Démontage du McDonald’s : 20 ans après, « la lutte continue »

Durant le démontage du McDonald's en construction à Millau, le 12 août 1999, lors d'une manifestation contre les sanctions américaines après l'interdiction des importations de boeuf aux hormones © AFP/Archives -

Durant le démontage du McDonald's en construction à Millau, le 12 août 1999, lors d'une manifestation contre les sanctions américaines après l'interdiction des importations de boeuf aux hormones © AFP/Archives -

Millau (France) (AFP) – Vingt ans jour pour jour après le « démontage » du McDonald’s de Millau (Aveyron), des dizaines d’agriculteurs se sont rassemblés lundi devant l’enseigne américaine pour montrer que le combat continue. Ces infatigables paysans aux cheveux blancs peinent toutefois à mobiliser les jeunes générations.

« McDo, Ceta, on n’en veux pas ! » « Mercosur non plus, bien sûr ! », improvise joyeusement le groupe qui paralyse pendant une vingtaine de minutes le trafic routier, plantant des banderoles géantes sur le rond-point et posant pour « la photo de famille ».

Une personne manque toutefois à l’appel, car en vacances : José Bové, ex-eurodéputé écologiste et héraut de la lutte contre la « malbouffe », avait fait partie des cinq militants incarcérés pour leur action coup de poing du 12 août 1999, devenu une date-clé de l’altermondialisme.

« Tout a été organisé et décidé à la dernière minute. Ce n’est pas une commémoration, mais un rassemblement d’anciens combattants et d’autres personnes qui pestent contre les nouveaux accords de libre-échange entre l’Europe et différents pays ou régions, tous très dangereux pour la santé des citoyens, pour l’avenir de l’agriculture et du climat », affirme à l’AFP Christian Roqueirol, ancien éleveur de brebis à la retraite, lui aussi incarcéré à l’époque.

À l’été 1999, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avait autorisé les États-Unis à prendre des sanctions économiques contre l’Union européenne qui refusait d’importer du bœuf « dopé » aux hormones. Et l’idée du « démontage » du McDonald’s avait émergé.

 Peut-être un « tournant »

Vingt ans plus tard, « on est toujours dans les mêmes luttes, contre une mondialisation folle (…) et avec un florilège de nouveaux accords qui ont remplacé l’OMC », abonde Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne et producteur de lait dans le Jura. Il cite notamment les accords du Ceta (UE-Canada) et du Mercosur (avec plusieurs pays d’Amérique du Sud), que la France a signés mais pas encore ratifiés.

« Le changement climatique fait partie intégrante de notre lutte, car il est intimement lié à la forme économique très libérale et capitaliste de notre société, lance-t-il, soutenant que ces accords dont « climaticides ».

Pourtant, M. Girod le concède, les jeunes agriculteurs sont peu mobilisés. « On a du mal à les faire bouger, ils sont trop pris par leur quotidien, plus difficile qu’à l’époque », déplore-t-il, soulignant que le nombre d’agriculteurs a été « au moins divisé par deux en 20 ans. On est aujourd’hui moins de 400 000 ».

Et pourtant, le porte-parole de la « Conf » ne perd pas espoir. « On est peut-être à un tournant et cette bascule peut venir des jeunes qui arrivent de la ville », ces néo-ruraux « très conscients des enjeux climatiques et avec la volonté de donner une nouvelle impulsion à l’agriculture ».

Le syndicaliste promet un « automne chaud » en actions, peut-être au prochain G7 à Biarritz fin août.

« Viser la Lune »

« Il est très important de faire capoter cette réunion et de créer un contre-sommet », a pour sa part lancé M. Roqueirol, s’adressant aux dizaines de personnes, dont une poignée de « gilets jaunes » ayant répondu à l’appel de la Confédération paysanne et rassemblées sur les bords du Tarn, à proximité du McDonald’s.

Parmi elles, Jean-André Waag, un maraîcher de 38 ans, est venu avec sa femme et ses enfants.

« L’action du McDo a changé ma vie, j’avais 18 ans à l’époque et j’ai pris conscience qu’on pouvait faire les choses autrement », confie-t-il. Lui aussi constate que les agriculteurs de son âge ne sont pas nombreux à avoir fait le déplacement. « Peut-être que la lutte syndicale n’est plus porteuse, peut-être que d’autres luttes, comme la défense des territoires, les ZAD, ont plus de sens pour eux, mais je pense qu’il faut les deux pour avancer », affirme-t-il.

Un peu plus loin, Léon Maillé, paysan du Larzac à la retraite et lui aussi incarcéré pour le « démontage » du McDo, rend hommage à « l’idée de génie » de son « compagnon de lutte ». « Il faut qu’il y ait des fous comme lui pour lancer une dynamique, il faut toujours viser la Lune, car si on la rate on tombe dans les étoiles ».

© AFP

Un commentaire

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  • OUI si nous n’attendons pas trop longtemps il est encore possible de lutter contre le changement climatique sans modifier en profondeur notre modèle économique.

    J’observe à ce sujet qu’en associant le terme « climaticide » à un accord tel que le CETA Goodplanet prends des libertés avec le dictionnaire Larousse.
    Un peu comme le porte-parole des lutins thermiques lorsqu’il utilise le terme « aquathermique » pour mettre la SOLAR WATER ECONOMY à la place qu’elle mérite.

    Voir à ce sujet
    http://infoenergie.eu/riv+ener/LT.htm

    La rivière est en colère.
    Ceci pour deux raisons :
    – Sa dépendance actuelle à l’énergie trop restrictive pourrait être améliorée
    – Elle est toujours gravement polluée