Climat: des engagements « très loin » d’être suffisants avant la COP, avertit l’ONU

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Un lac asséché à Nankin, dans l'est de la Chine, le 21 août 2022 © AFP/Archives STR

Paris (AFP) – Nouvel avertissement à moins de deux semaines de la COP27: les engagements des pays signataires de l’accord de Paris sont encore « très loin » de ce qu’il faudrait pour espérer tenir les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.

Loin de limiter la hausse des températures à 1,5°C ou 2°C, les deux chiffres phares du traité, les plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 193 parties signataires « pourraient mettre le monde sur la voie d’un réchauffement de 2,5°C d’ici la fin du siècle », avertit l’agence onusienne chargée du climat dans sa dernière synthèse des engagements reçus.

Et ce alors même qu’avec près de 1,2°C de réchauffement, le monde est déjà confronté aux impacts dévastateurs du changement climatique, comme l’a illustré le cortège catastrophique d’inondations, canicules, sécheresses ou méga-feux qui a marqué l’année 2022.

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Impacts d’un réchauffement climatique de 1,5°C et 3°C
© AFP Julia Han JANICKI

Lors de la dernière conférence mondiale sur le climat, la COP26 tenue il y a un an à Glasgow, les pays avaient pourtant été appelés à rehausser chaque année leurs « contributions déterminées au niveau national » (NDC), au lieu de tous les cinq ans comme le prévoyait l’accord signé en 2015.

Mais au 23 septembre, date limite pour qu’elles soient prises en compte avant la nouvelle conférence qui se tiendra du 6 au 18 novembre dans la ville égyptienne de Charm el-Cheikh, seuls 24 pays avaient soumis une NDC nouvelle ou renforcée. Un chiffre « décevant » a reconnu le patron de l’ONU Climat, Simon Stiell.

« Nous sommes très loin du niveau et de la rapidité de réduction d’émissions nécessaires pour nous mettre sur la voie d’un monde à +1,5°C », a-t-il souligné dans un commentaire écrit sur cette synthèse. « Pour maintenir cet objectif (de 1,5°C) en vie, les gouvernements doivent renforcer leurs plans maintenant et les mettre en œuvre dans les huit prochaines années », a-t-il insisté.

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L’objectif de « 1,5 degré est en réanimation » a de son côté commenté le patron de l’ONU, Antonio Guterres pour qui « nous allons vers des développements catastrophiques ». « Je dirai que nous avons deux ou trois ans pour changer de trajectoire », a-t-il dit sur la BBC.

Car selon les experts de l’ONU, les émissions mondiales doivent baisser de 45% d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2010, pour tenir cet objectif, fixé par rapport aux températures moyennes de l’ère-préindustrielle, quand l’humanité a commencé à utiliser massivement des énergies fossiles, produisant des gaz à effet de serre qui causent le réchauffement.

Très loin de la nouvelle synthèse des NDC, selon laquelle les engagements actuels mèneraient au contraire à une augmentation de 10,6% des émissions sur cette même période. Lueur d’espoir, bien tardive, ils permettraient une baisse des émissions après 2030, ce qui n’était pas le cas l’an dernier.

Peu de temps pour assurer un « avenir vivable » –

Mais pour l’heure, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a de son côté annoncé mercredi que la concentration de méthane, un puissant gaz à effet de serre, a fait un bond sans précédent dans l’atmosphère en 2021 pour atteindre un niveau record. Le CO2 et le protoxyde d’azote continuant également à battre des records.

Dans une étude séparée sur les stratégies à long terme vers la « neutralité carbone » publiée mercredi, l’ONU Climat calcule que les émissions des pays ayant adopté de tels plans pourraient baisser d’environ 68%, s’ils sont effectivement mis en oeuvre. Mais prévient aussitôt que « beaucoup » de ces plans sont « incertains » et sans application concrète.

Les engagements climat internationaux insuffisants
© AFP

Le dernier rapport des experts climatiques de l’ONU (Giec), publié en 2021/22, a souligné le peu de temps restant pour assurer un « avenir vivable » à l’humanité. Mais les scientifiques rappellent que chaque fraction de degré de réchauffement évité compte et qu’il faut donc agir.

