Paris (AFP) – Face au mouvement des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a annoncé vouloir limiter l’impact des taxes carburant et une « grande concertation », sans toutefois renoncer à sa stratégie sur l’environnement et le nucléaire, avec la fermeture de 4 à 6 réacteurs d’ici 2030.
Le chef de l’Etat ne recevra pas lui-même des représentants des « gilets jaunes » mais a confié au ministre de la Transition écologique François de Rugy le soin de les écouter, a précisé l’Elysée.
Ce discours très attendu a immédiatement été rejeté par des « gilets jaunes » et l’opposition, qualifié de « vide absolu » par Marine Le Pen, de « désespérant » par les Républicains, « hors-sol » pour l’insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a dénoncé la « totale soumission au lobby nucléaire » du président.
« Fin du monde » ou « fin du mois », « nous allons traiter les deux, et nous devons traiter les deux », a-t-il assuré lors d’un discours à l’Elysée pour la présentation de la programmation pluriannuelle de l’énergie, en référence à la nécessité de concilier les enjeux climatiques et sociaux pointée par l’ex-ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot.
Après dix jours de grogne des « gilets jaunes » contre la perte de pouvoir d’achat et la hausse des taxes sur les carburants, il a annoncé que leur fiscalité serait adaptée aux fluctuations des prix afin d’en limiter l’impact pour les Français qui utilisent beaucoup leur voiture.
« En cas de nouveau pic des prix, le gouvernement pourra décider de suspendre ou réduire la hausse de fiscalité intervenue en début d’année, pour ne pas aggraver inutilement la hausse déjà forte du prix à la pompe. En application de ce mécanisme, la hausse de la fiscalité aurait été suspendue entre juillet et octobre 2018, réduisant le prix à la pompe », a expliqué Matignon.
Le chef de l’Etat a en outre annoncé une « grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale », rassemblant associations, élus et « représentants des gilets jaunes », pour, « dans les trois mois qui viennent », élaborer des « solutions », des « méthodes d’accompagnement ».
Edouard Philippe est chargé de mener des consultations cette semaine pour définir l’organisation de cette concertation.
« Ceux qui disent que ce sont, au fond, toujours les mêmes qui font les efforts », « ont raison », a-t-il ajouté, fustigeant « quarante ans de petites décisions » et les discours incitant « depuis des années » les Français à s’installer en périphérie des villes ou à rouler au diesel.
Mais si « nous devons entendre les protestations d’alarme sociale », ce sera « sans renoncer à nos responsabilités » car « il y a aussi une alarme environnementale », a toutefois réaffirmé le chef de l’Etat.
Sur l’épineuse question du nucléaire, Emmanuel Macron a choisi la voie du compromis en annonçant de 4 à 6 nouvelles fermetures de réacteurs d’ici 2030, en plus des deux de Fessenheim, moins que ce qu’espéraient les écologistes, et un essor des énergies renouvelables.
Il tranche entre les voeux du ministre de la Transition écologique François de Rugy – et de son prédécesseur Nicolas Hulot -, qui voulaient six arrêts supplémentaires d’ici 2028, et Bercy, qui voulait repousser les fermetures à l’après 2029, tout comme EDF.
Emmanuel Macron a confirmé que la part du nucléaire serait ramenée à 50% de la production d’électricité à l’horizon 2035, contre un objectif initial à 2025 dans la loi de transition énergétique.
Des « gilets jaunes » ont immédiatement rejeté ce discours. « Ce qu’il raconte c’est de la poudre de perlimpim ! On ne va pas changer de cap certainement pas, ici on voit de la misère tous les jours », explique à l’AFP Bruno Herry, 52 ans, employé de pompes funèbres, interrogé à Trégueux (Côtes-d’Armor).
Côté politique, seul le Modem saluait le « nouveau prisme » donné par le président « pour regarder notre avenir ».
A droite, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a dénoncé un discours « à côté de la plaque » avec une « concertation pipeau ». « Le président nous a convaincu d’une chose : l’urgence d’une transition politique! », a tancé Marine Le Pen.
L’écologiste Yannick Jadot, un des rares politiques à soutenir la hausse de la fiscalité des carburants proposée par le gouvernement s’est dit « stupéfait » du manque d’annonces sociales. Sur le nucléaire, il a estimé qu’on « ne fait rien pendant ce quinquennat, potentiellement on ne fait rien sur le prochain quinquennat, à part peut-être décider de nouveaux réacteurs nucléaires en 2021, ou en 2022 ».
© AFP
2 commentaires
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jipebe29
Fermer 5 réacteurs 1200 MW = supprimer 6000 MW pilotables
Pour compenser, il faut, en puissance, 3000 éoliennes de 2 MW. Mais, comme le facteur de charge de l’éolien n’est que de 20%, il en faudrait 5 fois plus, soit 15 000 éoliennes … Mais, s’il y a un anticyclone sur le pays en heure de pointe du soir, donc sans vent, ces 15 000 éoliennes supplémentaires en sus des 8000 existantes, donc ces 23 000 éoliennes, (pauvre France !) ne serviront à rien et il y aura un black-out généralisé. Je ne comprends pas pourquoi nos gouvernants persistent dans cette absurde politique climat-énergie, qui nous mènent droit dans le mur. Ils sont idiots ou quoi ?
jipebe29
Comme tous les alarmistes climatiques asservis à une idéologie irrationnelle, Emmanuel Macron agite le spectre d’une terrible fin du monde si nous ne faisons rien pour réduire nos émissions de CO2. Ceci amène à trois remarques de bon sens, bon sens qui a visiblement déserté les neurones de nos gouvernants.
1) Nos émissions ne sont que de 0,9% du total des émissions mondiales. Donc, gaspiller des sommes pharaoniques pour un effet nul, sauf pour nos campagnes, qui seront défigurées par les vire-vents, et pour les ménages dont le pouvoir d’achat va se réduire comme peau de chagrin, c’est complètement absurde. Comment Macron peut-il vouloir engager la France dans cette folie inutile ?
2) Nous savons que le bilan carbone du nucléaire est particulièrement vertueux, ce qui n’est pas le cas des EnR intermittentes, car il faut en soutien permanent des centrales thermiques pour équilibrer le réseau en temps réel. Si la politique énergétique consiste à réduire nos émissions de CO2, la solution retenue, qui supprime du nucléaire vertueux au bénéfice des EnR non-vertueuses, alors elle va à l’encontre des objectifs. Comprenne qui pourra…
3) Quoi qu’en disent les alarmistes de tout poil, Il n’y a aucun péril climatique, sauf dans les entrailles de modèles numériques qui ne cessent de se planter, mais qui servent de référence pour les politiques climat—énergie. En effet, il n’y a quasiment plus de réchauffement global depuis le début des années 2000, malgré une inflation de nos émissions, ce qui devrait interpeller nos gouvernants en ce qui concerne les thèses du GIEC/IPCC.