Élevage : le bio pour sortir de la crise ?

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Des porcs s'ébattent dans leur enclos dans la ferme bio "Dessine-moi un mouton" près de Bourg-Les-Valence (sud-est), le 17 septembre 2019 © AFP/Archives JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

Bourg-lès-Valence (France) (AFP) – Les porcelets s’ébrouent au soleil en sortant de l’eau. « Mon principal problème est de les protéger des coups de soleil » raconte Leo Girard, 26 ans, leur éleveur, qui rencontre un franc succès avec ses charcuteries, rotis de boeuf et fromages de brebis, tous bio, tous produits à la ferme.

Pour lui, l’élevage biologique allait de soi dès son installation près de Valence dans la Drôme en 2013, ainsi que la transformation sur place et la vente directe à la ferme, sur les marchés ou dans des magasins de producteurs, pour garder la « valeur ajoutée » pour lui.

Cette solution est de plus en plus recherchée face à la crise traversée par les éleveurs qui n’arrivent pas à vendre leurs produits au-dessus de leur prix de revient à leurs interlocuteurs habituels, les coopératives ou les supermarchés. Le bio permet de mieux valoriser leurs produits.

Mais, avec quelque 800.000 euros d’investissement pour l’installation, dont environ 100.000 euros de subventions, pour 150 têtes d’agneaux, 30 vaches Aubrac, une cinquantaine de cochons et plusieurs bâtiments d’exploitation en bois, la ferme bio de Leo « dessine-moi une brebis » est aussi une grosse affaire financière pour un jeune homme de tout juste 26 ans.

D’autant que cette arche de Noé menée en biologique avec des techniques modernes, sans pesticides sur les cultures, les animaux nourris au foin bio quasi exclusivement, et des panneaux solaires pour réduire la consommation d’energie, nécessite six personnes à temps plein sur l’exploitation: quatre salariés, le jeune éleveur et un apprenti.

Pour équilibrer les rentrées financières, le jeune homme s’est lancé dans la culture d’ail bio sur cinq hectares, qui lui assurent un revenu équivalent à celui des fromages.

« Aujourd’hui, nous avons de plus en plus de clients qui téléphonent pour réserver leurs charcuteries, fromages de brebis, yaourts, tommes, faisselles ou caissettes de viande venant de la ferme, car ils ont peur de ne pas pouvoir être servis sur le marché, dit Pascale, salariée pour la viande.

« Sur la bio, nous mettons beaucoup l’accent pour travailler en amont le projet economique avec les futurs agriculteurs » explique à l’AFP Jean-Christophe Robin, directeur agriculture au Credit Agricole, « car 70% des agriculteurs ne connaissent pas vraiment leurs coûts de production ».

Balayant les espoirs bucoliques de retour à la campagne de jeunes urbains rêveurs, il affirme que « ceux qui réussissent en bio comme en conventionnel, sont ceux qui sont dans une logique entrepreneuriale ».

En bio, « la technologie nous aide, on a des modèles mathématiques qui prédisent les maladies des plantes avec les prévisions météo, et pour desherber, on utilise des machines équipées de GPS et de caméras pour repérer les herbes au plus près » complète Julien Carle responsable agronomique d’un grossiste en légumes bio près d’Arras.

Mais le choix du bio peut faire peur aussi, surtout à des agriculteurs déjà installés dans un type de production.

« La transformation, c’est un autre métier que celui d’éleveur, cela occasionne des frais supplémentaires, des frais de structures, et c’est difficile avec les normes sanitaires de plus en plus draconiennes » explique Christine Vazeille, éleveuse de 70 vaches laitières en conventionnel en Haute-Loire, qu’elle a chouchoutées tout l’été pour leur éviter les affres de la canicule.

Pour Myriam Lolum, coordinatrice de Unabio, la filière qui centralise la mise en marché de l’union des éleveurs bio, « l’élevage bio n’est pas forcément une solution pour tout le monde ».

« Ceux qui sont déjà au point techniquement parlant s’en sortiront bien sûr, mais la bio est une fausse bonne idée pour les éleveurs qui ont déjà des problèmes financiers ou techniques, ce n’est pas forcément le passage au bio qui les sauvera » affirme-t-elle, surtout s’ils n’ont pas de solution de commercialisation.

Pour Claude Cochonneau, qui préside les chambres d’agriculture, « il ne faut pas opposer les modèles » de conventionnel et de bio: « L’agriculture en général est engagée dans une transition comme il n’y a jamais eu dans notre pays » dit-il.

© AFP

4 commentaires

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    • Michel CERF

    Bien sûr qu’il faut opposer le conventionnel et le bio , le poison et la santé , par ailleurs cet éleveur protège ces porcelets surtout pour ne pas perdre trop d’argent puisqu’ils finissent en charcuterie !

    • Pélissier Mireille

    Sans être végétarien, manger bio nécessite une vérification des producteurs et des éleveurs, comme le cas pour l’élevage des porcs.
    Consommer, une fois par semaine pour ne pas perdre le goût de la bonne viande, élevé dehors avec de l’espace pour se faire des muscles, et le reste de la semaine trouver ses protéines dans des légumineuses type lentilles ,pois cassés, et du quinoa, que l’on trouve en bio en France.

    • Meryl Pinque

    La viande, Mirelle Pélissier, c’est la chair d’un être vivant sentient que les humains ont exploité en l’élevant avant de l’assassiner dans les abattoirs. C’est un meurtre.
    Est-il besoin de rappeler que l’humanité n’a pas besoin de produits d’origine animale pour vivre ?
    Rien ne justifie donc le meurtre des animaux nonhumains pour la consommation.
    Pourquoi tuer alors qu’on peut vivre sans ?

    • Michel CERF

    L’humain est omnivore , sa santé exige une alimentation bio , variée et équilibrée , ce qui suppose un minimum de produits animaux qui contiennent l’indispensable vitamine B12 , mal assimilée sous forme synthétique . La viande rouge est à éviter ainsi que le lait de vache qui est fait pour le veau et empoisonne l’être humain autant que le sucre . Les sectes Dukan et Végan sont dangereuses comme toutes les idéologies extrémistes .