Nantes (AFP) – « Vous êtes en train de nous enfumer ! » : 450 personnes ont participé mardi à Nantes, dans une ambiance houleuse, à la première réunion publique sur le projet de réaménagement de l’aéroport Nantes-Atlantique, sur la table après l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes.
« C’est une concertation de ravalement de façade, une concertation de dupes », lance au micro Joël Sauvaget, président du Collectif des citoyens exposés au trafic aérien (COCETA). Ce collectif de riverains de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique a déposé le 21 mai un référé devant le Conseil d’État pour suspendre la concertation publique qui doit durer jusqu’au 31 juillet, parce qu’il l’estime biaisée et trop restrictive.
Son discours à peine terminé, le tribun, en chemise à carreaux, se fait généreusement applaudir par une salle comble : une standing ovation nourrie par le sentiment, majoritaire, que le transfert de l’aéroport, actuellement enclavé dans une zone urbanisée, demeure la seule solution viable pour l’avenir.
Mais cette option n’apparaît pas parmi les cinq scénarios présentés par la direction générale de l’aviation civile (DGAC), maître d’ouvrage du futur chantier de réaménagement qui pourrait s’étaler de 2022 à 2025. Le maintien de la piste actuelle, un allongement de 400 m, un autre de 800 m, les créations d’une piste transversale ou d’une piste en « V » sont évoqués… mais le transfert est devenu tabou depuis la déroute du projet de Notre-Dame-des-Landes, finalement abandonné par l’État le 17 janvier 2018.
Tour à tour, neuf intervenants se succèdent sur scène : ils ont chacun cinq minutes pour exposer leur point de vue. À l’applaudimètre, c’est sans conteste les partisans pro-transfert qui emportent les suffrages du public, déçus par une consultation locale en 2016, 55% de « oui » pour le transfert restée vaine.
« Je sais l’amertume qui en résulte, la déception qui en résulte », tente Claude d’Harcourt, le préfet de Loire-Atlantique, sans cesse harangué durant son discours.
« Comment voulez-vous qu’on s’inscrive dans une telle consultation quand notre vote a été bafoué ? C’est impossible. Transfert, rien d’autre ! », renchérit un citoyen de Rezé, concerné par le survol des avions. Vingt-quatre communes de l’agglomération nantaise demandent d’ailleurs l’interdiction des vols de nuit pour diminuer les nuisances sonores.
« Interrogations légitimes »
Parmi les prises de parole qui s’enchainent dans une ambiance fébrile, tournant parfois à la cacophonie, des inquiétudes se font entendre sur la sécurité aérienne et l’enjeu sanitaire induit par l’activité croissante des avions au-dessus des habitations et des établissements scolaires, malgré des mesures contre les nuisances aéroportuaires prévues par le fonds de compensation de l’État.
La concession de l’aéroport, géré par Vinci, doit être renouvelée en 2021 sur fond de développement exponentiel : le trafic aérien, de plus de 6,2 millions de passagers en 2018, devrait passer à 9,4 millions en 2030, voire 11,4 millions en 2040, selon les hypothèses de croissance de la DGAC, contestées par le COCETA.
« Au total, entre 470 et 990 millions d’euros selon les options retenues » seront nécessaires pour les travaux de réaménagement, sans versement de subvention publique, rappelle Yoann La Corte, directeur de projet Nantes-Atlantique à la DGAC.
Mais la salle écoute à peine… Les échanges, passionnels, sont surtout un moyen pour les riverains de refaire le match perdu contre les opposants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
« Pour nous, ce n’est pas évident d’être dans cette salle avec des habitants qui ont des interrogations légitimes, mais qu’est-ce qu’on fait ? » s’interroge M. La Corte, évoquant « la transparence » des débats.
« Transfert ! transfert ! transfert ! », lui répondent les participants, claquant des mains, avant de se lever pour quitter la salle, visiblement agacés, après trois heures d’un dialogue de sourds.
© AFP
9 commentaires
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Claude Renaud
Une éolienne, oui, mais pas dans mon jardin ! Les avions, oui, mais pas au-dessus de ma tête !
Si je comprends bien, tout le monde veut prendre l’avion, mais personne ne veut être dérangé.
Quand on voit les projections de croissance, le ciel va s’encombrer de plus en plus et la pollution
déjà importante va s’accentuer encore. Le « toujours plus va nous faire crever ».
2030, 2040 ? et en 2060 ? Mais oui c’est vrai ! J’avais oublier, le pétrole est inépuisable et il sera
toujours bon marché. Suis-bête !