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« Le rapport (sur les NDC) et celui du Giec sont d’utiles rappels », a abondé mercredi dans un communiqué le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, qui présidera la COP27. « Il est indispensable de relever les ambitions et de les mettre urgemment en oeuvre (…) pour nous protéger d’impacts climatiques sévères et de pertes et dommages dévastateurs », a-t-il souligné.

© AFP

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4 commentaires

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    • DENISE Laurent

    Dans les rapports du GIEC il est clairement écrit qu’il n’y aura pas moins d’eau mais une dégradation dans la répartition annuelle des pluies (inondations et sécheresses) ! Inondation c’est quand l’eau repart trop vite vers la mer, sécheresse c’est quand elle est repartie trop vite…
    Après une sécheresse historique il faut mathématiquement se préparer à des inondations historiques !

    Une pluie, même forte, n’est pas un raz de marée mais elle ne devient automatiquement si on ne retient pas l’eau : Retenir en AMONT pour ne pas inonder en AVAL ! Actuellement les rivières françaises rejettent entre 50 et 70% des précipitations (La Sèvre Niortaise est à 75%) alors qu’il ne faudrait jamais dépasser les 30% … ce qui provoque un assèchement mathématique des bassins hydrologiques. Donc contrairement aux idées reçues ce sont les excès d’eau qu’il faut gérer intelligemment pour ne pas inonder l’hiver et ne pas en manquer l’été ! La destruction méthodique de tous les systèmes de retenues (comme la digue de l’étang de La Couarde) contribue à amplifier fortement les sécheresses !

    Si on avait DEUX fois plus de précipitations on aurait DEUX fois plus d’inondations mais toujours pas assez d’eau l’été. Tous les ans les indemnités sécheresses et inondations coutent des milliards aux contribuables sans parler des vies humaines et de la destruction de la biodiversité.

    Les retenues collinaires à l’amont des bassins versants, comme le lac de Caussade, sont les outils les plus efficaces, les plus écologiques (ce sont par définition des zones humides) et les moins coûteux que nous ayons à notre disposition au vu de l’urgence climatique.
    En effet, ces retenues permettent de retenir l’eau sur le territoire, d’éviter les inondations en aval des bassins versants, d’alimenter les nappes phréatiques (infiltrations ), d’irriguer l’été (sans pomper dans les nappes = économie d’énergie), de préserver les sols et leur végétation de l’assèchement, de garantir notre sécurité alimentaire et d’alimenter la biodiversité locale (faune et flore).

    c’est l’urgence climatique qui nous impose de enfin recycler l’eau et réguler le débit des rivières pour ne plus inonder.

    • Jean-Pierre Bardinet

    Il y a eu 26 COP, mais toutes, y compris la COP21, ont été un bide lamentable. La raison en est simple : les PED ont besoin des combustibles fossiles pour sortir leurs peuples de la misère et assurer leur développement, comme nous l’avons fait en Europe sous l’impulsion de nos Pères Fondateurs, qui étaient lucides, et ils continueront, comme ils l’ont annoncé. Donc le mieux est d’arrêter ces réunions qui ne servent à rien, sauf à gaspiller les sous des contribuables.

    • Jean-Pierre Bardinet

    ) Voici l’évolution des taux de CH4 atmosphérique : 1 748 ppb (parties par milliards) en 1998, 1 774 ppb, de 1999 à 2006 puis 1 860 ppb en 2018 soit 1,86 ppm. Le pouvoir réchauffant (selon les canons du GIEC) du méthane est 28 fois supérieur à celui du gaz carbonique selon le GIEC et donc cette augmentation de 112 ppb, soit 6%, correspond à seulement +3,13 ppm (112*28/1000), ce qui est négligeable. En outre, le méthane persiste moins de dix ans dans l’atmosphère. Donc aucune raison de paniquer, d’autant plus que des analyses isotopiques suggèrent que cet accroissement récent du méthane atmosphérique serait principalement d’origine non fossile.

    • Balendard

    Je raisonne comme l’ONU

    http://infoenergie.eu/riv+ener/essentiel.pdf