G20 divisé : l’engagement pour le climat loin d’être acquis

Emmanuel Macron et Donald Trump au sommet du G20 à Osaka, le 28 juin 2019 © POOL/AFP Jacques Witt

Emmanuel Macron et Donald Trump au sommet du G20 à Osaka, le 28 juin 2019 © POOL/AFP Jacques Witt

Osaka (Japon) (AFP) – Dans un G20 divisé, il n’est pas acquis que le président français Emmanuel Macron parvienne à convaincre ses homologues de marquer dans leur communiqué final d’Osaka un engagement ferme pour le climat, lui qui a fait de « l’ambition climatique » une « ligne rouge ».

La France en a fait « la priorité » du sommet : obtenir que les leaders des grandes puissances mondiales, hors États-Unis, réaffirment samedi leur engagement à lutter contre le réchauffement climatique, en s’appuyant sur l’accord de Paris signé en 2015.

Mais « ce n’est pas acquis », a reconnu vendredi l’Élisée. Qui craint que le président américain Donald Trump ne réussisse à convaincre d’autres dirigeants de suivre son exemple en tournant le dos à cet accord international. « Ce ne serait plus 19+1 (19 membres face aux États-Unis), mais 18+2 ou 17+3…, ce qui serait pour nous inacceptable », selon un membre de l’entourage du président français, qui cherche à gagner à l’international une image de champion de l’environnement qu’il peine à imposer en France.

Emmanuel Macron a fait monter la pression en fixant une « ligne rouge » : la France ne signera pas la déclaration finale du sommet si elle ne défend pas « l’ambition climatique », alors que Donald Trump peut compter sur plusieurs potentiels soutiens dans le groupe des 20 pays les plus puissants du monde : le Brésil de Jair Bolsonaro, ou des alliés historiques comme l’Arabie saoudite ou le Japon, pays hôte.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe « a promis de donner dans les débats la priorité au changement climatique, avec le commerce. Mais les indices permettent de dire qu’il est peu probable qu’il puisse faire plus que ses prédécesseurs. Le Japon, favorable au charbon, semble préférer un communiqué minimaliste plutôt que de stigmatiser les États-Unis », estimait avant le sommet Fernanda de Carvalho, une responsable de l’ONG WWF.

Le projet de communiqué circulant avant le début de G20 ne mentionnait pas « réchauffement climatique » et « décarbonisation », selon des informations de presse, illustrant la sensibilité du dossier.

Un refus d’endosser le communiqué serait une première diplomatique pour la France dans l’histoire des sommets du G20, qui se terminent généralement sur une déclaration consensuelle, fruit de délicates négociations menées dans les coulisses par les « sherpas » des dirigeants.

Le chef de l’État assume, en prenant l’opinion comme témoin. « Nos concitoyens, à juste titre, vont nous dire : Vous allez à l’autre bout du monde. Vous quittez le pays pour quatre jours. Votre bilan carbone est discutable et vous mettez des mots sur une page qui ne sert à rien ? », justifie-t-il.

L’Élisée affirme que la position de la « ligne rouge » est partagée par les dirigeants des autres pays européens membres du G20, comme l’Allemagne, ainsi que par le Canada.

« Foi des convertis »

Mais certains ne partagent pas sa détermination à bloquer des accords commerciaux entre l’UE et des pays se désengageant de l’accord de Paris, comme il menace de le faire avec le Mercosur si le Brésil prenait cette décision.

Sur le climat, Emmanuel Macron affirme avoir « la foi des convertis récents ». Après avoir pris véritablement conscience de son enjeu central au « second semestre de l’année dernière », période marquée par la démission de son emblématique ministre de l’Écologie Nicolas Hulot et le début de la mobilisation des jeunes contre l’inaction des Etats.

