Le Kenya inaugure le plus grand parc éolien d’Afrique

Des éoliennes près des rives du lac Turkana, le 29 juin 2018 au Kenya © AFP/Archives Yasuyoshi CHIBA

Des éoliennes près des rives du lac Turkana, le 29 juin 2018 au Kenya © AFP/Archives Yasuyoshi CHIBA

Lac Turkana (Kenya) (AFP) – Le président kényan Uhuru Kenyatta a inauguré vendredi le plus grand parc éolien d’Afrique, 365 éoliennes situées dans une zone semi-désertique du nord du Kenya et qui produisent plus de 15% des besoins en électricité du pays.

Construit dans une vallée aux paysages lunaires sur la rive est du lac Turkana, et dans un corridor naturel considéré comme un des endroits les plus venteux au monde, ce projet de 680 millions de dollars (600 millions d’euros) représente le plus grand investissement privé de l’histoire du Kenya.

« Aujourd’hui, nous avons à nouveau haussé la barre pour le continent alors que nous inaugurons le plus grand parc éolien » d’Afrique, a déclaré le président Kenyatta lors d’une cérémonie sur le site du projet.

« Sans aucun doute, le Kenya est en train de devenir un leader mondial en matière d’énergie renouvelable », a-t-il ajouté, au moment d’inaugurer ce projet qui a connu de nombreux contretemps, notamment lors des négociations en amont de la construction et pour la connexion du parc éolien au réseau électrique.

Bien plus ambitieux qu’ailleurs en Afrique, ce projet éolien est suivi de très près car vu comme un test pour les investissements à grande échelle dans les énergies renouvelables sur le continent, où la demande en énergie est de plus en plus grande sur fond de rapides croissances économique et démographique.

Le parc éolien produit déjà 310 mégawatts, plus de 15% des besoins en électricité du pays, où le prix élevé du courant et le manque de fiabilité du réseau sont un frein au développement des manufactures.

Corridor du Turkana

Le Kenya produit déjà l’essentiel de son énergie grâce à l’hydroélectrique, la géothermie ou l’éolien, et ce nouveau parc s’inscrit dans le cadre de sa volonté de produire 100% de son énergie grâce à des sources renouvelables d’ici à 2020.

Les défenseurs de l’environnement estiment toutefois que le gouvernement trahit cette volonté avec un projet de centrale à charbon sur la côte, dans le comté de Lamu, qui a toutefois été suspendu par la justice et est jugé inutile par de nombreux observateurs.

L’installation des éoliennes, à un rythme de plus d’une éolienne par jour, a été achevée en avance sur le planning.

Hautes de près de 50 mètres et fabriquées par le Danois Vestas, elles ont été transportées par la route depuis le port de Mombasa, à quelque 1 200 kilomètres de là. Le modèle d’éolienne a été dessiné pour que ses différentes pièces puissent s’emboîter « comme des poupées russes », et ainsi faciliter leur transport, selon Vestas.

Quelque 200 kilomètres de piste ont été recouverts de tarmac, permettant de réduire drastiquement la durée du trajet. Plus de 2 000 trajets ont finalement été nécessaires pour acheminer tout le matériel jusqu’au bord du lac Turkana, surnommé la « mer de Jade » pour ses célèbres reflets.

Ces éoliennes ont été spécialement conçues pour endurer les vents du « corridor du Turkana », formé par le relief et qui offre toute l’année des conditions de vent optimales. Au point d’être jusqu’à deux fois plus efficaces que pour des projets éoliens similaires en Europe et en Amérique.

« C’est sans précédent, c’est un des endroits les plus venteux au monde, et ce de manière régulière », a décrit à l’AFP Rizwan Fazal, directeur exécutif du projet Lake Turkana Wind Power.

Signal fort

Le parc éolien a été achevé en mars 2017, mais n’a pu être connecté au réseau électrique kényan que 18 mois plus tard, en septembre 2018. En cause, des problèmes dans le financement de la ligne électrique ad hoc de 428 kilomètres, ainsi que pour l’acquisition de terrains pour la construire, des responsabilités incombant à l’État.

« Le parc a été construit à temps, mais on ne peut opérer le projet que si on peut amener l’énergie au client », a souligné Catherine Collin, directrice pour l’Afrique de l’Est à la Banque européenne d’investissement.

Le projet a bénéficié d’un prêt de 200 millions de dollars (178 millions d’euros) de l’Union européenne et du financement d’un consortium de sociétés européennes et africaines.

« C’est clairement un jour historique », s’est lui réjoui M. Fazal. « Cela envoie un signal fort au sujet du Kenya : nous sommes mûrs pour des projets de cette ampleur ».

© AFP

Un commentaire

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    • Oskar Lafontaine

    La comparaison du coût de l’investissement de ce parc avec, par exemple, le calamiteux EPR de Flamanville est éloquente puisque chaque Mégawatt de puissance installée de l’EPR revient à 6,8 millions d’euros (divisions du coût actualisé du projet EPR de 11 milliards d’euros par sa puissance de 1650 MW) , alors que la réalisation de ce parc au Kenya 600 millions d’euros pour 310 MW, revient à moins de deux million d’euros par MW (division du coût par la puissance). Même en retenant une production annuelle d’électricité inférieure de plus de la moitié pour ce parc éolien kenyan, très bien positionné, selon l’article, question vent, il reste que par rapport par rapport à l’EPR, on constate qu’en investissement de départ, l’éolien est toujours moins cher d’un tiers au moins. De plus, et en frais de fonctionnement, l’usage du vent étant gratuit alors qu’il faut payer le combustible uranium utilisé par un « réactueur » nucléaire et tout le personnel de haut niveau nécessaire près d’un « réactueur » nucléaire 24 heures sur 24 et 365 jours par an, il est clair que l’électricité produite à partir de ce parc sera bien moins onéreuse, au moins moitié moins onéreuse, que celle issue du calamiteux EPR de Flamanville, qui aurait de plus besoin de 60 années de fonctionnement, et sans travaux d’entretien importants sur la durée, ce qui est très improbable, pour être amortissable, alors que le parc éolien s’amortit en moins de 30 ans et que le changement d’une turbine d’éolienne ou d’un rotor, dont, de plus, les coûts de construction sont en baisse continue de plus de 7% par an, sont d’un coût faible et vite réalisés en comparaison de travaux nucléaires, qui, de plus, nécessitent l’arrêt complet pendant des mois du « réactueur », donc aucune production d’électricité, alors que sur un parc éolien, toutes les éoliennes ne tomberont pas évidemment en panne en même temps et donc qu’il y aura toujours une production d’électricité. Le nucléaire, au Kenya ou ailleurs, n’a plus aucune rentabilité, en plus d’être complexe et très dangereux, face à la montée en puissance des renouvelables.