Brésil : des feux en Amazonie déclenchent une tempête anti-Bolsonaro

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Cette image de la Nasa réalisée par le satellite Aqua et obtenue le 21 août 2019 montre plusieurs feux qui font rage dans les Etats brésiliens de Rondonia, d'Amazonas, de Para et de Mata Grosso le 11 août 2019 © NASA Earth Observatory/AFP HO

Salvador (Brésil) (AFP) – Des images impressionnantes de feux de forêt, apparemment en Amazonie, ont déclenché une tempête virale sur les réseaux sociaux, aggravée par les insinuations du président brésilien Jair Bolsonaro selon lesquelles des ONG auraient provoqué les incendies.

Le président d’extrême droite s’en est pris aux ONG au lendemain de la publication de statistiques faisant état d’une progression alarmante des feux de forêt au Brésil, tout particulièrement en Amazonie.

Lundi, Sao Paulo (sud-est), première métropole du pays, avait été recouverte en plein après-midi d’un nuage noir apparemment dû à des feux de forêt à des milliers de kilomètres de là.

Sur Twitter, le mot-clé #PrayforAmazonas (Prions pour l’Amazonie) était la première tendance mondiale. De nombreux internautes s’indignaient en postant des photos et vidéos montrant des pans entiers de forêt dévorés par des rideaux de flammes.

« Seize jours que la forêt amazonienne brûle et personne n’est au courant », déplorait un internaute. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », s’indignait un autre.

Mais certaines des images abondamment partagées étaient anciennes, montrant par exemple des feux en Amazonie remontant à 1989, ou concernant d’autres Etats brésiliens, ou même pays, tels l’Inde ou les Etats-Unis.

Il n’était pas possible d’évaluer mercredi l’ampleur des superficies affectées par des feux de forêt en Amazonie.

Le mot-dièse était également en haut du classement sur le réseau social au Brésil, suivi du hashtag « ONGs », suite aux déclarations de Jair Bolsonaro.

Le président a insinué que des ONG pourraient avoir provoqué les incendies afin d' »attirer l’attention » sur la suspension par Brasilia des subventions à la préservation du « poumon de la planète ».

« Il pourrait s’agir, oui, il pourrait, mais je ne l’affirme pas, d’actions criminelles de ces +ONGéistes+ pour attirer l’attention contre ma personne, contre le gouvernement brésilien. C’est la guerre à laquelle nous sommes confrontés », a lancé le chef de l’Etat devant des journalistes à Brasilia.

Les feux de forêt ont augmenté de 83% depuis le début de cette année au Brésil par rapport à l’ensemble de 2018, a annoncé mardi l’INPE, un institut officiel. La hausse a été particulièrement alarmante dans les Etats occupés en totalité ou partiellement par la forêt amazonienne, comme celui du Mato Grosso (centre-ouest), avec 13.682 départs de feu (+87%).

Jair Bolsonaro n’a apporté aucun élément pouvant étayer sa grave mise en cause des ONG, mais a expliqué que celles-ci « ressentent un manque d’argent ».

« On a retiré l’argent aux ONG. Elles recevaient 40% des subventions venant de l’étranger. Elles ne les ont plus. On a aussi mis fin aux subventions publiques » aux ONG, a-t-il expliqué.

« Même vous ne pourriez aller filmer dans tous les lieux où cela brûle, et envoyer (vos vidéos) à l’étranger », a-t-il dit aux journalistes. « Parce que tout indique qu’ils sont allés là-bas pour filmer des incendies. C’est ce que je ressens ».

« Historiquement (en Amazonie) les feux sont directement liés à la déforestation puisque c’est une des techniques pour défricher », a expliqué le Fonds mondial pour la nature dans un communiqué, au sujet des brûlis pour transformer des aires forestières en zones de culture et d’élevage ou pour nettoyer des zones déjà déforestées.

Selon l’INPE, la déforestation en juillet y a été quasiment quatre fois supérieure au même mois de 2018.

