À la COP27, la Colombie et le Venezuela appellent à sauver l’Amazonie

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Incendie dans l'Etat de Para, en Amazonie brésilienne, le 15 août 2020 © AFP/Archives CARL DE SOUZA

Charm el-Cheikh (Egypte) (AFP) – Les présidents colombien et vénézuélien, Gustavo Petro et Nicolas Maduro, ont lancé mardi à la tribune de la COP27 un appel à la création d’une vaste alliance pour protéger l’Amazonie, la plus grande forêt tropicale de la planète, menacée par la déforestation.

« Nous sommes décidés à revitaliser la forêt amazonienne » afin « d’offrir à l’humanité une victoire importante dans la lutte contre le changement climatique », a affirmé Gustavo Petro lors de la conférence de l’ONU pour le climat à Charm el-Cheikh, en Egypte, aux côtés de Nicolas Maduro et du président du Suriname, Chan Santokhi.

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« Si nous, les Sud-américains, portons une responsabilité, c’est celle d’arrêter la destruction de l’Amazonie et de mettre en place un processus de récupération coordonnée », a lancé Nicolas Maduro.

Très attendu par les trois chefs d’Etat d’Amérique latine, le président élu brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, doit se rendre la semaine prochaine à la COP27.

La participation du Brésil à une telle alliance, qui relève pour l’heure d’une déclaration d’intentions, serait « absolument stratégique », a souligné Gustavo Petro.

Lula, qui aura l’occasion de donner une nouvelle image du Brésil à la COP27, sera confronté dès sa prise de fonctions à l’immense défi de freiner la déforestation en Amazonie, qui a fortement augmenté sous le mandat de son prédécesseur, Jair Bolsonaro.

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Gustavo Petro, à l’origine de cette initiative, a appelé à y associer les Etats-Unis, « le pays qui pollue le plus » sur le continent américain, tandis qu’au sud se trouve « l’éponge qui absorbe le plus de CO2 du continent ».

Il a plaidé pour « l’ouverture d’un fonds » qui serait alimenté par « la contribution d’entreprises privées et des Etats du monde ».

M. Petro avait annoncé la veille que son pays comptait consacrer 200 millions de dollars par an pendant 20 ans pour la sauvegarde de l’Amazonie.

Il a lancé un appel à la solidarité des organisations internationales, au moment où la COP a mis à son agenda officiel la question du financement des dommages déjà causés par le réchauffement.

« Un des sujets qui pourrait faire consensus entre nous, l’Afrique et une partie de l’Asie est celui d’un échange de dettes contre l’action climatique », dans lequel le Fonds monétaire international (FMI) « a un rôle à jouer » avec les pays développés, a-t-il ajouté.

 « Réserves enterrées »

Le « message politique (est) très important » mais la question « est de savoir comment vont se matérialiser ces intentions », a réagi un représentant indigène de Colombie, Harol Rincon Ipuchima, co-président du groupe indigène de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique. Il a reproché au président Petro de ne pas avoir encore parlé avec eux, « les maîtres du territoire ».

Selon l’organisation Amazon Conservation, qui surveille la déforestation dans la région, environ 13% de la biomasse originelle de la forêt amazonienne a déjà disparu.

Le bassin amazonien, qui s’étend sur 7,4 millions de kilomètres carrés, couvre près de 40% de l’Amérique du Sud et s’étend sur neuf pays, avec une population estimée à 34 millions d’habitants, indigènes pour la plupart.

M. Petro, premier président de gauche de la Colombie, a pris ses fonctions le 7 août avec un projet environnemental ambitieux visant à convertir son pays aux énergies propres et à stopper l’exploration de nouveaux puits de pétrole, entre autres mesures.

Il a cependant reconnu que la présence de réserves d’hydrocarbures dans le sous-sol de la région amazonienne, à commencer par le Venezuela, pouvait contrarier ce plan de sauvegarde, mais s’est dit déterminé à parvenir à terme à l’abandon des énergies fossiles.

La ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, a prôné une « diversification » de l’économie des pays possédant de telles ressources, les exhortant à « laisser les réserves enterrées ».

Le représentant indigène a rappelé que « des territoires entiers des peuples indigènes d’Amazonie ont été détruits ». « Pas seulement au Venezuela, la Colombie aussi a beaucoup d’entreprises pétrolières sur ces territoires. De même que le Pérou, la Bolivie et l’Equateur », a ajouté Harol Rincon Ipuchima.

Le président Petro a souhaité organiser une réunion avec les autres pays de la région au début de 2023 pour discuter de son projet.

© AFP

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Un commentaire

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    • denise

    On a longtemps cru que la végétation s’adaptait au climat, il faut maintenant comprendre que c’est l’inverse : une nature sèche c’est une nature MORTE qui chauffe et qui brule … quand c’est bien VERT c’est bien VIVANT c’est 20°c de moins et ça ne brule JAMAIS : http://pasdeclimatsanseau.a.p.f.unblog.fr/files/2021/03/tcs111_echos1.pdf