De nouvelles centrales nucléaires, « ça n’est pas tranché » selon Borne

Elisabeth Borne

La ministre de la Transition Ecologique Elisabeth Borne le 15 octobre 2019 © AFP/Archives ERIC PIERMONT

Le gouvernement n’a pas pris sa décision quant à la construction de nouvelles centrales nucléaires, a assuré lundi la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, répondant au PDG d’EDF et évoquant un autre scénario à « 100% de renouvelables ».

« Ça n’est pas EDF, ni son PDG, qui fixent la politique énergétique du pays », a dit la ministre de la Transition écologique et solidaire sur Europe 1, relevant que « ce qu’on attend d’abord d’EDF c’est des explications sur les dépassements de coûts et les délais de Flamanville » où le chantier de l’EPR accumule les difficultés.

« La feuille de route, c’est la programmation pluriannuelle de l’énergie, qui prévoit de ramener la part du nucléaire à 50% en 2035 (aujourd’hui plus de 70% de la production électrique, ndlr) et prévoit le développement des énergies renouvelables », a-t-elle ajouté.

« L’enjeu, c’est de proposer une électricité décarbonée, à un prix abordable pour tous les Français. Il y a différents scénarios, avec des nouveaux réacteurs, c’est celui qu’étudie EDF (…) Je vous confirme que c’est un scénario parmi d’autres, on a également à l’étude des scénarios 100% énergies renouvelables », a-t-elle déclaré.

« Il est clair que la France se prépare à construire de nouvelles centrales nucléaires », avait déclaré le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy au Monde jeudi.

Arguant de l’objectif français de neutralité carbone en 2050, le PDG d’EDF assure de leur nécessité. « Il faut construire les centrales nucléaires plutôt par tranches de deux (réacteurs) sur chaque site et sur trois sites consécutifs, de façon à faire baisser les coûts », ajoutait-il.

« Clairement, ça n’est pas tranché », a répondu Mme Borne lundi. « Le président de la République l’a clairement dit, il n’y aura pas de décision sur des nouveaux réacteurs avant la mise en service de Flamanville, on veut d’abord des explications », a-t-elle ajouté.

Dans le meilleur des cas, le combustible nucléaire sera chargé fin 2022 dans le réacteur EPR de Flamanville. Celui-ci devait initialement être mis en service en 2012.

© AFP

6 commentaires

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  • Notre gouvernement a bien évidemment raison de faire preuve d’autorité vu que c’est lui et nous-même qui payons pour finir les pots cassés.

    Avec un prix de l’électricité trois fois supérieur à celui du gaz en France il serait effectivement stupide sur le plan social et vu les objectifs de zéro carbone en 2050 de continuer avec le nucléaire

    L’opinion selon laquelle il va falloir
    que l’intégralité de l’électricité produite avec les énergies fossiles le soit différemment pour se débarrasser des quelques 445 millions de tonnes équivalent CO2 émises annuellement par la France est dangereuse. Surtout lorsqu’elle est émise avec l’arrière pensée de confier cette tâche au nucléaire.
    Il s’agit en effet d’une opinion orientée vers le toujours plus et la démesure qui ne tient pas compte du potentiel d’énergie thermique que nous offre la nature grâce à l’eau. Ceci particulièrement lorsque ces réserves thermiques sont utilisées pour chauffer l’habitat. Elles sont à l’heure du réchauffement climatique d’autant plus intéressantes pour notre environnement que les techniques associées à la thermodynamique le refroidisse au lieu de le réchauffer comme le fait le nucléaire.

    Chacun d’entre nous sait, ou du moins devrait savoir que les performances des centrales nucléaires ne sont pas reluisantes. Ceci dans la mesure où pour produire 30% d’électricité, c’est sensiblement 70 % qui sont perdus en réchauffant notre environnement. Facteur aggravant, en augmentant la température à la source chaude afin d’améliorer ses performances. !

    La nécessité d’assurer le stockage été-hiver de l’électricité en raison de l’intermittence de certaines énergies renouvelables telles que l’éolien et le solaire ne sera pas un frein au développement du 100 % renouvelable. Ceci d’autant que les énergies thermiques disponibles dans notre environnement ne sont pas elles intermittentes mais disponibles en continues. l’Europe a d’ailleurs compris qu’une ébauche de solution est disponible à ce sujet. Voir SWE

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/source-energie/SWE.htm

    Quant au stockage jour-nuit on peut dire vu les quantités d’énergie utile beaucoup plus faibles qu’il est maintenant déjà résolu grâce aux piles au lithium.

  • Excuse,
    Merci de lire

    Avec un prix de l’électricité trois fois supérieur à celui du gaz en France et vu l’urgence climatique il serait effectivement stupide sur le plan social de continuer avec le nucléaire en prenant comme prétexte les objectifs de zéro carbone en 2050