Jair Bolsonaro est la cible d’une avalanche de critiques de scientifiques, d’ONG de préservation de l’Amazonie et des populations indigènes pour son soutien au développement de l’agriculture et de l’exploitation minière, notamment dans des zones protégées.

Les deux contributeurs principaux du Fonds Amazonie, la Norvège et l’Allemagne, ont récemment suspendu leurs subventions à ce fonds qui permet de financer la préservation de la forêt, en raison des positions du président brésilien.

M. Bolsonaro a fait ces commentaires polémiques au moment où se tient à Salvador de Bahia la semaine du climat avec 3000 délégués de 26 pays, une réunion régionale sur le changement climatique coordonnée par l’ONU.

« Le nuage qui a recouvert Sao Paulo est un phénomène déjà constaté en 2010 et 2017 », a déclaré le ministre de l’Environnement Ricardo Salles, présent à Salvador.

« Toutes les stratégies pour lutter contre la déforestation continuent d’être en place », mais elles sont « hélàs entravées par la crise économique et les coupes budgétaires », a-t-il concédé.

© AFP

5 commentaires

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    • Michel CERF

    BOLSONARO symbolise à lui seul le caractère nuisible de l’espèce humaine .

    • signoret

    L’urgence climatique est là et les ressources planétaires s’amenuisent de jour en jour. La fin de l’humanité se dessine selon de nombreux scientifiques et je pense qu’ils ont raison d’affirmer que la prochaine extinction de masse est pour bientôt, c’est à dire lorsqu’il n’y aura plus rien à manger ni sur terre ni dans les océans : cela passe par le réchauffement climatique et donc par le poumon de la planète que représente l’Amazonie qui possède une surface équivalente à sept fois la superficie de la France, soit sept fois 550 000 km². Toute forme de vie sur Terre dépend du bon état de ce poumon. Arrêtons de consommer plus que de raison et stoppons les gaspillages à outrance, ainsi que toute forme de pollution. L’argent ne se mange pas et il vaut mieux être un smicard sur Terre plutôt qu’un milliardaire sur Mars. Et pourtant, le taux de renouvellement planétaire s’est établi au 29 juillet en cette année 2019 (c’est à dire que, chaque année, nous consommons davantage que ce que la planète peut produire en 1 an). Ne laissons par notre planète devenir une planète Mars. Il faut que les Etats du monde entier réquisitionnent les terres non utilisées pour y planter des arbres (fruitiers et autres tels que chênes ou hêtres…). Cela aurait pour conséquence bénéfique une meilleure atmosphère (air plus sain), ainsi qu’une meilleure alimentation (fruits issus d’arbres fruitiers), ainsi que tous les effets bénéfiques d’une bonne alimentation génère sur l’organisme, ainsi que sur les comportements, qui dépendent d’une alimentation saine, comme démontré par les organismes de santé. Cela générerait de l’emploi (récolte de fruits, transport écologique, magasins d’alimentation sûre et saine….). Nous pouvons tous vivre ensemble, humains et animaux, poissons et oiseaux, plantes et algues. Rendons-nous compte des espèces disparues et de celles en voie de disparition et ne laissons pas une planète en friche à nos enfants. Cessons de détruire toute forme de vie dont dépend l’état de l’Amazonie, poumon de notre mère à tous, la planète Terre…..Franchement et sincèrement

    • Meryl Pinque

    Il devrait y avoir une Cour pénale internationale pour juger les criminels écocidaires comme Bolsonaro, Trump, Macron et consorts.

      • Michel CERF

      ces propos révèlent un état d’esprit sectaire et injuste , ce n’est pas avec des idéologies mélanchonistes d’un autre temps que l’on va sauver notre Planète .

        • Deffrenne

        Il y a eu Hitler en 39
        Et nous avons bolsonaro en 2019
        La planète est foutue il a mis la cinquième. Il faut qu’il soit jugé pour crime contre l’humanité !