Climat : un « sursaut » indispensable pour atteindre les objectifs 2030

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Le Haut Conseil pour le climat juge que l'action climatique de la France est toujours "insuffisante", alors que le réchauffement climatique fait sentir ses impacts grandissants © AFP Guillaume SOUVANT

Paris (AFP) – Malgré une tendance à la baisse des émissions, l’action climatique de la France est toujours « insuffisante », juge mercredi le Haut Conseil pour le climat, réclamant un « sursaut » pour éviter le « risque majeur » de ne pas atteindre les objectifs renforcés pour 2030.

Des progrès, mais doit mieux faire: c’est en substance le message du rapport annuel du HCC, autorité indépendante qui, depuis sa création par Emmanuel Macron, souligne chaque année la réponse « insuffisante » de l’Etat face au réchauffement climatique. Ce dernier fait sentir ses impacts grandissants en France avec une multiplication des canicules, sécheresses ou pluies extrêmes.

« Bravo pour ce qui a été fait jusqu’à maintenant. Maintenant il faut vraiment changer de niveau, il faut un sursaut dans l’action climatique », résume pour l’AFP sa présidente, la climatologue Corinne Le Quéré.

[À lire aussi La climatologue Corinne Le Quéré : « ce n’est pas parce qu’on n’a pas tout ce qui est nécessaire dans le Pacte de Glasgow qu’on n’avance pas »]

Un sursaut nécessaire parce que « des risques majeurs de ne pas atteindre les objectifs fixés par la France pour la réduction des gaz à effet de serre persistent », souligne le texte. Et « d’autant plus important » dans le contexte de guerre en Ukraine qu’il « permettrait de réduire la forte dépendance de la France aux importations d’énergies fossiles et d’engrais minéraux ».

La France s’est engagée à réduire ses émissions de 40% d’ici à 2030 par rapport à 1990. Dans cette optique, la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) fixe des plafonds d’émissions mais le premier « budget carbone » 2015-2018 a été dépassé. Et le gouvernement a remonté les plafonds pour 2019-2023, reportant de fait l’effort à accomplir.

Dans ce contexte, sur la période 2019-2021, malgré un « rebond partiel » en 2021 avec la reprise post-Covid, une baisse de 1,7% permet de rester sous le budget carbone prévu, mais « principalement » en raison de la pandémie et du relèvement des plafonds, fait remarquer le HCC.

Le rapport note toutefois des mesures positives, notamment de nouvelles règles de performance énergétique des bâtiments neufs ou le développement d’énergies décarbonées dans l’agriculture. Et pour la première fois en 2021, les émissions de tous les grands secteurs sont en baisse (par rapport à 2019, hors rebond Covid), même si pour l’agriculture et les transports cette diminution récente « reste à confirmer ».

« Une marche haute »

Sur la dernière décennie 2010-2019, les émissions ont diminué de 1,9% par an en moyenne, conduisant à une baisse de 23,1% en 2021 par rapport à 1990.

Une trajectoire de réduction « modeste », et inférieure à la moyenne européenne, note le HCC. Et encore loin de l’objectif de 2030 qui va être renforcé par le nouveau plan climat de l’UE prévoyant une baisse des émissions européennes d’au moins 55%.

Le nouvel objectif de la France devrait ainsi être de -50% d’ici 2030, selon le HCC et le gouvernement.

Alors « il faudrait que la baisse d’émissions soit plus que doublée sur la période qui nous reste jusqu’à 2030 pour atteindre 4,7% de réduction d’émissions par année », insiste Corinne Le Quéré. Soit une diminution de 16 millions de tonnes équivalent CO2 par an en moyenne contre 8 millions par an sur la dernière décennie. La SNBC, qui va être révisée, ne prévoit qu’une baisse de 12 Mt éqCO2 par an (-3,2% par an en moyenne).

« Une marche haute », reconnaît-t-on à Matignon en promettant de nouvelles mesures. « On aura mis sur la table d’ici le mois de septembre l’ensemble des briques nouvelles qui permettront d’atteindre cet l’objectif 2030 et cela fera l’objet de concertations ».

« Plus que jamais, la sobriété apparaît comme le grand défi des années à venir », a réagi l’ONG France Nature Environnement, dénonçant le « tableau sombre » dressé par le HCC.

Au delà des critiques, le Haut Conseil se félicite que la Première ministre soit désormais directement chargée de la planification écologique, et recommande notamment, pour rendre cette planification « opérationnelle », une programmation pluriannuelle des financements climat.

Pour apporter une « visibilité nécessaire aux entreprises, aux ménages, aux acteurs publics qui vont mettre en oeuvre la transition », souligne Benoît Leguet, membre du HCC.

Le rapport plaide également pour une « forte restructuration » de la filière forêt-bois, s’inquiétant d’une dégradation importante des forêts françaises, puits de carbone essentiels pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050.

Leurs capacités de stockage ont chuté entre 2013 et 2019, avant une reprise en 2020, absorbant sur la période 60% de moins qu’anticipé par la SNBC.

© AFP

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2 commentaires

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    • Jean-Pierre Bardinet

    « Une multiplication des canicules, sécheresses ou pluies extrêmes » Encore de la confusion entre météo et climat. Il faut au moins 30 ans pour évaluer les évolutions du climat, et donc des événements ponctuels, de relativement courte durée, sur une surface limitée (1/1000 de la surface planétaire pour notre pays) ne peuvent en aucun cas être imputés à un supposé réchauffement global absolument terrifiant de 0,8°C en 140 ans, d’autant qu’il a cessé depuis 20 ans. https://www.woodfortrees.org/plot/hadcrut4gl/from:2002/
    J’en ai par-dessus le tête de ces mensonges récurrents et absurdes de ces météorologues/climatologues qui ont perdu leur éthique au bénéfice d’une idéologie verte destructrice.

    • Jean-Pierre Bardinet

    Ce HCC est incompétent et irrationnel. Nos émissions françaises de CO2 (qui n’est PAS un polluant, mais gaz de la Vie) ne sont que de 0,9% du total des émissions anthropiques, le taux de CO2 atmosphérique n’est que de 0,04% (415 ppm), et le total des émissions anthropiques mondiales n’est que de 4% (GIEC, rapport scientifique AR5, page 471. Donc, toutes nos dépenses pour réduire nos émissions sont inutiles et destructricee.. Le mieux est donc de ne rien faire. Par ailleurs, voici les bilans carbone selon l’Ademe. Nucléaire : 6 gCO2/kWh. Eolien : 15 gCO2/kWh (plus les émissions des centrales thermiques nécessaires pour gérer l’intermittence, soit au total près de 50 gCO2/kWh). Solaire : 55 gCO2/kWh.
    Toute politique énergétique rationnelle devrait donc privilégier le nucléaire (générations III et IV) et ne plus développer l’éolien et le solaire intermittents, variables, onéreux, aux faibles facteurs de charge (14% pour le solaire et 23% pour l’éolien), à faible densité énergétique. Mais nos gouvernants incompétents font tout le contraire de ce qu’ils devraient faire pour le bien du pays, pour ne pas gaspiller l’argent public, pour avoir un prix faible du kWh, un système de production d’électricité pilotable et fiable, et une grande sécurité d’approvisionnement

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