Relocaliser l’économie

Chaque année, ce sont plus de 7 milliards de tonnes de marchandises qui sont exportées ou importées autour de la planète. Ces échanges internationaux sont rendus possibles par des transports bon marché et des inégalités sociales fortes. A tel point qu’il est souvent moins cher d’importer un objet de l’autre bout de la planète que de le fabriquer à proximité.

Toutefois, ces deux paramètres pourraient changer. D’une part, le coût de la main d’œuvre pourrait augmenter avec l’apparition d’une classe moyenne dans les pays émergents. En Chine, par exemple, les salaires en zone urbaine progressent de plus de 10 % par an et ont atteint en moyenne 3 500 dollars annuels, officiellement, en 2007. Dans un phénomène bien connu, les usines se déplacent vers des zones plus pauvres. Ainsi la Chine délocalise maintenant vers le Bangladesh.

D’autre part, le renchérissement inévitable du pétrole va influer sur le prix des produits importés, même si le carburant ne compte parfois que pour quelques pourcents du prix final. Surtout, le commerce international n’est possible que parce que les prix ne prennent pas en compte les coûts écologiques, ce que l’on appelle les externalités. Les routes fragmentent les écosystèmes, les bateaux, les avions, les camions émettent des gaz à effet de serre ou des produits toxiques, l’extraction de minerais ou d’énergie pollue… De nombreux économistes cherchent à intégrer les paramètres écologiques dans les prix, mais s’il existe des solutions, aucune n’a été mise en œuvre de peur de bouleverser le système économique.

Dernier point, délocaliser, c’est aussi faire porter aux pays-ateliers les coûts écologiques de la production. Ainsi, si la Chine est devenue en 2008 le premier émetteur de gaz à effet de serre, c’est parce qu’un tiers de ses émissions est lié aux produits industriels qu’elle exporte, notamment vers les Etats-Unis et l’Europe. Et la question devient : qui est responsable du fournisseur ou de ses clients ? Il faudra bien y répondre. Les modifications climatiques liées au réchauffement sont des phénomènes globaux, qui ont des répercussions quel que soit le lieu de consommation d’énergie et d’émission des gaz à effet de serre.

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