Emmanuel Macron recadre le débat sur la fiscalité carbone

fiscalité carbone

Emmanuel Macron lors d'une rencontre avec des jeunes dans le cadre du grand débat national à Etang-sur-Arroux, en Saône-et-Loire, le 7 février 2019 © AFP/Archives Ludovic MARIN

Paris (AFP) – A peine relancé, le débat sur la taxe carbone a été immédiatement recadré mercredi par Emmanuel Macron, pour qui une « hausse de la fiscalité » n’est pas la réponse à la « colère » exprimée par le mouvement des « gilets jaunes ».

« Le président a souligné que nous étions entrés dans ce moment, le 17 novembre dernier, suite à une hausse de la fiscalité et ce n’est sans doute pas par une hausse de la fiscalité qu’on répondra à la colère qui s’est exprimée », a déclaré le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à la sortie du Conseil des ministres.

« Le président de la République l’a rappelé: sa conviction c’est que nous ne sortirons pas d’une crise qui a commencé par un impôt supplémentaire, en en créant un nouveau », a insisté M. Griveaux, selon lequel la question posée par le grand débat est davantage celle de « l’accompagnement » des Français dans la transition écologique que la hausse des taxes.

Accusée d’avoir mis le feu aux poudres à l’automne dernier, la taxe carbone avait été sacrifiée sur l’autel des « gilets jaunes ». Mais depuis le début de la semaine, les avocats de cet « outil efficace », ministres ou députés, ont retrouvé de la voix, même s’ils ont bien conscience de marcher sur des œufs.

Brune Poirson, secrétaire d’État à la Transition écologique, avait allumé la mèche dimanche en défendant un « outil en faveur de la transition écologique, qui a un vrai impact parce qu’il envoie un signal prix qui permet aux gens de changer leur comportement ».

Le lendemain, elle recevait le soutien de sa collègue Emmanuelle Wargon, l’une des deux animatrices du grand débat, et du patron de La République en marche, Stanislas Guerini, qui invitaient à en débattre.

La hausse de la taxe carbone, prévue dès 2014, avait été suspendue puis annulée pour 2019, mais le gouvernement est resté flou pour 2020 et au-delà, renvoyant au grand débat.

« Aujourd’hui je ne vois pas d’hypothèse dans laquelle on peut facilement repartir avec une augmentation de cette taxe, ça, c’est clair. Mais il faut se poser la question du système fiscal qu’on veut », avait prudemment expliqué Édouard Philippe fin janvier sur France Inter.

Mais les défenseurs de la taxe ont l’impression de bénéficier de nouveaux vents porteurs, alors qu’un collectif d’étudiants d’Ile-de-France appelle à faire grève et à manifester vendredi pour que « cesse l’inaction politique face au dérèglement climatique ».

A l’initiative du député Matthieu Orphelin (ex-LREM), un proche de Nicolas Hulot, une tribune signée par 86 députés plaide dans Le Figaro de mercredi pour « une fiscalité carbone juste socialement ».

Les représentants de cinq groupes politiques ont signé cette tribune, mais pas les députés Les Républicains, LFI ou du Rassemblement national.

Mais attention! « Ce n’est pas le retour de la taxe carbone telle qu’elle a été envisagée et qui a été la goutte d’eau ou l’étincelle qui a lancé cette mobilisation des +gilets jaunes+ », a averti sur Franceinfo M. Orphelin, désormais député non-inscrit, qui ne veut pas « refaire l’erreur » de 2018.

La tribune serait plutôt selon lui un appel « à une réflexion globale (sur) une fiscalité écologique plus juste socialement ».

Cet appel a immédiatement reçu des renforts de poids, assortis toutefois de précautions.

« Reprendre la hausse de la taxe carbone ? J’y suis favorable sous certaines conditions. Le Grand Débat est l’occasion d’en discuter », a réagi sur Twitter le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

« Il ne faut pas que ce soit une taxe vache à lait, il faut que ce soit une taxe comportementale. Ça suppose que les recettes de cette taxe aillent intégralement à ceux qui en ont le plus besoin », a mis en garde Brune Poirson sur le site l’Opinion.

Ce retour de la taxe carbone a déclenché une levée de boucliers d’une partie de l’opposition, de gauche comme de droite.

« Ceux qui ont signé n’ont vraiment rien compris, le gouvernement non plus, la taxe revient par la fenêtre alors qu’elle avait été éjectée par la porte, c’est ahurissant », s’est notamment indigné le député LR Éric Ciotti.