    • Oskar Lafontaine

    La cause est entendue depuis des années déjà et le nucléaire n’a plus sa place dans aucun scénario de « mix » électrique en France, car il est, en plus d’être intrinsèquement dangereux, bien trop cher et en passe de devenir le plus onéreux des moyens connus et appliqués à grande échelle, de production d’électricité. De plus le réseau électrique lui-même est aussi forcément condamnable et condamné puisqu’il double le montant des factures d’électricité., et c’est d’ailleurs en tenant compte de ce « petit » détail que le projet gouvernemental « Hercule » de scinder en deux les activités d’EDF vise à mettre le nucléaire de côté soutenu financièrement, car c’est un tonneau des Danaïdes, par l’hydraulique qui, étant un renouvelable, dégage un bénéfice et RTE, le gestionnaire du réseau électrique haute tension qui lui aussi, doit dégager un bénéfice pour combler les déficits structurels du nucléaire, fondamentalement non rentable pour produire de l’électricité. Les projets de « nouvel EPR » resteront des projets, car bien trop longs et trop gourmands en capitaux et en ingénieurs, à développer, sans jamais parvenir à des coûts de production d’électricité se rapprochant de ceux de l’éolien et du solaire, même couplés à des accumulateurs. Des « cadeaux fiscaux » du gouvernement, comme toujours, permettront au nucléaire de mourir lentement en retirant régulièrement, sur une dizaine ou quinzaine d’années, pour suivre les départs en retraite du personnel, tous les « réactueurs » qui sévissent encore malheureusement en France, la ruinent et menacent en prime toute l’Europe de leur épée de Damoclès rouillée et donc plus dangereuse encore.

  • Merci bien monsieur la fontaine pour votre analyse qui rejoint tout à fait mes convictions

    Il y a beaucoup de choses qui ne colle pas dans le nucléaire. On facturerait par exemple à nos voisins européen le MWh électrique 42 €, un montant qui correspond à 4 centimes d’€ le kWh . Un coût à comparer aux quelques 16 centimes d’€ le kWh qui nous est facturé à vous et à moi. Il y aurait en effet à ce sujet un dispositif baptisé Arenh qui obligerait EDF à revendre à ses concurrents l’électricité nucléaire qu’elle produit en France à un prix du kWh 4 fois inférieur à celui qu’elle consent à l’utilisateur c’est-à-dire à vous et moi!

    On se demande pourquoi on a pu tolérer un tel dispositif fiscal qui fait que l’utilisateur français se trouve être la vache à lait de l’Europe. Cela est peut-être la raison pour laquelle les anglais font preuve d’indépendance avec le brexit et sont les seuls à vouloir persévérer avec le nucléaire en Europe malgré ses graves inconvénients. Auraient-il eux aussi vocation à se laisser entraîner vers le toujours + pour des raisons purement financières ? On comprends au travers de ces chiffres pourquoi EDF est en déficit et pourquoi l’État français qui est actionnaire à quelque 80% d’EDF ne peut faire autrement que d’équilibrer les finances et ceci grâce à nos apports personnels.

    Quoi qu’il en soit, la chaîne énergétique qui conduit à produire de l’électricité avec le nucléaire est complexe et par voie de conséquence très coûteuse. Comme je l’ai souvent dit dans Goodplanet, il va être temps de passer au solaire pour produire l’électricité plus économiquement. Ceci d’autant que le droit stipule que l’on a pas le droit de vendre à perte.

    Il va donc falloir que nous mettions les bouchées doubles pour solutionner le problème de l’intermittence été-hiver du voltaique. Un problème qui n’est assurément pas insurmontable avec l’électrolyse de l’eau. Ceci d’autant que la quantité d’énergie utile pour le stockage de masse de l’électricité ne correspond sensiblement qu’au tiers du besoin total dans un pays relativement désindustrialisé comme la France.

    Mais il y a aussi une autre forme de réflexion qui conduit aux mêmes conclusions. Une forme de réflexion qui consiste à mettre face à face celui qui produit l’électricité et celui qui la consomme. Qui des deux est selon vous le plus responsable de la situation actuelle? : celui qui satisfait le besoin ou les gloutons énergivores que nous sommes tous vous, moi et notre gouvernement en tant que consommateur irresponsable. Chacun voit midi à sa porte me direz-vous. Je peux vous dire à mon corps défendant et comme je l’ai déjà dit dans Goodplanet que ma vision de l’énergie électrique en tant que canoéiste a été favorable à l’arrivée des premières centrales nucléaires. J’ai applaudi cette orientation vu qu’une seule centrale nucléaire évite de transformer en escalier une bonne centaine de nos belles rivières au détriment de la navigation fluviale et du tourisme nautique. Mon manque de vision sur l’énorme gâchis financier qui allait suivre est là avec facteur aggravant le constat qu’en réchauffant nos rivières elles
    affectent aussi leur écosystème.

    • JEAN-MARC Wibart

    Donc Edf persiste à vouloir empoisonner la population pour des centaines d’années avec ses déchets indestructibles pour de l’égotisme et de l’argent. C’est une honte et une preuve supplémentaire que la France recule en terme de progrès.

    • Balendard

    Vous avez raison Mr Wibart et concernant l’avenir du nucléaire j’invite notre bien aimé photographe Yann Arthus-Bertrand à comparer 2 chaînes énergétiques

    – celles passant par les hautes températures comprise entre 500 et 1500 degrés, les moteurs thermiques et les énergies non renouvelables à savoir le nucléaire et la combustion

    – celles consistant à utiliser les énergies renouvelables telles que le soleil, le vent, la combustion des ordures, l’hydrogène, l’eau associée à la thermodynamique pour satisfaire ses besoins

    un minimum de bon sens devrait lui permettre
    – de comprendre que ni le nucléaire ni la combustion ne peuvent être des solutions valables face au réchauffement climatique.
    – que la « solar water economy » proposée dans le site européen http://www.infoenergie.eu participe à son atténuation et se suffit à elle-même pour satisfaire nos besoins en énergie.

    quelques réalisations par les régions françaises pourraient dès à présent être
    mises en œuvre apportant la preuve que notre nouveau premier ministre a raison