Élu maire de Bordeaux, l’écologiste Hurmic va déclarer « l’état d’urgence climatique »

Pierre Hurmic

L'écologiste Pierre Hurmic dans sa mairie à Bordeaux le 3 juillet 2020 © AFP MEHDI FEDOUACH

Bordeaux (AFP) – « Nous déclarerons l’état d’urgence climatique » : l’écologiste Pierre Hurmic, 65 ans, élu maire de Bordeaux vendredi par le conseil municipal, a donné immédiatement le ton lors de son intronisation, une page historique pour Bordeaux après 73 ans de règne de la droite.

Celui qui attendait depuis 25 ans son heure sur les bancs de l’opposition, a été élu avec 48 voix, les 14 conseillers municipaux issus de la liste de son opposant LR Nicolas Florian ayant voté blanc et les trois du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) de Philippe Poutou ayant choisi l’ancien candidat à la présidentielle.

« Nous déclarerons l’état d’urgence climatique », a dit à deux reprises le nouveau maire, dans une salve d’applaudissements, une fois ceint de son écharpe tricolore.

« Nous prendrons rapidement des mesures allant en ce sens, sachant que nous serons déjà confrontés dans les semaines ou jours qui viennent aux premières journées caniculaires », a-t-il ajouté devant le conseil municipal délocalisé à l’Auditorium, pour cause de mesures sanitaires.

« Nous ferons en sorte que cet impératif écologique irrigue toutes nos politiques », a-t-il poursuivi en rappelant ses engagements pour une économie moins « carbonée » ou la rénovation thermique.

Le maire a plaidé ainsi pour une « écologie incitative », assurant qu’il ne laisserait « jamais personne caricaturer l’écologie que nous avons choisie pour transformer Bordeaux ».

« Non elle n’est pas punitive, seule l’inaction est punitive (…) Notre écologie est pragmatique », a-t-il martelé.

« Vagues vertes et roses »

Devant la presse, il a ensuite cité quelques unes des urgences : installation de fontaines, végétalisation, parcs ouverts jusqu’à minuit dans cette ville très minérale, qui a battu l’été dernier son record de chaleur (41,2 degrés).

L’occasion aussi de tempérer une interview très médiatisée sur l’interdiction « à terme » de la voiture en ville. Des propos « excessifs », avait immédiatement dénoncé l’ancien maire LR Nicolas Florian. « J’ai été un peu victime du buzz médiatique », a regretté Pierre Hurmic auprès de l’AFP. « Mais je l’ai toujours dit, je pense qu’à terme, la place des voitures dans le centre-ville ne sera plus possible ».

Se plaçant dans un « esprit d’ouverture », le maire a renouvelé son offre de confier la commission des finances à un élu de l’opposition. Il a précisé qu’il lancerait prochainement un « audit financier de la ville ».

« Nous n’allons pas renverser la table, nous allons la réparer », a voulu aussi rassurer M. Hurmic à l’adresse du monde économique, plaidant pour une écologie « pragmatique, sociale », et annonçant la tenue « d’assises du pouvoir partagé » pour inclure les Bordelais dans les décisions.

Dans ce « parlement bordelais » chamboulé en quelques heures, dimanche soir, le NPA de Philippe Poutou s’est dit « archi-déterminé » à installer « une ambiance où il y a une résistance réelle ».

« Nous, on a l’habitude de se méfier des vagues vertes et roses », a prévenu au micro l’élu d’opposition, arrivé devant l’Auditorium avec un cortège de manifestants, écharpe rouge en bandoulière à l’effigie de sa liste anticapitaliste « Bordeaux en luttes ».

Deux fois candidat malheureux à la présidentielle, l’ancien ouvrier Ford, licencié à l’automne 2019, s’offre à 53 ans son premier mandat politique. Il siègera avec deux autres élus NPA, dont Antoine Boudinet, devenue une figure locale des « Gilets jaunes » après avoir eu la main arrachée par une grenade lacrymogène explosive, en marge de heurts avec la police en décembre 2018.

« Bordeaux Respire », la liste de Pierre Hurmic allié à la gauche, a remporté 46,48 % des voix au second tour des municipales, contre 44,12 % pour celle de Nicolas Florian et 9,39 % pour celle de Philippe Poutou, dans un contexte de forte abstention.

Visiblement marqué par sa défaite surprise, le maire sortant et successeur d’Alain Juppé, Nicolas Florian, désormais élu d’opposition, a dit regretter qu' »en termes de légitimité, les uns et les autres nous ne puissions pas nous targuer de représenter un petit plus de nos concitoyens ».

Après l’intronisation du maire, se tiendra le 17 juillet une autre échéance cruciale : l’élection du président de la puissante Métropole, qui pourrait basculer à gauche.

© AFP

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5 commentaires

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    • Balendard

    Le nouveau maire de Bordeaux a assurément raison de vouloir verdir la production de chaleur dans sa région. Ceci d’autant que selon le BRGM la région bordelaise est avec le Bassin parisien un des 2 territoires français les plus propices à l’exploitation d’une source d’énergie renouvelable très économique : la géothermie. Vu le potentiel thermique qu’offre en complément de l’eau géothermale profonde l’eau superficielle, l’objectif du nouveau maire de Bordeaux est d’autant plus recevable qu’il est assuré de satisfaire tout le monde. Il suffit pour cela de considérer les chiffres :
    – d’un côté 1 million d’habitants avec les 1000 m3/s confondues de la Garonne et de la Dordogne
    – de l’autre 10 millions d’habitants avec les 300 m3/s de la Seine.

    Il faut faire le bilan mais si ça se trouve, le potentiel thermique de la géothermie profonde pour assurer le chauffage de l’habitat est suffisant pour assurer le besoin en région bordelaise sans qu’il soit nécessaire de faire appel à l’eau superficielle. Cela n’est assurément pas le cas de la région parisienne région dans laquelle les deux papa au ciel confondu ont du mal à satisfaire l’ensemble de la population comme je vais avoir l’occasion de l’expliquer à l’IESF

    • Balendard

    Excuse

    Cela n’est assurément pas le cas de la région parisienne, région dans laquelle les deux POTENTIELS confondus ont du mal à satisfaire l’ensemble de la population comme je vais avoir l’occasion de l’expliquer à l’IESF

    • laurentgantner

    Le défit climatique fait de cette déclaration d’Urgence Climatique, l’arrivée d’une politique réelle de transition écologique dans les mairies. Si celle-ci nous intéresse, la transition économique, elle, regarde Jean Castex qui pourra mettre l’écologie au coeur des PLF !

    • Dehousse

    Tours, Poitiers, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Lyon, Grenoble, Marseille et Pars , dix villes dont les maires devraient de suite former un club pour fortifier leurs actions face à un gouvernement qui se donne des illusions écologistes avec Barbara Pompili.

    • Marc Dehousse

    Le club des 10 villes vertes de France devrait commencer par rendre leurs rues aussi cycliste que Strasbourg et reprendre l’expérience de Grenoble avec l’i-Road en faisant produire enfin les véhicules L5e ou L7e qui désengorgeraient nos villes : i
    -Road Toyota, EU-Live de PSA Peugeot, Triggo, Ami Citroën, Twizy, …