Àl’étranger, il avait marqué les esprits dès 2017 en détournant le slogan de campagne de Donald Trump « Make America Great Again », en « Make Our Planet Great Again », lorsque ce dernier avait annoncé le retrait des États-Unis de l’accord de Paris. L’année suivante, il avait reçu le prix de « champion de la Terre » décerné par les Nations unies.

En France cependant, les critiques restent plus nombreuses que les louanges, les ONG regrettant régulièrement que les discours volontaristes du président ne se traduisent pas dans les faits. Cette semaine, les experts indépendants du Haut conseil pour le climat (HCC), mis en place par Emmanuel Macron, ont jugé que, malgré des « objectifs ambitieux », les actions engagées par le gouvernement étaient « insuffisantes ».

© AFP

7 commentaires

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  • Pour que les actions engagées par le gouvernement soient jugées comme suffisantes ou non, la moindre des choses serait que les experts indépendants du Haut conseil pour le climat (HCC), mis en place par Emmanuel Macron divulguent au commun des mortels comme je l’ai fait moi-même dans mon site sur l’énergie http://www.infoenergie.eu quel est la nature de ces « objectifs ambitieux ».

    Ceci de telle sorte que les sociétés et les organismes susceptibles de les mettre en œuvre réagissent et formulent leur opinion sur leur bien-fondé de telle sorte que l’on puisse enfin passer à l’action

    faut-il rappeler que les pays en voie de développement prenant exemple sur nous pays dit développés et membre du G20 c’est à nous qu’il appartient de montrer l’exemple de ce qu’il faut faire

    ».

  •  » Là où se trouve une volonté, il existe un chemin « . Winston Churchill .

    • J’ai écrit dans mon livre sur l’énergie qu’il allait être nécessaire de franchir le long chemin qui mène à la transition énergétique plus rapidement et sans trébucher. Ceci avec le risque que cela comporte vu que ce chemin tortueux trace sa route entre deux précipices : d’un côté « le conservatisme », de l’autre et selon la nature du relief, l’ignorance, le mensonge, l’obscurantisme ou la bêtise humaine.

      Cette citation de Winston Churchill me fait regretter encore plus fort que l’Angleterre ait pris la décision de ne plus être européenne. Autant dans son intérêt que dans le nôtre.

  • Certes, l’Angleterre commet l’erreur magistrale de s’éloigner de l’Europe qu’elle sauva du pire lors de la Dernière ( vous dites ? ) Guerre Mondiale, grâce au génie de Winston Churchill.
    Cependant, le Mouvement de plus grande Résistance au Chaos Climatique, le plus lucide est de nouveau Anglais. Naissance: 2018, porté par des professeurs d’Université.
    Nom: EXTINCTION REBELLION. Drapeau: Un X dans un Cercle = un Sablier au coeur de la Terre.
    Revendications Majeures:
    Déclaration Gouvernementale de l’Urgence Climatique, CLIMATE EMERGENCY.
    NEUTRALITÉ CARBONE non pas en 2050 ( Risque d’effondrement ) mais dès 2025.

  • OUI Mr Goube si ma mémoire ne me fait pas défaut il me semble avoir deja pris connaissanceen lors de mes nombreux contact avec batiactu de ce
    CLIMATE EMERGENCY.
    NEUTRALITÉ CARBONE.
    Une déclaration gouvernementale anglaise stipulant que pour éviter le chaos climatique la neutralité carbone ne doit pas être pour 2050 mais pour 2025

    dans ce cas il est difficile de comprendre cette orientation anglaise vers les centrales nucléaires type EPR. Les anglais sont loin d’être idiots et je n’ose imaginer qu’ils n’ont pas perçu qu’en passant par la case thermique comme cela est le cas avec l’atome, cela conduit à un rendement voisin de 30 %. Ceci ayant une conséquence : les 70 % restant réchauffent notre environnement ce qui aggrave encore la situation

    à ce sujet l’intérêt de l’Angleterre n’aurait-il pas été plutôt de produire plus économiquement l’électricité avec le solaire voltaïque et de s’en servir pour chauffer l’habitat avec le chauffage thermodynamique en refroidissant l’environnement au lieu de le réchauffer?

