Delhi inaugure sa tour anti-pollution, une dépense vaine selon des experts

tour anti-pollution Delhi

Un ouvrier monte sur une échelle posée sur une tour anti-pollution le 23 août 2021 à Delhi © AFP Money SHARMA

New Delhi (AFP) – La capitale indienne, New Delhi, dont l’air pollué tue des milliers de personnes chaque année, a inauguré lundi sa première « tour anti-smog », destinée à diffuser de l’air filtré, laissant toutefois nombre d’experts septiques quant à son efficacité.

La tour de 25 mètres, dotée de quarante ventilateurs géants, selon les ingénieurs, pourra purifier 1.000 mètres cubes d’air par seconde dans un rayon d’un kilomètre carré.

« Aujourd’hui est un grand jour pour Delhi dans sa lutte pour l’air pur et contre la pollution », a déclaré le ministre en chef Arvind Kejriwal après l’inauguration.

Il s’agit d’une infrastructure envisagée à titre « expérimental », a ajouté le ministre, « nous analyserons les données et si elle est efficace, d’autres tours seront construites à travers Delhi ».

Elle vise à éliminer environ 50% des particules PM2,5 les plus nocives présentes dans l’air, comme en témoigne l’épais brouillard jaunâtre qui, en hiver, s’empare de la cité de 20 millions d’habitants.

La tour qui a coûté deux millions de dollars se situe aux abords de Connaught Place, le quartier commerçant huppé du centre-ville, avec ses bâtiments de l’époque coloniale britannique, ses boutiques et cafés de luxe.

« C’est vain, du gaspillage absolu », a estimé auprès de l’AFP Karthik Ganesan, directeur du Conseil de l’énergie, de l’environnement et de l’eau, institut de recherche indépendant.

« Maintenant que l’argent des contribuables a été dépensé, laissons Delhi servir de test pour toutes les autres villes indiennes (…) pour nous assurer qu’aucune autre ville n’investisse dans des idées de ce genre dont nous n’avons pas les moyens », a-t-il ajouté.

D’autres experts ont reproché à Delhi son incapacité à s’attaquer aux causes de la pollution comme les gaz d’échappement des véhicules désuets, de l’industrie lourde et artisanale, des activités de construction, et du brûlage des chaumes en hiver dans les régions voisines.

D’après une étude du journal scientifique Lancet, parue en décembre 2020, le nombre de morts attribué, en 2019, à la pollution de l’air s’est élevé à 1,67 million en Inde dont près de 17.500 à Delhi.

Quatorze des 15 villes les plus polluées du monde sont situées en Inde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La Chine a construit en 2018 une telle tour haute de 60 mètres dans la ville très polluée de Xian, mais l’expérience n’a pas été étendue à d’autres villes.

©AFP

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