La jeunesse mobilisée en masse pour la « grève mondiale pour le climat »

climat manifestations

Manifestation de jeunes à Paris, dans de cadre du mouvement mondial pour appeler les adultes à agir contre la catastrophe climatique, le 20 septembre 2019 © AFP Thomas SAMSON

Des centaines de milliers de jeunes manifestent vendredi à travers le monde pour ce qui s’annonce comme la plus grande mobilisation jamais organisée pour appeler les adultes à agir contre la catastrophe climatique.

Rejoignant le mouvement initié à l’été 2018 par la jeune Suédoise Greta Thunberg, ils boycottent les salles de classe pour cette très symbolique « grève mondiale pour le climat », qui doit culminer par une manifestation monstre à New York, où se tiendra lundi un sommet international sur le climat.

De Sydney à Séoul, en passant par Manille, Bali, Tokyo ou Bombay, l’Asie-Pacifique a donné le coup d’envoi de ce « Friday for Future » planétaire destiné à faire monter la pression sur les décideurs politiques et les entreprises, pour qu’ils prennent des mesures drastiques pour enrayer l’envol des températures provoqué par les activités humaines.

« Ce que vous faites compte »

Au total, plus de 5.000 événements sont prévus sur toute la planète et Greta Thunberg, qui défilera à New York, a appelé jeudi dans une vidéo la jeunesse à s’approprier le combat. « Tout compte. Ce que vous faites compte », a déclaré celle qui est devenue le symbole d’une jeune génération convaincue que ses aînés n’en font pas suffisamment pour lutter contre le réchauffement.

Alors que le soleil se levait sur le Pacifique, des élèves ont lancé la journée au Vanuatu, aux Salomon ou aux Kiribati. « Nous ne coulons pas, nous nous battons, » scandaient des jeunes de ces atolls, menacés notamment par l’élévation du niveau des eaux.

En Australie, plus de 300.000 personnes – jeunes, parents et autres – se sont rassemblées dans plusieurs villes. Plus du double qu’au mois de mars, lors d’un premier mouvement similaire. « Nous sommes ici pour envoyer un message aux personnes au pouvoir, pour leur montrer que nous sommes sensibilisés et que cette question est importante pour nous », a déclaré à Sydney Will Connor, 16 ans. « C’est notre avenir qui est en jeu. »

« Nous sommes l’avenir et nous méritons mieux », a déclaré à Bangkok Lilly Satidtanasarn, 12 ans, surnommée la Greta Thunberg de Thaïlande pour son combat contre le plastique. Les adultes « ne font que parler, mais ils ne font rien. Nous ne voulons pas d’excuses ».

Des milliers de personnes ont défilé aux Philippines, un archipel également gravement menacé par l’élévation des océans. « Beaucoup de gens ressentent déjà ici les effets du réchauffement climatique, et notamment des typhons », a déclaré à Manille Yanna Palo, 23 ans.

« Pour votre vie même »

« C’est pour votre futur, pour votre existence et pour votre vie même. Si vous n’êtes pas dans la rue vous perdez votre temps, où que vous soyez dans le monde », a lancé Aman Sharma, un étudiant manifestant à Delhi.

En Afrique du Sud, environ un demi-millier de personnes ont défilé dans la matinée à Johannesburg. « Notre école nous a autorisés à partir pour la manifestation. Si on ne fait pas quelque chose rapidement, ça sera le début de l’extinction humaine », s’inquiétait Jonathan Lithgow, collégien de 15 ans.

De premiers rassemblements ont eu lieu à travers l’Europe. En Allemagne, où les écologistes ont le vent en poupe électoralement, des manifestants ont déjà bloqué la circulation dans le centre de Francfort, provoquant un embouteillage monstre. A Berlin, la principale manifestation devait partir de l’emblématique Porte de Brandebourg.

A Paris, Jeannette, 12 ans, est venue manifester accompagnée de son père Fabrice. « C’est mon anniversaire et j’ai demandé à venir, la situation me rend triste on est dans le caca et on fait n’importe quoi », lance la collégienne.

Des entreprises se mobilisaient aussi, certaines donnant congé à leurs salariés voire fermant des magasins. « On se voit dans la rue », a ainsi lancé le fonds de pension australien Future Super, qui a rallié 2.000 entreprises à une initiative favorable à cette journée de grève.

Cette journée doit donner à New York le coup d’envoi de deux semaines d’actions, avec notamment samedi le premier sommet de la jeunesse sur le climat organisé par l’ONU. Outre Greta Thunberg, 500 jeunes sud-américains, européens, asiatiques et africains y sont attendus.

Et vendredi 27 septembre, pendant l’Assemblée générale de l’ONU, aura lieu une autre grève mondiale coordonnée. Le sommet spécial climat lundi à l’ONU doit réunir une centaine de chefs d’Etat et de gouvernement, dont Emmanuel Macron et Angela Merkel.

A quelques exceptions notables, comme le président américain Donald Trump ou son homologue brésilien Jair Bolsonaro, nombre de dirigeants internationaux souscrivent à l’idée d’une urgence climatique. Mais ils sont attendus sur les détails concrets de leurs plans climatiques.

Pour avoir une chance de stopper le réchauffement du globe à +1,5°C (par rapport au XIXe siècle), il faudrait que le monde soit neutre en carbone en 2050, selon le dernier consensus de scientifiques mandatés par l’ONU.

