Europacity: Macron dit « stop » au mégacomplexe controversé

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Une vue artistique du projet Europacity, diffusée le 27 septembre 2017. Le projet est porté par la société Alliages et Territoires © Alliages et Territoires/AFP Handout

« Daté et dépassé »: Emmanuel Macron a décidé jeudi d’enterrer Europacity, un mégacomplexe de commerces et de loisirs qui devait être implanté d’ici à 2027 dans le Val-d’Oise au nord de Paris, et qui hérissait les défenseurs de l’environnement comme les petits commerçants.

« Le président de la République a décidé de ne pas poursuivre le projet Europacity », a indiqué l’Elysée à l’AFP, estimant qu’il « ne correspond plus aux aspirations de nos concitoyens ».

L’annonce intervient au moment où se tient jeudi après-midi un troisième Conseil de défense écologique. Lors du premier conseil de ce type en mai, l’exécutif avait annoncé l’abandon du projet minier Montagne d’or en Guyane.

« C’est une grande satisfaction », a réagi auprès de l’AFP Bernard Loup, le président du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), opposant historique au projet.

« Depuis l’été, nous avons senti que ce soutien a tiédi à mesure qu’est monté le débat sur l’artificialisation des terres », s’inquiétait de son côté fin octobre dans Les Echos Vianney Mulliez, le président de la filiale immobilière d’Auchan, Ceetrus, qui porte Europacity à parts égales avec le groupe chinois Wanda.

Le mégacomplexe pesant 3,1 milliards d’euros devait s’établir sur ce que le CPTG qualifiait de « terres les plus fertiles d’Ile-de-France », le triangle de Gonesse, coincé entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et du Bourget. Fait rare, les syndicats agricoles s’étaient également unanimement déclarés opposés au projet.

Dans un contexte plus global de mobilisations autour des questions d’environnement, les promoteurs avaient verdi leur copie début octobre, promettant « zéro carbone dès 2027 », 4.000 arbres plantés et 80 hectares d’espaces naturels recréés en compensation. Ils prévoyaient également de réduire les surfaces commerciales, alors que les commerçants des environs s’inquiétaient de devoir affronter la concurrence de centaines de boutiques.

« Projet alternatif »

Ces modifications n’auront donc pas convaincu. Emmanuel Macron souhaite faire émerger un « projet alternatif » qui pourrait être implanté sur une zone géographique plus étendue et qui devra être « plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d’objets ».

Il a confié « la mission à Francis Rol-Tanguy, ancien directeur de l’Atelier parisien d’urbanisme, de travailler avec les élus à l’élaboration d’un nouveau projet », précise encore l’Elysée.

Les élus locaux étaient très largement favorables à ce projet « essentiel » pour le département, qui « a toujours été le parent pauvre » de l’Île-de-France, disaient-ils début octobre. « Le gouvernement sacrifie notre territoire au nom d’une vision uniquement symbolique de l’écologie », a tempêté jeudi par communiqué le maire PS de Gonnesse, Jean-Pierre Blazy.

« La déception est immense, on sent un mépris du gouvernement par rapport à la banlieue », a aussi réagi auprès de l’AFP Kamel Slimani, membre du « Collectif des vrais gens », qui défendait ardemment le projet. « On n’a rien, pas de transports, pas de métro, on est abandonnés ».

« Face aux conséquences sociales de l’abandon de ce projet », la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse « en appelle solennellement au gouvernement pour définir, en partenariat avec la région et le département, un plan d’urgence pour le Val d’Oise », a-t-elle réagi dans un communiqué, réclamant « la sanctuarisation de la ligne 17 du Grand Paris ».

Car l’abandon d’Europacity pose la question de l’avenir de la gare de métro du Grand Paris qui devait desservir la zone, « Triangle de Gonesse », et plus largement de cette ligne 17 du métro qui doit relier d’ici 2027 Saint-Denis Pleyel à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle. La Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) estime qu’elle perdrait de son intérêt sans mégacomplexe.

« Il n’y a pas de changement au niveau des projets de transports », assure-t-on à l’Elysée en évoquant notamment la ligne 17.

« On continuera à se mobiliser pour l’abandon de la gare et de l’idée d’urbaniser le Triangle de Gonesse », indique de son côté Bernard Loup, de la CPTG. Les opposants à Europacity défendent un projet visant à faire de ces terres la « ceinture alimentaire » qui irriguera le futur Grand Paris en circuits courts.

« On parle de terres archi-polluées, entre des autoroutes et des aéroports », rétorque Ali Soumaré, conseiller régional PS de Villiers-le-Bel, amer face à « une belle hypocrisie ».

En revanche pour Kamel Lakal, porte-parole du collectif Europasdutout, qui représente 220 commerces et 70 adhérents des différents centre-villes, le projet alternatif, « tant que ce n’est pas un centre commercial, ce sera très bien », glisse-t-il à l’AFP.

