (« En cas de tremblement de terre, évacuez d’abord, vous tweeterez après »), mais aussi des demandes d’informations complémentaires (lieu exact, dégâts, images…).

« On est capable de déduire la zone ressentie du séisme en quelques minutes », a insisté Samuel Auclair.

Ainsi, alors que les services de gestion de crise manquent souvent d’informations précises immédiatement après une catastrophe, le programme pourrait permettre d’offrir des outils précieux aux secours et aux collectivités.

Mais le développement de la phase opérationnelle de Suricate-Nat devrait prendre au minimum 3 à 4 ans, selon son responsable.

Même s’il n’est pas le premier réseau social en France et la répartition géographique sur le territoire est inégale, Twitter a été choisi comme « capteur » pour ce projet parce qu’il est ouvert et le plus adapté aux événements soudains, explique-t-il.

La plateforme baptisée en référence au petit mammifère africain parfois surnommé « sentinelle du désert » vise également à développer une « culture du risque » naturel dans la population, en encourageant les citoyens à participer de façon ludique à un sujet « aride », plaident le BRGM et ses deux partenaires, l’Université de technologie de Troyes et la Fondation Maif.

Les citoyens sont d’ailleurs encouragés à se rendre sur le site (www.suricatenat.fr) pour aider à classer les messages, et participer ainsi à l’apprentissage des algorithmes.

Pour l’instant limité aux séismes et aux inondations subites, le programme pourrait être étendu aux tempêtes et aux cyclones, événements précédés de messages d’alerte rendant plus difficile l’identification des informations relatives à leur impact.

© AFP

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