Éloge des glaciers, ces dragons du froid qui inquiètent et fascinent

Alors que les records de température tombent les uns après les autres, nous sommes plus que jamais préoccupés par le sort des glaciers, ces victimes emblématiques des dérèglements du climat. On s’inquiète d’un changement soudain de couleur de la glace ; on tente de les recouvrir de draps blancs pour limiter les effets du rayonnement ; on invite le président français au chevet de la Mer de Glace… Une inquiétude totalement justifiée : en un demi-siècle, les glaciers du monde entier ont perdu 9000 milliards de tonnes de glace ; cela équivaut à perdre chaque année trois fois le volume de glace contenu dans les Alpes européennes. Pourtant, il fut un temps, pas si lointain, où les glaciers inspiraient plutôt la crainte. Jusqu’à la fin du petit âge glaciaire (∼1300-1860), les habitants des vallées des Alpes se plaignaient régulièrement auprès des autorités civiles des dégâts qu’ils occasionnaient aux cultures et aux habitations. À l’époque, on comparait les glaciers à des dragons accrochés aux falaises, mâchoires ouvertes, serpentant dans les vallées étroites et menaçant de s’abattre sur les villages.