© AFP

3 commentaires

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    • sophie

    Au delà de jolis slogans et mises en scènes, j’ espère que tous ces jeunes agissent chaque jour , dans leur comportement personnel, pour limiter la casse et anticiper une société nouvelle basée sur la sobriété heureuse .
    Signé: une presque sénior qui la pratique depuis une vingtaine d’ années

    • Meryl Pinque

    La moindre des choses, c’est d’adopter un mode de vie vegan, pour les animaux, la planète et notre santé.
    Faites le test Envol Vert « empreinte forêt » : en tant que végane, mon empreinte est de seulement 20 m2 contre plus de 320 par personne en moyenne…
    http://empreinte-foret.org/quizz/

    • jpd

    Notre maison brûle, mais nous regardons ailleurs (J. Chirac) ; notre forêt, une partie de notre poumon brûle : soyons en enfin conscients.
    Il nous faut maintenant (oui, maintenant en 2019/2020 !) changer totalement de repères pour sauver la planète : chacun de nos gestes (mais, tous, pas quelques « illuminés » !) ; mais je n’y crois pas tellement l’individualisme est ancré dans notre monde occidental.
    Il nous faut aussi, en urgence, mais oui en urgence, stopper l’action de dirigeants malades psychologiquement ( mais oui, malades et donc dangereux au regard de leurs pouvoirs : parano, mégalo, peu intelligents, pervers : vous mettrez des noms probablement …) Comment ? En informant déjà et correctement leurs populations ( qui déjà ici ou là frémissent à se soulever), mais aussi, hélas, en mettant en difficulté les pays qu’ils gouvernent, et donc leurs populations et donc leur aura, leur légitimité, seul langage que ces dirigeants peuvent entendre.
    – Déjà que notre pays facilite le mouvement des grèves de lycéens, par exemple : un jour par mois tant que … ( ce fera école ailleurs et dans d’autres pays)
    – que notre pays, au risque de difficultés d’approvisionnements ( mais on peut trouver des alternatives et des aides, il s’agit de démarche de salut public, et je pense que les français, si on leur explique simplement et complètement la vérité et que c’est une référence noble, sauront être solidaires, mis à part quelques nantis égoïstes, soucieux de leurs compte en banque protégés à l’étranger, quoique soient leurs déclarations « humanistes » et donc méprisables), boycotte toute importation déjà du Brésil, toute coopération scientifique ou militaire (vente d’armes), tout accord avec les pays d’Amérique du sud non opposés à la politique (actuelle( du Brésil, en expliquant bien le pourquoi de ce boycottage non dirigé contre les populations.
    – que le gouvernement rappelle son ambassadeur, et expulsez celui du Brésil. jusqu’à ce que ( et que ce soit expliqué publiquement, y compris aux populations brésiliennes)
    – qu’on n’oublie pas qu’en Afrique aussi les forêts brûlent…

    Nous devons faire face à un changement climatique important, tandis que, conjonction dramatique, il y a épuisement proche des ressources naturelles et effondrement de la biodiversité : il est trop tard pour le développement durable à promouvoir doucement ! Soyons en conscients !

    L’heure n’est plus aux douceurs de la démocratie, mais aux actions vigoureuses : il y a un emballement, que nous n’allons même peut être pas pouvoir maitriser fonte des glacees, du permafrost, …), quand bien même les pratiques alimentaires, d’élevage, de déplacements, de chauffage, etc… seraient modifiées dès demain matin.
    Il y aura + 80 cm de mers dans 80 asn, on ne peut plus y échapper, donc des migrations inévitables ( qui ridiculisent les populistes : il faut le dire !), il y aura problème des eaux potables (oui, dessaler, et épurer mais ce demande de l’énergie donc contribue à réchauffer ..), il y aura famines (fautes de cultures suffisantes, à revoir) : c’est inévitable, mais au moins limitons les conséquences !
    Mais au moins faisons le maximum !
    Non, ce n’est pas l’apocalypse, on peut l’éviter, mais ce peux le devenir avec l’inertie, et à conditions de s’adapter et de modifier nos exigences.
    Rien ne sert de crier « nous allons couler » devant une tempête car alors, oui, on coule : restons au gouvernail , agissons enfin intelligemment, et peut-être – peut-être- on arrivera au port, au prix de beaucoup de sacrifices, …mais vivants.

    Pensons surtout à nos (petits) enfants, au lieu de penser à nos revenus, nos avantages, nos droits, notre confort, notre bouffe devenue toxique par les quantités que certains ingurgitent, par les adjuvant qu’ils contiennent pour pousser à consommer, etc … Soyons solidaires, partageons ( ce qui suppose que les riches acceptent de diminuer leurs trains de vie : ils deviendront d’ailleurs peut-être enfin heureux d’être utiles aux autres … !!)

    Il n’y a plus place aux discours -nous ne sommes plus il y a 20 ou 30 ans-, c’est agir qu’il faut !
    Il n’y a plus place à la « douceur démocratique », mais il fait des actions très fermes ( et « incitatives ») envers les ennemis de la planète ( ça fait mal de percer un abcès, mais c’est la seule voie de guérison !)
    Déjà l’Amazonie, puis l’Afrique, puis l’Océanie, et après on verra !

    Ce n’est pas un commentaire de défaite, mais au contraire : réagissons, mais en vrai, pas qu’en parôles