Le Pacte sur les Migrations adopté lundi au Maroc malgré les défections

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Le ministre délégué marocain chargé des affaires de la migration Abdelkrim Benatiq, prononce un discours devant le forum mondial sur la migration et le développement, à Marrakech, le 5 décembre 2018 © AFP FADEL SENNA

Marrakech (Maroc) (AFP) – Plus de cent pays se retrouvent lundi et mardi à Marrakech pour approuver formellement le Pacte mondial sur les Migrations piloté par l’ONU, malgré les défections et les crispations suscitées par ce texte sans précédent.

Sans vote ni signature, la conférence intergouvernementale organisée dans cette ville du centre du Maroc, devait être une simple étape formelle du processus lancé il y a 18 mois pour renforcer la coopération internationale en vue d’une « migration sûre, régulière et ordonnée ».

Mais le document a déchaîné les passions depuis son adoption en juillet dernier à New York et seuls deux-tiers des quelque 190 pays qui l’avaient validé ont pour l’instant confirmé leur présence, avec des niveaux disparates de représentation.

Non contraignant, ce texte recense des principes -défense des droits de l’homme, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale- et liste des propositions pour aider les pays à faire face aux migrations -échanges d’information et d’expertises, intégration des migrants… Il interdit les détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours.

L’Italie, l’Autriche, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, l’Estonie, la Lettonie, la Suisse, l’Australie, Israël et la République dominicaine ont décidé de ne pas se rendre à Marrakech. Les Etats-Unis s’étaient retirés de l’élaboration du Pacte en affirmant qu’il comprenait des dispositions contraires à la politique d’immigration de Donald Trump.

Malgré ces désistements, la représentante spéciale de l’ONU pour les migrations, Louise Arbour, s’est dite « très confiante » sur l’avenir du texte qui fera l’objet d’une résolution finale de l’ONU le 19 décembre à New York.

« Des Etats en grand nombre continuent de tenir parole, ils se sont entendus (…) après des négociations très sérieuses et très intenses. Les pays qui se désengagent aujourd’hui avaient quand même obtenu des concessions de leurs partenaires pendant les négociations et je dois avouer que je trouve cela un peu surprenant », a-t-elle dit à l’AFP.

Les défenseurs des droits de l’Homme trouvent le pacte insuffisant, surtout sur l’accès des migrants à l’aide humanitaire et aux services de base ou sur les droits des travailleurs migrants.

Ses détracteurs le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé ou comme une atteinte à la souveraineté nationale.

C’est un « texte controversé », mais « la migration requiert une approche internationale », souligne Götz Schmidt-Bremme, le co-président du Forum mondial sur la migration et le développement (FMMD), réuni cette semaine à Marrakech en amont de la conférence.

« Peut-être que l’on a trop affiché les avantages de la migration légale en oubliant les défis: on a sous-estimé les besoins des communautés qui veulent surtout voir les migrants s’intégrer » et « s’inquiètent de la migration illégale », a-t-il déclaré à l’AFP.

Les participants à ce Forum annuel ont plaidé pour une migration « légale et ordonnée », alors qu’une vaste campagne de désinformation sur les enjeux du texte agite les réseaux sociaux. Plusieurs orateurs ont insisté sur la nécessité « d’organiser la mobilité plutôt que de fermer les frontières », pour répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les pays en voie de vieillissement démographique.

« Manipulations »

« Nous assistons de la part de certains secteurs politiques à la manipulation, à la distorsion des objectifs du Pacte », s’est inquiété Antonio Vitorino, le patron de l’Organisation internationale des Migrations (OIM). « Certes il y a des défis, l’immigration irrégulière est une menace, mais il faut réagir devant le narratif négatif par une mobilisation politique ».

Côté européen, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé sa venue à Marrakech après le feu vert houleux du Bundestag. Les chefs de gouvernements espagnol, grec et portugais feront aussi le déplacement, selon des informations obtenues par l’AFP.

Le président français Emmanuel Macron va déléguer le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Cette décision a suscité une « grande déception » du Maroc qui voit cette conférence comme un « moment historique », selon une source diplomatique locale.

« Il y a une question d’opportunité politique: aller à Marrakech aujourd’hui, c’est offrir un boulevard à tous ceux qui critiquent le Pacte, avec un risque de mauvais signal à la population », analyse un observateur européen.

D’autant qu’en France, comme en Allemagne, au Pays-Bas ou en Belgique, l’extrême droite focalise sa campagne pour les élections européennes de mai 2019 sur la question migratoire et mobilise contre le Pacte, dans un contexte général de montée du nationalisme et du populisme.

En Belgique, la volonté du Premier ministre d’être présent à Marrakech a précipité son gouvernement dans une crise du fait du blocage des nationalistes de sa coalition.

Il y a environ 258 millions de personnes en mobilité et migrants dans le monde -soit 3,4% de la population mondiale- et leurs transferts financiers représentent environ 450 milliards de dollars, soit 9% du PIB mondial, selon les chiffres de l’ONU.

© AFP

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    • ANNE MARIE BELKADI

    Le mouvement migratoire du XXI ème siècle est la conséquence des pays capitalistes qui mettent le feu aux poudres sous la houlette des américains qui, depuis la création des USA n’ont cessé d’entrer en conflit avec le monde entier.
    Ils vendent des armes aux mêmes pays avec lesquels ils entrent en guerre.

    Des millions de femmes, enfants, hommes, meurent au travers le monde, à cause du génocide ethnique, l’esclavage d’enfants pour produire à bas pris la surconsommation des populations dites « civilisées », faire disparaître des tribus entières …

    Et nos militaires qui meurent au combat, recevant la médaille post-mortem avec des funérailles nationales. Les larmes et le chagrin des familles endeuillées, l’Etat n’en a rien à faire … Ils sont équipés de matériel vétuste … L’Etat sans fou

    Ne vaudrait il pas mieux que chacun reste chez soi ?

    Je dis non à la migration, dans ces circonstances, qui risque de nous appauvrir encore plus car l’Europe n’arrivera jamais à tenir ses promesses (logement, écoles, santé, travail …) Nous sommes déjà en pleine crise et il n’est pas conseillé de faire monter le racisme. Le français pauvre devient raciste.

    Et pourtant une solution serait possible, faut il encore qu’elle soit suivie d’effet :
    La désertification actuelle de nos campagnes ne demande qu’à être repeuplée. Ré-ouverture de commerces, d’écoles, des administrations, d’une multitude de corps de métiers, travaux des champs, élevage, surveillance, maintenance de parcs et jardins, … faire retaper les vieilles maisons abandonnées pour leur habitat … créer des structures d’enseignement de la langue, un migrant peut faire facteur …
    Alors oui, il y a de la place pour eux, ils ne sont pas tous des idiots … Dans leurs pays ils ont fait des études … Ils deviendront des consommateurs, des producteurs et paieront leurs impôts comme tout le monde.
    Les plus misérables ne sont pas les pires, ils demandent juste de fuir une guerre, protéger leurs familles, vivre heureux
    Après tout, c’est nous qui les avons colonisés et dépouillés de leurs richesses
    Et le Franc CFA, c’est normal ?