Ma femme et moi, il y a 13 ans que nous avons arrêté de prendre l’avion, et on ne s’en porte pas plus
mal. Et pourtant nous adorions voyager.
morvan
tu peux aussi arrêter la viande la voiture , l’éclairage , te chauffer bref retour aux source a l’homme préhistorique a non ces cons il faisais du feux les cons
etc etc etc
ce n’est pas les avions le probleme mais le petrole le probleme
développons des énergies nlle et non l arrêt du monde moderne et de sont épanouissement
les voyages ca forme la jeunesse sic épanouissement échange compréhension des cultures des peuples mode de vie etc etc
je pleins ce qui ne voie pas derrière leurs porte
Claude BRUHIN
Cher Monsieur Morvan,
puis-je vous faire l’amical reproche de ne pas connaître la situation mondiale dans le domaine environnemental et climatique?
La civilisation industrielle est en train de mettre fin à l’aventure humaine.
Pour ne pas commettre un crime contre l’humanité et la planète, arrêtez de prendre l’avion (sauf bien sûr en cas d’extrême nécessité).
Plutôt que de railler Mr Renaud, tombons d’accord pour faire découvrir le monde à tous les jeunes du monde à bord de bateaux fonctionnant à la force du vent et du soleil et recyclant leurs déchets.
Pour survivre, faisons preuve d’imagination, innovons au lieu de reproduire la civilisation du XXème siècle.
Claude Bruhin Marseille bruhinpointclaudearobaseorangepointfr
Archie
Mais si mais si, surtout la viande, rouge. Vous y verrez plus clair. Ni les avions, ni le pétrole sont des problèmes. C’est notre avidité qui bientôt fera pschitt….
Gabrielle
Morvan, revoyez votre orthographe avant de donner votre avis.Merci quant à Claude Renaud, le problème de Nantes est très grave, un avion toutes les trois minutes décollent, atterrissent, parfois attendent d’atterrir, le bruit est terrible;, c’est pour cela que le terrain de Notre Dames des Landes avait été choisi, pour décongestionner Nantes.;on ne parle pas de ceux qui prennent l’avion, on parle de ceux qui habitent en dessous, car il faut bien savoir que souvent l’aéroport en s’élargissant ou fait partir les propriétaires ou sont si près de leur maison. Et selon les vents, l’avion change. alors, nous avons le bruit sur la tête, les résidus gras, il faut se laver les cheveux tous les quatre jours, et la poussière et le gras qui se dépose aux ouïes des fenêtres via les rideaux, quant aux voyages qui forment la jeunesse,Morvan repassez,car si l’on regarde l’émission à la TV concernant les contrôles à la douane, surtout Australie la plus intolérante, ces voyageurs n’ont pas l’air de vouloir s’instruire.
Rulens
Bravo ! Il en faudrait plus comme vous…..
Cette augmentation du trafic m’angoisse et me fais craindre un avenir irrespirable pour nos enfants
Claude BRUHIN
Bravo Claude Renaud!
Vous êtes des gens intelligents et responsables.
Claude Bruhin
cpointbruhinarobaseorangepointfr
Archie
Moins mais mieux ? Rationner ? Un voyage « culturel » par an ? Facile à dire
quand on a terminé le tour du monde, pas connu le sida et le chômage ?
Grossmann
Pas yrop de pessimisme il y a certainement des solutions.
J’ai déjà fait un article relativement détaillé à ce sujet sur goodplanet que je n’arrive pas à retrouver mais je tiens à redire que je suis surpris de voir que l’on évoque rarement le fait qu’il serait possible de construire des ailes volantes pouvant se passer du kérosène grâce au soleil
Ceci en retenant un profil épais conçues pour la basse vitesse et remplies à l’hélium à l’exception de la zone habitable
Il existe actuellement des stratifiés carbone-résine particulièrement résistants et peu dense d’ailleurs dejà utilisés actuellement dans l’aviation qui pourraient constituer la structure de ces ailes volantes.
Leur motorisation serait assuré par des moteurs électriques à courant continu alimentés par l’électricité produite par un gigantesque panneau solaire voltaïque implanté sur leur extrados.
La vitesse ne serait évidemment plus celle du Concorde et serait plutôt limitée à enviton 150 km heure une vitesse supérieure à celle pouvant être obtenu avec les bateaux sur foils
Pour ne pas trop rallonger les pistes d’aviation des batteries seraient embarquées pour accroître la puissance au décollage et éviter de perdre trop d’altitude la nuit lorsque le soleil fait défaut
On mettrait seulement 5 fois plus de temps pour traverser l’Atlantiqueun peu comme une pompe à chaleur ayant un COP de 5 qui consomme 5 fois moins d’énergie pour assurer le chauffage de l’habitat