« Imaginez un immense chaudron »: le chef des pompiers raconte l’incendie de Lubrizol

incendie lubrizol

Photo diffusée par le SDIS montrant le combat contre l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen le 26 septembre 2019 © SDIS/AFP YACINE MOUFADDAL

« Un immense chaudron rempli de pétrole qui brûle », l’eau qui vient à manquer, un feu qui « avance comme une coulée de lave »: Jean-Yves Lagalle, directeur du service départemental d’incendie et de secours de Seine-Maritime a raconté mercredi à l’Assemblée nationale, l’incendie « hors norme » du 26 septembre, à l’usine Lubrizol à Rouen.

« C’est à 02h39 que nous avons été alertés par la société Triadis » la société Seveso seuil bas, voisine de Lubrizol, entreprise Seveso seuil haut, a expliqué le pompier devant la mission d’information de l’Assemblée nationale sur cette catastrophe.

« 02h40 notre opérateur appelle immédiatement la société Lubrizol. Il a au bout du fil le gardien qui, a priori n’a pas encore idée de ce qui se passe dans l’établissement mais a une alarme déclenchée », a poursuivi le directeur du SDIS pour qui cet incendie « a dépassé tout ce qu'(il pouvait) imaginer ».

« Les premiers engins engagés se présentent à 02h52 sur place. Les équipes sont confrontés à un violent feu qui prend très, très vite de l’ampleur qui va très vite partir dans le bâtiment A5 lieu supposé du départ de feu (…) Au départ on est confronté à un feu d’hydrocarbure qui fait énormément de fumée noire et qui va nécessiter des moyens spécialisés de projection en émulseurs et en mousse (…) », poursuit le colonel.

« C’est un feu de liquide inflammable mais non contenu c’est-à-dire en circulation libre (…) une sorte de mini vague d’hydrocarbures qui s’avance de proche en proche un peu comme une coulée de lave », précise l’officier.

Cette « difficulté opérationnelle va nécessiter trois replis successifs, parce que la vague, il était impossible de la contenir ».

En outre « pendant ce temps là aussi il y a d’énormes explosions, des fûts qui explosent », poursuit M. Lagalle.

« Imaginez ce feu, c’est un immense chaudron, rempli de pétrole ça brûle, ça fume, les fumées noires montent à 400 m », résume l’officier.

Le feu est également « hors norme par ses dimensions puisque très vite on atteint pratiquement dans l’usine Lubrizol 3 hectares de produits inflammables qui brûlent, 7.000 m2 sur l’usine voisine. On sait qu’au niveau national sur un feu hydrocarbure dans un dépôt au-delà de 5.000 m2 c’est quasi infaisable », ajoute le colonel.

Rôle « majeur des employés »

« C’est pour ça que la solidarité nationale a joué. J’ai très rapidement appelé Paris », précise l’officier. « A 4h15 du matin, le réseau incendie interne tombe, y a plus d’eau, il n’y a plus de munitions au bout de nos fusils. Fort heureusement on avait encore des poteaux sur la voie publique », continue M. Lagalle.

Et la Seine n’était pas loin pour y puiser de l’eau.

Mais « au départ on est assez démuni » dans un environnement de surcroît « assez compliqué qui aurait pu générer des effets dominos majeurs ». « On protège les installations de production car si le feu y avait pris on aurait pu avoir des explosions très graves. On a pu protéger Triadis entreprise Seveso qui traite de matières dangereuses, qui n’a pas été touchée ».

« Des actions majeures ont été faites au départ par les employés de Lubrizol qui ont fait évacuer tout le stock de pentasulfure de phosphore, qui l’ont mis à l’abri. Si le feu avait pris dans ce stockage, on avait un drame ».

Reste que Lubrizol est « un établissement Seveso seuil haut, qui a déjà défrayé la chronique en 2013. On est en pleine nuit (…) Il y a toute la vie qui va reprendre à la levée du jour », raconte encore M. Lagalle.

« Cette guerre on a fini par la gagner. Les gens à chaque instant ont risqué leur vie pour sauver la vôtre », rappelé le colonel. Le feu a été maîtrisé le 26 à la mi journée. 800 pompiers auront été mobilisés le jour de l’incendie et les suivants.

© AFP

Un commentaire

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    • delpiano guy

    rien de nouveau !!!! il y a de nombreuses lois prévues mais jamais appliquées et les patrons ( non responsables bien sûr) comptent sur sur la durée pour calmer le jeu et dire « on respire très bien à Rouen !!!
    j’aurais HONTE d’être un élu dans ce cas là Maire ou Préfet.