Comprendre la biodiversité : La nouvelle arche de Noé

S’il fallait demain sauver quelques espèces dans une sorte de nouvelle arche de Noé, lesquelles faudrait-il y mettre ? Et surtout, si on manquait de place pour placer tout le monde –ce qui est raisonnable si on accepte l’hypothèse d’une telle arche quand on sait qu’il existe environ une dizaine de millions d’espèces sur Terre aujourd’hui– qui faudrait-il laisser sur le quai et condamner à disparaître ?

La question n’est pas seulement biblique, elle n’est pas non plus seulement destinée à alimenter les romans de science-fiction, dans lesquels on recréerait la vie sur des planètes entières à partir de l’ADN de quelques espèces. La question est pratique, car les écologistes de tous bords n’ont que des ressources limitées. Ils doivent concentrer leurs efforts sur certaines causes plutôt que d’autres.

Vaudrait-il mieux protéger les animaux les moins spécialisés, ceux qui auront demain plus de facilités à s’adapter à un environnement varié et changeant ? Ceux dont le patrimoine génétique est le plus riche ? Telle ou telle espèce emblématique (comme l’ours blanc), qui attirera l’attention sur son destin et donc sur celui des la biodiversité en général ? Ou encore telle espèce cruciale d’un écosystème, puisqu’en la protégeant, on sauvegardera également son milieu et donc toutes les autres espèces qui en font partie ?

Dans le fond, comment trancher entre le tigre et l’ours, entre la baleine et le scarabée ? Autant demander à une mère de décider lequel de ses enfants sauver d’un incendie. Et puis, une espèce ne peut pas survivre en dehors de son milieu : il ne sert donc à rien de la protéger toute seule. Les écologistes préfèrent donc en général protéger les écosystèmes dans leur ensemble, renforcer leur capacité de résistance.

Et puis certains se fichent de cette rationalité hésitante pour laisser libre cour à l’affection qu’ils portent pour les guépards, les tortues ou telle autre espèce. Ce n’est pas forcément plus mal. Car c’est aussi cela la nature : une inspiration et une source d’émotion et d’amour.

Martinière.

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