Le réchauffement climatique sera plus fort que prévu, selon de nouveaux modèles

paris canicule

Une femme se rafraîchit sous un brumisateur le 24 juillet 2019 à Paris © AFP/Archives Dominique FAGET

Le réchauffement climatique s’annonce plus prononcé que prévu, quels que soient les efforts faits pour le contrer, ont averti mardi des scientifiques français qui présentent de nouvelles simulations climatiques qui serviront de base au GIEC.

Une centaine de chercheurs et d’ingénieurs, notamment du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et de Météo-France, ont participé à ces travaux. Ils viendront alimenter le sixième rapport d’évaluation du groupe des experts de l’ONU sur le climat, prévu pour 2021-2022.

Les scientifiques français ont produit deux modèles climatiques différents, ensuite soumis à plusieurs scénarios socio-économiques. « Dans le pire des scénarios considérés, la hausse de température moyenne globale atteint 6,5 à 7°C en 2100 », selon une présentation. Ce scénario repose sur une croissance économique rapide alimentée par des énergies fossiles. Dans le dernier rapport du GIEC de 2014, le pire scénario prévoyait +4,8°C par rapport à la période pré-industrielle.

Le scénario le plus optimiste, « marqué par une forte coopération internationale et donnant priorité au développement durable » permet de rester sous l’objectif des 2°C de réchauffement, mais « tout juste », avec « un effort d’atténuation (…) important » et « au prix d’un dépassement temporaire de l’objectif de 2°C au cours du siècle ».

L’Accord de Paris sur le climat de 2015 prévoit de limiter le réchauffement de la planète bien en-dessous de 2°C, voire 1,5°C. Les engagements jusqu’à présent pris par les États conduiraient à +3°C.

Le scénario le plus optimiste « implique une diminution immédiate des émissions de CO2 jusqu’à atteindre la neutralité carbone à l’échelle de la planète vers 2060, ainsi qu’une captation de CO2 atmosphérique de l’ordre de 10 à 15 milliards de tonnes par an en 2100 », ce que la technologie ne permet pas de faire actuellement.

« La température moyenne de la planète à la fin du siècle dépend donc fortement des politiques climatiques qui seront mises en œuvre dès maintenant et tout au long du XXIe siècle », insistent le CNRS, Météo-France et le CEA.

Ce réchauffement plus important va dans le même sens que d’autres modèles étrangers. « Cela pourrait s’expliquer par une réaction plus forte du climat à l’augmentation des gaz à effet de serre anthropique que dans les simulations de 2012, mais les raisons de cette sensibilité accrue et le degré de confiance à y apporter restent à évaluer », selon un communiqué.

Les scientifiques français s’étaient pliés pour la dernière fois à cet exercice en 2012. Entretemps, leurs outils se sont améliorés. « Nous avons des meilleurs modèles », a expliqué Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS, à l’AFP. « Comme les capacités de calcul augmentent, nous avons affiné la résolution et nous avons aussi des modèles qui représentent mieux le climat actuel ».

Grâce à cette échelle plus fine, les chercheurs ont mieux modélisé les conséquences du réchauffement climatique en Europe de l’Ouest, en s’intéressant aux vagues de chaleur. « L’intensité et la fréquence des vagues de chaleur ont augmenté ces dernières décennies » et « cette tendance va se poursuivre au moins dans les deux décennies qui viennent, quel que soit le scénario considéré ».

© AFP

8 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Claude Renaud

    Le réchauffement climatique sera plus fort que prévu !!! Et nous n’avons pas encore entamé la
    moindre réduction de nos gaz à effet de serre. Quand nous voyons déjà les conséquences
    catastrophiques avec un petit degré supplémentaire, on se demande ce qu’il en sera avec
    3, 4 ou 5 degrés. La Planète va devenir carrément hostile à l’Homme et au vivant en général.
    Notre immobilisme est affligeant, consternant.
    Nous continuons de croire au miracle. On nous parle de captation de carbone, de neutralité
    carbone en 2060. On oublie une chose : On ne contrôle plus rien. Depuis quelques années, les
    rétroactions sont à l’oeuvre et le réchauffement climatique s’auto-alimente : Fonte de la banquise,
    diminution de l’albédo = réchauffement. Fonte du permafrost, libération de méthane = réchauffement.
    Incendies des forêts primaires, partout dans le monde, forte production du dioxyde de carbone
    et puits de carbone en moins = réchauffement.
    Et pour faire bonne mesure : Le développement du numérique, internet et les milliards de smartphones
    de par le monde = RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE.
    Qui a dit que tout n’était pas perdu ?

