Un juge des référés valide deux arrêtés anti-pesticides, première victoire selon les maires

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Un agriculteur pulvérise un herbicide à Saint-Germain-sur-Sarthe, dans le nord-ouest de la France, au lever du soleil le 16 septembre 2019 © AFP JEAN-FRANCOIS MONIER

Un juge des référés a rejeté vendredi la demande de suspension de deux arrêtés anti-pesticides pris par les mairies de Gennevilliers et Sceaux, une décision saluée comme une première victoire par les maires engagés depuis plusieurs mois sur cette question.

Comme ailleurs en France, la préfecture des Hauts-de-Seine avait demandé au tribunal de suspendre ces arrêtés, au motif qu’un maire n’est pas compétent pour prendre ce type de décisions, qui relèvent de l’État.

Le tribunal de Cergy-Pontoise, qui statuait en référé (urgence) dans l’attente d’un examen au fond, a rejeté cette demande vendredi dans deux ordonnances, estimant qu' »aucun des moyens soulevés n’était de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité des arrêtés ».

Si les décisions concernant l’utilisation des produits phytopharmaceutiques relèvent du ministère de l’Agriculture, le maire peut intervenir dans ce domaine « en cas de danger grave ou imminent », indique le tribunal dans un communiqué.

« Le juge des référés a constaté que les produits phytopharmaceutiques constituent un danger grave pour les populations exposées et que l’autorité administrative n’a pas pris de mesures suffisantes en vue de la protection de la santé publique », selon la même source.

« Eu égard à la situation locale, c’est à bon droit que ces maires ont considéré que les habitants de leurs communes étaient exposés à un danger grave », poursuit le tribunal.

Saluant une « première nationale », le maire de Gennevilliers, Patrice Leclerc, y a vu « un encouragement pour celles et ceux qui luttent pour la santé des agriculteurs et de la population ».

Mais « le combat n’est pas fini », a-t-il poursuivi, évoquant le procès au fond.

Cette décision « permet de faire jurisprudence, cela veut dire que toutes les villes qui ont pris ces arrêtés vont en bénéficier », s’est réjouie Florence Presson, adjointe au maire de Sceaux également en charge du Collectif des maires face aux pesticides.

Au-delà de ces deux communes urbaines, « on fait un pas énorme aussi pour les collectivités rurales », a-t-elle estimé.

« Outre qu’elle valide la pertinence de la démarche de la ville, cette ordonnance pose clairement la question des compétences respectives du maire et de l’État », a déclaré dans un communiqué le maire de Sceaux, Philippe Laurent.

Une centaine d’arrêtés

Cette décision intervient quelques jours après l’annulation, le 25 octobre, de l’arrêté du maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), premier jugement au fond rendu au niveau national.

Cet arrêté, pris le 18 mai, a lancé un vaste débat sur l’usage des pesticides près des habitations, allant jusqu’à provoquer parfois des tensions entre riverains et agriculteurs. Plus d’une centaine de communes ont pris des arrêtés similaires, dont Paris, Nantes et Lille.

Le tribunal administratif de Rennes avait rappelé que le « ministre de l’Agriculture est chargé de la police administrative des produits phytopharmaceutiques » et que « le maire d’une commune ne peut en aucun cas s’immiscer dans l’exercice de cette police spéciale par l’édiction d’une réglementation locale ».

Vendredi, le maire de Langouët Daniel Cueff, a qualifié de « formidable » les décisions prises à Cergy-Pontoise. « La présidente du tribunal administratif de Cergy avait accepté d’entendre un médecin. A Rennes non », a-t-il souligné.

Des dizaines de procédures de ce type sont en cours à travers la France. Récemment, c’est par exemple l’arrêté du maire du village de Saoû, contesté par le préfet de la Drôme, qui a été suspendu par le tribunal administratif de Grenoble.

Le Conseil d’État a en partie annulé le 26 juin un arrêté interministériel réglementant l’utilisation des pesticides, jugeant qu’il ne protégeait pas suffisamment la santé des riverains ni l’environnement.

Le gouvernement, qui a proposé un nouveau projet d’arrêté jugé minimaliste par les écologistes, a promis de tenir compte des résultats d’une consultation publique menée en septembre, avant de publier les textes définitifs pour une entrée en application au 1er janvier 2020.

© AFP

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    • Yannick

    FELICITATIONS et GRAND MERCI au tribunal de Cergy-Pontoise d’avoir ouvert les yeux et compris l’extrême dangerosité des épandages d’herbicides, pesticides fongicides , insecticides et autres horreurs par les agriculteurs dans les champs de cultures !

    C’est UNE PREMIERE, qui fera cas de jurisprudence dans toutes les autres demandes en ce sens, par les nombreux maires des communes françaises qui ne manqueront pas de demander la suppression d’épandages hautement toxiques (MERCI à vous tous, Messieurs et Mesdames les Maires-Courage de France et d’ailleurs).

    Les cultures BIOLOGIQUES, en AGRO-DYNAMIE, en AGRO-FORESTERIE existent déjà bel et bien et ont depuis longtemps prouvé leur bien-fondé, leur perspicacité, l’urgence de leur généralité en France – et bien sûr, dans tous les autres pays -.

    Tous ces types de cultures saines, non empoisonnées, sont parfaitement RENTABLES d’un point de vue économique, et principalement en circuits courts et locaux, près de chez soi.

    C’est du vécu par de multiples exploitants qui vous en diront des nouvelles !

    Notre famille, comme beaucoup d’autres, refuse de s’empoisonner en achetant des aliments issus de la « culture conventionnelle », si tant est que l’on puisse encore les appeler de la nourriture, tellement ils sont dénués de nutriments …

    Ce qu’on appelle l’agriculture conventionnelle est un vaste réseau mis en place par l’Etat, qui accepte des pots de vin à chaque changement de président de la part des multinationales qui fabriquent et commercialisent des produits d’épandage, lesquels sont hautement toxiques pour la SANTE, et cela dans les champs de nos campagnes !

    Ah, oui, dites-moi donc où elle est passée la « DOUCE FRANCE, CHER PAYS DE MON ENFANCE » que chantait Charles Trénet et dont me parle encore mes parents âgés de 85 ans ?

    Où est donc passé ce si précieux HUMUS qui recouvrait toutes les terres, lequel est riche en micro-nutriments, potassium, phosphore et bactéries GENERATRICES de VIE ?

    La demande des Français est particulièrement forte en matière de cultures NON-TRAITEES par des produits bien mal nommés « produits phytosanitaires », parce que « sanitaires », ils ne le sont pas du tout, rendant la population, bien au contraire, de plus en plus MALADE !

    Les gens ne sont pas idiots !

    Il est on ne peut plus clair que l’agro-business est un scandale d’empoisonnement de la population
    à des fins de – TRÈS TRÈS TRÈS – grosse rentabilité financière des agro-industries.

    Il est grand temps DE RENVERSER LA VAPEUR et de mettre en place des cultures saines !

    Et comme le disait si bien Pierre Desproges :  » LE CERVEAU, C’EST COMME UN PARACHUTE, IL FAUT QU’IL SOIT OUVERT POUR QU’IL FONCTIONNE. «