© AFP

6 commentaires

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  • Notre Président à semble-t-il pris conscience que les décisions de son gouvernement étaient jusqu’ici violemment contraires à la doctrine sociale de l’Église catholique. De cette prise de conscience à resulté
    un discours prononcé devant les évêques de France au collège des Bernardins début avril 2018 dans lequel il a manisfesté une réelle une volonté de rapprochement entre l’Église et l’État.
    Il a peut-être voulu concrétiser ce rapprochement en tenant compte du fait que le pape François a clairement expliqué dans son Lodato Si de sauvegarde de la maison commune qu’il était opposé à ce type d’économie. Voir le lien ci-dessous. Article 171 page 48

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/LCU_fichiers/G-prospective.pdf

    Force est de constater toutefois que nous allons avoir besoin de cette taxe carbone sur le plan économique vu les investissements lourds que nous allons devoir consentir pour solutionner le problème de l’épuisement prochain de nos ressource en énergie non-renouvelable. Il y a certainement des solutions pour rendre cette taxe carbone plus sociale ne serait-ce qu’en taxant le kérosène pour l’aviation civile.
    Le problème de l’énergie étant mondial n’est-il pas normal qu’il soit solutionné par une décision relevant de l’ONU ?

    • Claude Renaud

    Les Cies aériennes qui transportent déjà 4,3 milliards de passagers à l’année, prévoient de
    doubler ce chiffre en 2037, soit 8,6 milliards. Sans se soucier si les réserves de pétrole seront
    encore à la hauteur ou si son prix ne sera pas exorbitant. Mais là, le monde est devenu fou !!!
    La France vient de vendre 12 sous-marins à l’Australie. Bien ! Mais ces sous-marins, vont être
    construits près d’Adélaïde, là où il y a quelques jours, les températures avoisinaient les 50°.
    Le dernier de ces sous-marins ne sera construit qu’en 2050. Problème, complètement ignoré
    lors de la transaction, Adélaïde est une des villes les plus chaudes de la planète et à la vitesse
    où progressent les températures, la vie va y devenir IMPOSSIBLE, peut-être dans la prochaine
    décennie.
    Les J.O. en 2024 et ceux de 2028 et la suite… Il y a nombre de projets qui portent jusqu’à la fin du
    siècle, sans qu’on se préoccupe le moins du monde du changement climatique. Tout va pour le mieux
    dans le meilleur des mondes !!!
    Mais pendant ce temps-là……
    – Nos réserves naturelles s’épuisent, y compris le pétrole.
    – La bio-diversité est grand danger. Les insectes disparaissent.
    – Les pôles fondent à une vitesse affolante, ce qui pourrait faire monter le niveau de la mer de
    plusieurs mètres, s’il y avait un effondrement de glacier, comme celui de Thwaites en antarctique,
    qui menace dangereusement.
    – Selon TOUS les scientifiques, c’est 4 degrés supplémentaires qui nous attendent avant la fin du
    siècle, c’est-à-dire la disparition de l’Humanité, ni plus ni moins.
    – Nous sommes submergés par nos déchets : Nucléaires, électroniques et plastique, un plastique
    qui est en train d’envahir nos océans et qui va les faire mourir.
    Je pourrais allonger la liste.
    Et nous en France, qu’est-ce qu’on fait ? On polémique, depuis des mois, sur un supplément de taxe carbone de quelques centimes. C’est lamentable !!!

  • Notre tâche va être de nourrir le monde sans pétrole et pour cela prendre conscience comme cela a deja été expliqué dans Goodplanet d’un aspect important qui concerne notre alimentation:

    A savoir ce que contient l’aliment en lui-même en énergie comparativement à l’énergie qu’il a fallu fournir pour le transporter.

    Cette comparaison faite on s’aperçoit en effet que l’homme dépense plus d’énergie pour alimenter sa voiture et se chauffer que pour se nourrir s’il cultive localement mais qu’il en est tout autrement s’il fait venir ses légumes des antipodes. Voir
    https://www.dropbox.com/s/c7vwctiz7ih40ta/ethique-et-performances.pdf?dl=0

    • JEAN-MARC WIBART

    Avant d’accuser les compagnies aériennes de polluer, les bateaux de polluer faisons un effort personnel pour moins polluer avec notre diesel et notre fioul, ce sera déjà beaucoup montrons l’exemple d’abord.

  • OUI Mr Wibart c’est assurément vous qui êtes dans le vrai

    si vous avez baissé votre consommation électrique de 40 % alors que vous vous chauffiez précédemment avec des radiateurs conventionnelle cela signifie que vous avez un COP de 2,5 ce qui est pour finir très modeste et qui correspond à un prélèvement dans l’air et non dans l’eau avec un COP voisin de 5

    Je m’adresse cette fois à JPB29, qui est visiblement un bon scientifique et je lui demande de regarder attentivement le chauffage thermodynamique et le principe de fonctionnement d’une pompe à chaleur décrit dans mon livre

    • Claude Renaud

    Je vous rappelle, Mr Wibart, que le diesel, le fioul ou le kérosène, c’est la même chose, à la différence
    que le kérosène, lui, n’est pas taxé. Je comprends, que si vous êtes accro à l’avion, ça va être un peu difficile pour vous. J’en sais
    quelque chose, c’était mon cas. Mais on peut en guérir !!!