      • Ingrid Lehaut

      On attend des politiques qu’ils prennent des décisions, mais c’est chaque être humain qui doit à son niveau prendre des mesures pour réduire ses émissions : déménager au plus proche de son travail et de l’école des enfants, acheter un véhicule électrique, diminuer ses consommations de viande, d’eau, de chauffage, de poubelles.. etc Ne pas attendre des autres qu’ils agissent à notre place. Ce sont nos actes qui sont l’exemple à donner !

    • DANIN

    Quand un bateau est dans la tempête, ce ne sert à rien de crier « on va couler », ni de se mutiner contre le capitaine parce qu’on veut garder son salaire, ses avantages, son confort, son litre de rhum, sa bouffe aux heures précises des repas, etc … : il faut faire front, de façon solidaire, cohésive, et manœuvrer avec sang froid, coordination et intelligence, et alors on a des chances d’arriver au port, sinon effectivement on coule.
    Tout n’est pas perdu…si …
    Mais hélas : nos dirigeants ne veulent que décider (et s’ils décident ce qu’il faut, on leur tape dessus, on fait grève, ou on les paralyse en bloquant l’effet de leurs décisions), nos multinationales ne veulent que du fric, du développement, du pouvoir …
    Alors, oui : on peut être pessimiste, car le sursaut ne risque que d’intervenir trop tard.
    Il faut une révolution rapide et générale (mondiale) des esprits, une solidarité entre pays notamment pourvus, riches, en aide (…désintéressée) aux pays en développement, etc …

    • Méryl Pinque

    Il y a 50 ans, certains esprits lucides prédisaient déjà la catastrophe. Ils étaient insultés, moqués, ignorés, considérés comme des fous et des hurluberlus par les médias, les politiques et les populations. Personne ne les écoutait et ça continue.

    Aujourd’hui, nous voici en pleine catastrophe et ce n’est qu’un début.

    Pour autant, personne ne fait rien : personne ne change de mode de vie, tout le monde continue à consommer des produits d’origine animale, à faire des enfants, etc.

    C’est désespérant et ça montre bien que notre espèce ne vaut rien, et que toute l’intelligence dont elle se prévaut n’aura servi qu’à une seule chose : la destruction du monde.

    • Michel CERF

    Oui , ce n’est qu’un début , le début de la fin je le crains , l’intelligence humaine sans la sagesse conduit au pire .

  • La « Solar Water Economy » ?

    • sophie

    DANIN: et les citoyens veulent le beurre, l’ argent du beurre, le sourire de la crémière et ne rien céder en contre-partie!
    A part exiger encore et toujours des gouvernements, beaucoup trop nombreux sont ceux qui ne veulent rien faire à leur niveau.
    Regardez autour de vous: qui a commencé réellement à changer de mode de vie face à l’ Urgence climatique?
    Et pourtant vivre écolo c’ est vivre économiquement. Cherchez l’ erreur

  • L’opinion selon laquelle il va falloir
    que l’intégralité de l’électricité produite avec les énergies fossiles le soit différemment pour se débarrasser des quelques 445 millions de tonnes équivalent CO2 émises annuellement par la France est dangereuse.

    Surtout lorsqu’elle est émise avec l’arrière pensée de confier cette tâche au nucléaire. Il s’agit en effet d’une opinion orientée vers le toujours plus qui ne tient pas compte des capacités d’énergie thermique que nous offre la nature grâce à l’eau.

    Ceci particulièrement lorsque ces réserves thermiques sont utilisées pour chauffer l’habitat. Elles sont alors d’autant plus intéressantes pour notre environnement à l’heure du réchauffement climatique qu’elle le refroidisse au lieu de le réchauffer comme le fait le nucléaire.

    Chacun d’entre nous sait en effet,
    ou du moins devrait savoir que pour produire l’électricité et améliorer les performances d’une centrale nucléaire on augmente la température à la source chaude. Malgré cela force est de constater que cette derniere n’est guère supérieure à 30 % les 70 % restant étant perdue en réchauffant notre environnement.