A la COP27, l’UE s’engage à plus, les pays pauvres fustigent l’inaction

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Le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans le 15 novembre 2022 lors de la COP27 © AFP AHMAD GHARABLI

Charm el-Cheikh (Egypte) (AFP) – L’UE s’est dite prête mardi à rehausser ses engagements pour le climat lors de la COP27 où les pays en développement ont encore fustigé le manque d’ambition des pays riches et la faiblesse de leur soutien aux plus vulnérables aux impacts du réchauffement.

« Ne laissez personne vous dire, ici ou ailleurs, que l’UE fait machine arrière. Ne les laissez pas vous dire que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est en train de tuer le Pacte vert européen et que nous sommes dans une ruée vers le gaz », a déclaré le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans à la tribune.

Il a ainsi annoncé que, grâce à l’adoption de plusieurs législations dans les dernières semaines, « l’UE est prête à mettre à jour ses engagements ». Pour réduire les émissions d’au moins 57% d’ici 2030 par rapport à 1990, contre au moins 55% actuellement.

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Mais il est peu probable que cette annonce apaise la colère des pays en développement, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts dévastateurs qui s’amplifient.

« Absence de leadership »

« L’absence de leadership et d’ambition en matière d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre est inquiétante », a lancé le ministre sénégalais de l’Environnement Alioune Ndoye, au nom du groupe des Pays les Moins Avancés, dénonçant trois décennies « émaillées de déception ».

« Notre génération doit avoir le courage et la sagesse d’endosser la responsabilité de changer le cours de l’Histoire pour transmettre aux générations futures une planète vivable », a-t-il ajouté.

« Lors de combien de COP avons nous réclamé des actions climatiques urgentes ? Combien de plus seront nécessaires ? Combien de vies devrons nous sacrifier », a ajouté le ministre du changement climatique du Belize, Orlando Habet, réclamant des actes du G20 et des « autres gros pollueurs ».

Nombre de participants à la COP27 à Charm el-Cheikh attendent d’ailleurs de voir la façon dont les dirigeants du G20 réunis à Bali mardi et mercredi prendront en compte la crise climatique et leur ambition à agir, espérant une bonne nouvelle qui donnerait une coup de pouce aux négociations en Egypte.

Négociations difficiles. Le président de cette 27e conférence de l’ONU sur le climat Sameh Choukri l’a bien souligné lundi, « il reste encore beaucoup de travail si nous voulons obtenir des résultats significatifs et tangibles dont nous pourrons être fiers ».

Espérant finir cette COP à l’heure vendredi – alors que ces conférences débordent souvent très largement -, le ministre égyptien des Affaires étrangères a donné jusqu’à mardi soir aux négociateurs pour finir le travail technique, avant que les ministres ne prennent le relais.

Mais la première ébauche de déclaration finale publiée dans la nuit de lundi à mardi n’est qu’une liste à puces, avec toutefois la réaffirmation en quelques mots de certains principes disputés comme « l’urgence d’agir pour que l’objectif de +1,5°C reste du domaine du possible ».

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L’accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement nettement en dessous de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. Alors que chaque dixième de degré entraîne une multiplication des catastrophes climatiques, les signataires de l’accord s’étaient engagés l’an dernier à la COP26 à « maintenir en vie » l’objectif le plus ambitieux.

 « Sans éclat »

Mais selon des observateurs, l’Arabie saoudite et la Chine ont fait savoir leur réticence, déjà exprimée par le passé, à voir à nouveau cette référence dans le texte final, alors que le monde se dirige vers un réchauffement catastrophique de +2,8°C.

« Poursuivre sur le même chemin expose l’humanité à de graves conséquences », a mis en garde mardi à la tribune la Première ministre des Samoa Fiame Naomi Mataafa, dénonçant les ambitions « sans éclat » des principaux émetteurs.

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Autre point crucial au coeur des négociations, la revendication des pays en développement de la création d’un mécanisme dédié pour financer les « pertes et dommages » déjà subis en raison des impacts du réchauffement.

L’ébauche du texte ne mentionne que le « besoin de dispositions financières pour répondre aux pertes et dommages », une formulation utilisée depuis le début de la conférence le 6 novembre par les Européens et les Américains, réticents à la mise en place d’une nouvelle structure spécifique.

Mais les pays du Sud n’abandonnent pas le combat. « Ici à Charm el-Cheikh nous devons établir un fonds pour adresser les pertes et dommages dus au changement climatique », a insisté mardi Alioune Ndoye.

© AFP

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