Bar-le-Duc : débat public sur les déchets nucléaires ou un dialogue de sourds

Le laboratoire d'un futur site d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure dans la Meuse, le 16 avril 2018 © AFP/Archives FRANCOIS NASCIMBENI

Le laboratoire d'un futur site d'enfouissement de déchets nucléaires à Bure dans la Meuse, le 16 avril 2018 © AFP/Archives FRANCOIS NASCIMBENI

Bar-le-Duc (AFP) – Les inquiétudes sur l’implantation d’un centre d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse) ont dominé jeudi soir à Bar-le-Duc un débat national organisé sur la gestion des matières et déchets radioactifs, perturbé par des antinucléaires.

Dans le cadre du 5e Plan national pour la gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) 2019-2021, une série de réunions publiques est organisée dans toute la France depuis mi-avril et jusqu’au 25 septembre.

L’objectif est d’apporter des éléments d’information à la population et, en dépassant les clivages, de recueillir le point de vue des citoyens.

Le thème retenu pour la soirée de débat, »les alternatives au stockage profond », a attiré 190 personnes, réunies dans un gymnase.

Rapidement, le débat public a été vif et les échanges ont été parfois tendus entre les experts et les participants.

« Dans cette région, vous êtes sensibles, plus que quiconque, à ce sujet qui reste national », avait souligné en préambule Isabelle Harel Dutirou, présidente de la Commission particulière du débat public (CPDP).

« Nous allons essayer de vous apporter des éléments d’analyse et de réflexion scientifiques. Où en est la recherche ? Quels sont les choix des autres pays ? », a-t-elle prévenu.

À une quarantaine de km de Bar-le-Duc est installé le Centre industriel de stockage géologique (Cigéo), qui vise à enfouir à 500 m sous terre quelque 80 000 m3 des déchets les plus radioactifs ou à vie longue du parc nucléaire français.

Une « mascarade » 

Très vite, des militants antinucléaires, assis aux premiers rangs, ont applaudi, avec un entrain feint, lançant des faux « Bravo ! », les interventions notamment sur les alternatives au stockage géologique profond, l’option d’entreposage en attente d’une solution et la transmutation des déchets nucléaires.

À l’extérieur, des opposants avaient déployé une banderole jaune et noire, intimant : « Les déchets à l’Élysée ! ». Et au sol, sur des feuilles blanches, des messages : « Débat public ? Enfumage garanti », « Enfouissement des déchets nucléaires = explosion assurée ».

Des militants, riverains et associations locales, opposés au projet Cigéo, avaient aussi annoncé qu’ils ne participeraient au débat, jugé inutile, étant donné que, selon eux, les choix sont déjà faits.

Après une bonne heure de présentation, deux femmes blondes, avec des lunettes de soleil, ont interpellé la présidente du débat.

« Est-ce je peux encore faire des enfants en Meuse ? Est-ce que mes enfants auront trois bouches et quatre yeux ? », lui ont-elles demandé sur une voix mécanique, à tour de rôle.

Le micro a ensuite circulé parmi les participants, dans une ambiance plus apaisée.

« On a des déchets, à nous de nous débrouiller avec ça. Ils sont là, qu’est-ce qu’on en fait ? », a dit, avec un air d’impuissance, « un opposant depuis 50 ans ».

« Le sud de la Meuse est sinistré », a déploré un autre vieil homme, observant au passage qu’aucun des organisateurs n’habitait dans la région.

« Pourquoi Cigéo finance les communes par l’intermédiaire d’un groupement d’intérêt public ? Pour compenser un désavantage ? », a demandé un retraité.

Tour à tour, les thèmes de l’héritage pour les générations futures, les risques de fuites de radioactivité, la sismicité ou le coût des installations ont été abordés par les participants.

« C’est une belle façade, on est là pour débattre sauf que des copains sont en prison. On n’accepte pas cette mascarade », a dit un homme en distribuant des tacts à l’entrée.

Un rapport de la Ligue des droits de l’Homme, publié jeudi, préconise de dessaisir le tribunal correctionnel de Bar-Le-Duc des procédures lancées contre les militants anti-Cigéo, déplorant une « absence de sérénité » et l’attitude des magistrats lors des audiences.

Des représentants de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), du CNRS, de la CPDP et un physicien nucléaire ont répondu à chaque interrogation et tenté d’apaiser les craintes.

Après deux heures d’échanges, Mme Harel-Dutirou a clos le débat, applaudie par une partie de la salle. « C’est notre rôle de retranscrire votre parole, j’espère qu’elle sera entendue », a-t-elle souligné au cours des échanges.

