Trop d’eau gaspillée

Pour la plupart des habitants des pays industrialisés, disposer d’eau à volonté par simple ouverture d’un robinet est une évidence. Mais cette évidence a généré des comportements de plus en plus irresponsables, dont il n’y a pas meilleure illustration que le développement rapide de villes hypertrophiées en plein cœur de régions arides.

Las Vegas, par exemple, gagne plus de 50 000 habitants par an, en dépit d’une pluviométrie très faible, de l’ordre de 100 mm par an. Une situation d’autant plus problématique que les Américains sont d’insatiables consommateurs d’eau, avec 17 000 m3 au compteur par personne et par an – 30 fois plus, par exemple, que les habitants de Tanzanie. Et puis, dans les villes touristiques, il faut aussi alimenter les visiteurs, (40 millions par an pour Las Vegas), visiteurs que l’on s’efforce d’attirer en multipliant les infrastructures telles que piscines, jardins et golfs. Or, un golf haut de gamme consomme 5 000 m3 d’eau par jour en arrosage.

Du coup, ces mégapoles assoiffées sont généralement à l’origine de grands transferts d’eau, supposant des aménagements coûteux (barrages, canaux, stations de pompage…), souvent réalisés aux frais du contribuable, et à l’impact environnemental lourd. Désormais, le fleuve Colorado –qui alimente tout le sud-ouest américain- n’arrive pratiquement plus à la mer, ce qui a gravement détérioré les écosystèmes du fleuve et de son delta. Pour les villes littorales, la construction d’usines de dessalement de l’eau de mer peut apparaître comme une alternative, mais ces usines nécessitent d’importantes quantités d’énergie.

Une partie de la solution consiste à réduire la consommation : adapter l’agriculture à l’aridité, remplacer les pelouses par des « jardins désertiques » ne nécessitant pas d’arrosage, multiplier à l’intérieur des maisons les dispositifs d’économie d’eau. L’arme tarifaire a prouvé son efficacité : des prix de l’eau croissant plus vite que le volume prélevé, par exemple, incitent efficacement à la sobriété… c’est-à-dire, tout simplement, à la responsabilité.

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