    • Claude Renaud

    L’épisode climatique que nous vivons actuellement, nous laisse entrevoir ce qui nous attend dans
    un avenir très proche. Moi qui suis optimiste par nature, pour le coup, je ne crois plus à rien.
    On ne nous dit pas : nous allons agir demain ! Nos dirigeants en sont incapables, parce qu’il leur
    faut des décennies pour se mettre d’accord. En plus, tout le monde triche. Ce qui est terrible,
    c’est qu’il n’y a plus de crédibilité. Chacun voulant tirer la couverture à soi. On nous parle d’urgence
    climatique à tout bout de champ. Tous les politiques se sont emparés du mot « écologie » sans
    savoir ce que cela veut dire. La preuve : on nous prédit une neutralité carbone en 2050. Comme si
    on pouvait se permettre d’attendre 30 ans pour agir. Combien de milliards de tonnes de carbone
    va-t-on accumuler dans l’atmosphère pendant ces 30 années? Aidés par la fonte du permafrost,
    qui libère de plus en plus de méthane. Nous ne contrôlons plus rien.
    Ce qui nous attend en 2050; c’est plutôt : 3 degrés de plus et une élévation des océans de 2 mètres.
    Sans parler de l’effondrement de notre système économique qui est basé sur du sable.
    Plus rien ne va plus, faites vos jeux !!!

  • je crains que vous n’ayiez raison Mr Renaud

    je croyais avoir compris que les Français étaient invités ici à exprimer leur opinions sur ce qu’il leur semble raisonnable de faire pour lutter contre le réchauffement climatique. Ceci en collaborant avec le Haut conseil pour le climat (HCC) mis en place par Emmanuel Macron pour que les objectifs ambitieux fixés par les accords de Paris sur le climat soient suivis d’actions suffisantes à la hauteur du besoin.

    Très déçu de voir que mes propos concernant l’avenir de l’hydrogène dans le contexte de nos futures chaînes énergétiques aient
    été refusés par Goodplanet en prenant comme prétexte la modération. Je ne vois en effet rien de répréhensible lorsque
    j’explique que la méthode consistant à fabriquer l’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau me semble être préférable à celle
    consistant à fabriquer ce gaz à partir de la combustion des produits fossiles.
    Je ne vois non plus rien de condamnable lorsque j’explique que Paris ne s’étant pas fait en un jour, il y aura très probablement une période transitoire préliminaire à l’hydrogène.
    Une période pendant laquelle les systèmes hybrides associant la combustion et électricité prendront place. Ceci non seulement pour la mobilité comme je viens de l’expliquer à propos du périphérique parisien mais aussi pour le chauffage urbain et les
    équipements fixes au sol

    je ne vois rien qui doivent être sujet à
    censure lorsque je demande en tant que français ce qui me semble relever du bon sens, à savoir

    – une action forte de l’État concernant le chauffage de l’habitat pour remplacer les chaudières du type fioul et gaz par des chaufferie hybride avec pompes à chaleur en reseau comme cela a d’ailleurs été suggéré au HCC par Jean-Marc Lancovici. voir
    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/WA-retrospective.pdf

    – que le HCC s’implique pour interdire l’exploitation du pétrole par Total en Ouganda

    – que le HCC s’implique dans d’autres formes d’actions plus intéressantes pour l’État et pour l’individu que celle consistant à sanctionner financièrement les immeubles du type passoires thermiques. Forme d’actions qui sont développées dans mon site sur l’énergie http://www.infoenergie.eu

    ceci d’autant que tous mes travaux à ce sujet ne sont pas rémunérés ce qui n’est pas le cas des prestataires du HCC si j’en crois une vidéo de Jean-Marc Landovici

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