© AFP

7 commentaires

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  • Il a raison

    Ceci étant donné que l’on ne pourra tout de même pas recouvrir Paris d’un gigantesque panneau voltaique

    Il faudra bien utiliser les surfaces encore disponible à l’extérieur de Paris pour assurer localement notre besoin en nourriture et en électricité.

    voir à ce sujet un article extrait de mon fichier sur la réunion prévue à l’IESF sur la potentialité des énergies renouvelables autant électrique que thermique en région parisienne

    1 ENERGIE SOLAIRE
    On a vu qu’à raison d’une densité urbaine de 20 000 habitants au km² chaque parisien ne dispose que de 50 m² au sol. Sur la base de 100 kWh électrique disponible annuellement par m² avec le voltaique chaque parisien ne peut disposer annuellement « que de »  5000 kWh électrique.
    Ce qui correspond vu que un an c’est 8760 h à une puissance moyenne de 5000/8760 = 0,57kW *

    2 ÉNERGIE ÉLECTROMAGNÉTIQUE
    Débit moyen de la Seine à Paris
    300 m3/s ou 300 x 3600 =
    1 080 000 m3/h soit pour un abaissement de température de 5°C une puissance disponible de
    1 080 000 x 5 x 1,16 = 6,26 millions de kW soit compte tenu de la population de la région IDF voisine de 12 millions d’habitants en 2019 une puissance thermique disponible journellement par parisien voisine de 0,5 kW
     
    3 ÉNERGIE GÉOTHERMIQUE
    sur la base d’un doublet de 250 m3/h et d’un ∆T de 40°C comparable à celui de Villejuif (70 à 30°C) c’est une puissance constante de 250 x 40 x 1,16 = 11 600 kW qui est disponible pour 40 000 parisiens (2 km² de surface doublet à raison de 20 000 parisiens au km²). Cela correspond à une puissance par parisien de 11 600 / 40 000 = 0,29 kW
    Il est raisonnable d’espérer une sensible amélioration à 0,5 kW du chiffre ci-dessus en perçant plus profond ou en augmentant le débit du doublet géothermique. Ce point devant toutefois être confirmé par le BRGM

    Dans ce cas c’est une puissance thermique de 1 kilowatt qui est disponible en valeur moyenne pour chaque parisien soit annuellement 8760 kWh. Ceci étant donné que les énergies électromagnétiques et géothermiques s’additionnent avec un circuit comme celui envisagé par le CSLT. voir

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/source-energie/Complementarite%20des%20reseaux%20ENP.pdf

    On constate qu’avec un COP de 5 relativement facile à obtenir avec un chauffage thermodynamique échangeant sur l’eau, le besoin en puissance électrique moyenne de 0,2 kW est largement satisfait par les possibilités de 0,57kW décrites en 1
    laissant de l’énergie électrique pour l’électroménager et la voiture électrique hybride

    * indépendamment des performances des panneaux voltaique qui augmentent régulièrement il lui faudra probablement adjoindre des centrales voltaïques sur le Triangle de Gonesse et en Beauce pour des raisons pratiques

    • Michel CERF

    MERCI Mr le Président !

      • sophie

      YES!
      Mr Macron n’ est pas écolo dans l’ âme mais il a beaucoup d’ intelligence et suffisamment de conscience pour savoir évoluer .
      Espérons un projet alternatif digne du monde que nous avons le devoir de construire

    • Meryl Pinque

    Enfin quelque chose à mettre à son crédit.

    • Hernan

    Avec grand plaisir je vous rejoins tous. Une très bonne nouvelle.

    Espérons qu’un jour pas trop lointain ils se rendront compte aussi que LE GRAND PARIS est aussi à développer TOUT EN ARRÊTANT DE LE FAIRE GRANDIR !

    Pauvre Paris et Île de France, elle étouffe (¨*) et avec elle ces habitants (dont ma famille et moi !), et on continue à construire et à tasser les gens sans jamais se rendre compte qu’il faut faire exactement le contraire: réhabiliter les campagnes, créer des communautés mieux autonomes, dans les milliers de régions merveilleuses dont la France dispose.

    Les Urbanistes…. où sont les urbanistes…. comment se fait’il qu’aucun groupe de politiciens / dirigeants ne se rende compte qu’il faut arrêter de faire grandir les très grandes villes?

    Quelqu’un sait me répondre?

    Hernan

    (*): vous avez tous vu comment les villes sont de plus en plus inhumaines au fur et a mesure qu’elles sont de plus en plus grandes….

      • Michel CERF

      à Mr. Hernan : je suis totalement de votre avis , hélas les choses ne vont pas en s’améliorant .

    • Francis

    Le seul projet alternatif acceptable est de laisser le triangle de Gonesse à sa vocation alimentaire en agriculture biologique.