Piolenc (France) (AFP) – Les 47 000 panneaux photovoltaïques qui flottent sur l’ancienne carrière remplie d’eau brillent sous le soleil de plomb : après dix ans de gestation, la petite commune de Piolenc, près d’Orange, en Vaucluse, s’apprête à accueillir la première centrale solaire flottante de France.
Au bout d’un tortueux chemin de terre, le trou béant de 50 hectares dont le maire ne savait pas que faire s’est transformé en projet inédit où les cygnes et les canards naviguent autour des panneaux solaires qui s’étendent sur 17 hectares du plan d’eau.
O’Mega1, la plus grande centrale photovoltaïque flottante d’Europe selon son concepteur, entrera en service en septembre et peut produire jusqu’à 17 mégawatts, soit la consommation annuelle d’électricité de 4 700 foyers ou quelque 10 000 personnes. Le record mondial détenu par la Chine avec sa centrale solaire flottante de 86 hectares (l’équivalent de 120 terrains de football) et ses 160 000 panneaux pour une puissance de 40 MW reste néanmoins encore loin.
« L’eau permet de refroidir les panneaux et d’améliorer de 5 à 10% le rendement par rapport à des panneaux solaires classiques », explique Nicolas Maccioni, directeur des affaires publiques d’Akuo, la société qui a repris le projet développé par l’entreprise Ciel et Terre, pionnière dans le domaine.
Tout commence il y a dix ans, quand cette dernière entre en contact avec le maire de la commune qui a déjà transformé un premier plan d’eau, creusé pour la ligne du TGV, en base de loisir et de pêche. « Nous ne savions pas quoi faire de cet espace qu’il fallait sécuriser pour éviter les accidents », se souvient Louis Driey (DVD).
Commune à énergie positive
Un prototype de centrale de 100 m2 est installé, puis agrandi à 350 m2. Des tests en soufflerie sont effectués pour mettre à l’épreuve l’installation située en pleine vallée du Rhône réputée pour ses vents violents, mais le rendement doit encore être amélioré.
L’entreprise Akuo allège les flotteurs sur lesquels sont disposés les panneaux photovoltaïques reliés par des câbles au réseau électrique afin « d’être plus compétitifs ».
« Il n’y a pas de complexité technique particulière », explique Tristan Urtizberea, chef de projet à Akuo, mais on a eu « les difficultés d’une première française pour faire accepter le projet aux autorités ».
« Trois passages devant la commission de régulation de l’énergie seront nécessaires pour avoir les autorisations, même si le conseil municipal, lui, n’a jamais douté », assure le maire.
« Au début, on ne l’a pas fait pour le gain d’argent, on a accepté de baisser le loyer plutôt que d’abandonner le projet », poursuit le représentant de la commune qui a réinvesti la moitié des 50 000 euros de loyer dans le capital d’Akuo après avoir perçu « plusieurs centaines de milliers d’euros » à l’installation.
« Si on recouvrait l’ensemble des plans d’eau artificiels de France de panneaux photovoltaïques on pourrait arrêter dix réacteurs nucléaires », affirme le maire de 77 ans devant le plan d’eau surplombé par le site nucléaire de Marcoule…
Fier que des délégations étrangères viennent visiter le site, la commune de 5 000 habitants avec ses trois éoliennes d’un MW chacune peut désormais se targuer d’être une des rares communes à énergie positive. « Je n’écoute pas trop les politiques: les uns et les autres parlent de transition énergétique mais ne font pas grand-chose », lance l’élu.
Grâce notamment à ce démonstrateur « grandeur nature », Akuo s’est lancé dans d’autres projets similaires en Occitanie et dans le Grand Est.
© AFP
2 commentaires
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Oskar Lafontaine
On arrive bien à une puissance électrique de 1 MW crête par hectare de panneaux solaires, soit 17 MW ( mais pas de MW/h, notons le bien) pour 17 hectares.Le coût total du projet n’est pas ici rapporté mais il est clair, comme pour toutes les installations photovoltaïques actuelles depuis deux ou trois ans, que c’est très concurrentiel par rapport à du nucléaire, puisque la partie technique du projet, soit la pose des panneaux sur des flotteurs, n’a pas pris plus d’un an, donc le retour sur investissement est bien meilleur qu’en nucléaire, (15 ans pour l’EPR de Flamanville, la même durée que pour le précédent et dernier « réactueur » de la centrale de Chooz dans les Ardennes, réalisé de 1981 à 1996)) c’est déjà moins cher qu’en nucléaire par mégawatt heure d’électricité injectée au réseau, puis, comme l’usage du soleil est gratuit alors qu’en nucléaire il faut payer le coûteux et dangereux combustible uranium, tant en investissement de départ, qu’en production, c’est bien moins cher qu’en nucléaire par MW/h d’électricité injectée au réseau. Rappelons que la pose de panneaux solaires de l’actuelle technologie sur 20% seulement des surfaces de toitures déjà posées en France, suffirait à fournir plus d’électricité à l’année que le triste et lugubre nucléaire d’EDF en France, plus son hydraulique réunis. Retenons aussi que le passage obligé du projet devant une commission administrative, avec le lobby du nucléaire ainsi représenté, en avait retardé la réalisation, tellement ces fonctionnaires sont rétrogrades, attardés et ficelés au lobby du nucléaire, le pire lobby de France, celui qui lui fait perdre le plus de possibilités, d’activité, de travail et de revenus.
Dany
Il y a les plans d’eau, mais aussi les friches industrielles telles que celles des mines de potasse à Ungersheim que le maire du village à doté de panneaux.
Les possibilités sont là,
… Mais avec quelle volonté ?