© AFP

4 commentaires

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    • Oscar Lafontaine

    Le stockage prévu à Bure, à l’échelle des temps géologiques, est tout ce qu’on voudra, sauf profond. Il ne présente strictement aucune sécurité passé quelques siècles ou milliers d’années, alors qu’il devrait « tenir » des dizaines de millions d’années et plus encore. Ce stockage est une idée, « aussi sotte que grenue », sortie du cerveau enfumé de rêves nucléaristes virés au cauchemar, des habituels nucléocrateux de ministères, race la plus méprisable qui soit sur Terre, après, évidemment, celle des crapauds.
    L’idéal sera d’envoyer tous ces mortels déchets radioactifs et poisons chimiques violents en même temps, en orbite autour du soleil, atteindre le Soleil lui-même étant trop coûteux, mais sur une orbite qui, évidement ne recouperait jamais l’orbite terrestre, donc ne pas en faire des « géo-croiseurs », pour une durée statistiquement d’un milliard d’années au moins, bien entendu quand on saura le faire à faible coût et en sécurité, soit, on l’espère, d’ici un ou deux siècles.
    D’ici là une solution provisoire sera, dans une quinzaine d’année j’espère, de les envoyer à plus de 3000 mètres sous terre, en recourant aux techniques de forages pétroliers, donc sans aucune intervention d’ouvriers et techniciens à ces profondeurs, chaque puits creusé pour, en euros d’aujourd’hui, un million d’euros, ou même moins, devrait, à cette profondeur un peu plus sérieuse que les 500 mètres ridicules à peine de Bure, pouvoir abriter quelques tonnes ou dizaines de tonnes de ces super-ordures supérieurement mortelles.
    Le recours au nucléaire pour produire de l’électricité, ce qui présente infiniment plus d’inconvénients que d’avantages, fut une gigantesque ânerie édifiée sur une montagne de mensonges d’Etat empilés en couches successives. Le nucléaire n’a tenu aucune de ses promesses au point qu’il ne lui reste plus, pour se défendre, ce qui est faux en plus, que l’argument vaseux mais d’abord mensonger, que le recours à cette erreur profonde de briser des atomes d’uranium qui n’avaient rien demandé, ne rejetterait pas de gaz carbonique, argument qui n’avait d’ailleurs jamais figuré parmi ceux, économiques et d’indépendance nationale, battus en brèche depuis par les réalités, et qui ne fut employé qu’à partie des années 1995, soit vingt ans au moins, après le lancement de ce « crime aggravé contre l’Humanité », que constitue l’activité nucléaire productrice d’électricité, et n’avait donc pas pu participer à la prise aberrante de cette immensément criminelle décision de politicards-politiqueux, tous largement, à côté de leurs pompes.
    Il ne fallait pas ouvrir la boite de Pandore de l’électronucléaire.

  • Voir pour info l’extrait de mon livre sur ce sujet

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/ESR-stockage-dechet-radioactif.pdf

  • https://youtu.be/zjn1KGCNy_K

    Les pyramides, bibles de pierre.

    Homme, homme tu cours bien vite pour lancer tes satellites
    Aucun progrès ne peut se faire si le passé t’indiffère
    Regarde un peu ces pyramides qui furent bâties bien avant Rome
    N’est-il pas là ce précieux guide : le Grand ‘œuvre qu’on cherche en somme
    Parmi les sept merveilles du monde que les poètes glorifièrent
    Victor Hugo des plus lucides

    Décrit la Grande Pyramide la surnomma Bible de pierres
    Observez bien les pyramides des blocs de pierre tellement parfaits
    Grâce à l’outil qui les taillait Certaines rumeurs parlent de laser
    Le message me semble clair Permettez-moi cette hypothèse

    De la chanter me met à l’aise
    Qui dit laser dit nucléaire pour éclairer ce grand mystère
    Comment pourquoi ces pyramides ?

    Des pyramides…suis-je stupide
    Mais je m’inquiète pour les techniques
    Qui gèrent les déchets atomiques
    Ça ressemble plus à du suicide

    Chers marchands de nucléaires pourquoi ne pas faire des pyramides
    Pour y stocker toutes ces matières dans les endroits les plus arides
    Loin des rivières sources de vie
    De toutes les mers qui en ont marre des marées noires

    Des pyramides
    Allons bâtirent des pyramides
    Avec tous ceux qui cherchent à faire
    Avant que tout ne soit plus que désert
    Sauvons la Terre avec l’aide des pyramides

    Rien que de penser aux pyramides
    On oublierait de faire la guerre
    Les nations même les plus rudes
    Devront s’unir du Nord au Sud

    Les bâtisseurs d’empires le défi est de taille
    Le germe de vos idées naîtrait des entrailles
    De celles que le poète perçut comme une bible
    Une bible de pierre pour retrouver la Foi
    De plusieurs millénaires… sonne bien fort le glas

    De toutes ces guerres pour qu’on puisse enfin vivre en paix.

    • Michel CERF

    Il fait bon rêver mais cela ne mène à rien , on peut aussi critiquer , mépriser , c’est facile et ça ne coûte rien , tout cela est affligeant .