J-1 pour les « Gilets jaunes »: le gouvernement entre fermeté et pédagogie

gilets jaunes

Manifestation de "gilets jaunes" à Nice, le 15 novembre 2018 © AFP VALERY HACHE

Linas (France) (AFP) – Bloquer un pays « n’est pas acceptable » : à la veille d’une journée de mobilisation des « gilets jaunes », dont l’ampleur reste inconnue, Edouard Philippe s’est voulu ferme vendredi, tout en continuant de faire oeuvre de pédagogie.

Face à un mouvement nouveau, protéiforme, émanant de collectifs de citoyens en colère contre les hausses de taxes sur les carburants, l’exécutif est sur ses gardes. Il avait déjà prévenu cette semaine, par la voix du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qu’il n’accepterait « aucun blocage total » samedi.

Quelque 1.500 actions sont attendues samedi dans l’ensemble du pays et seulement « un peu plus d’une centaine » auraient été déclarées, estimait jeudi une source policière.

« Nous serons très attentifs, très concentrés, très vigilants, pour faire en sorte que la liberté de manifester soit respectée, mais que la liberté de circulation soit garantie », a de nouveau assuré le Premier ministre vendredi, depuis l’autodrome de Linas-Montlhéry (Essonne), où il s’est rendu dans la matinée avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

« On peut manifester, mais bloquer un pays, alors que des services d’urgence peuvent avoir besoin de circuler, alors que tout un chacun peut avoir besoin de circuler demain, n’est évidemment pas acceptable », a-t-il ajouté.

Mais depuis ce site, où est vérifiée la conformité des véhicules avec les normes européennes, notamment en matière de pollution, il a aussi tenté de poursuivre son travail de pédagogie.

Le gouvernement ne veut « pas piéger les Français » ou leur dire qu’ils n’ont qu’à « payer les conséquences » du choix de leur véhicule. Il veut « au contraire les accompagner », a-t-il insisté, deux jours après l’annonce de mesures de soutien : un chèque énergie élargi, et une « super prime » à la conversion des véhicules pouvant aller jusqu’à 4.000 euros pour les ménages les plus modestes.

Après application de cette surprime, une Nissan Micra d’occasion récente à Montlhéry coûte 5.490 euros, ou une Peugeot 107 avec un faible kilométrage dans les Hautes-Alpes 1.990 euros, a fait valoir François de Rugy, petites annonces réelles à l’appui.

Cela suffira-t-il à désamorcer le mécontentement des « gilets jaunes », alors que le gouvernement maintient la taxe sur les carburants et une nouvelle hausse au 1er janvier ?

Les manifestants n’avaient clairement pas été convaincus par le mea culpa mercredi d’Emmanuel Macron, qui avait admis avoir échoué à « réconcilier le peuple français avec ses dirigeants ».

Et malgré la baisse des prix à la pompe ces derniers jours, les « gilets jaunes » comptent toujours perturber ou bloquer samedi les accès aux villes, aux aéroports ou aux dépôts de carburant, ainsi que les grands axes routiers. Une opération escargot doit également se déployer sur le périphérique parisien, avant de rejoindre l’Elysée.

Vendredi matin, plusieurs dépôts de carburants étaient bloqués en Belgique, mais aucune perturbation n’était encore constatée sur les routes.

Face à l’incertitude, la société d’autoroutes Sanef a « invité ses clients à différer ou à éviter leurs déplacements » et va « renforcer » ses équipes, tandis qu’à Limoges, les transports en commun de la métropole « ne seront pas assurés » pour éviter les « risques importants de blocage de la circulation ».

Le distributeur Carrefour va aussi suivre de près « l’impact du mouvement sur l’accès » à ses magasins et promet « un dispositif d’information par sms et mail » de ses clients « en temps réel ».

Déstabilisés par la spontanéité du mouvement, les responsables politiques ont pour un grand nombre marqué leur soutien au mouvement, provoquant la critique du gouvernement, qui les accuse de « récupération ».

Mais tous ne participeront pas aux manifestations. Le chef de file de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon et le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan seront aux côtés des manifestants, comme certains élus RN, mais pas leur présidente Marine Le Pen.

Le premier secrétaire national du PS Olivier Faure non plus, même s’il veut en profiter pour « aller à la rencontre » des Français.

Car l’exercice est compliqué pour la gauche et les écologistes, qui ont fait des propositions pour défendre à la fois pouvoir d’achat et transition écologique.

© AFP

4 commentaires

Ecrire un commentaire

    • bernard lecreux

    Tout le mal, vient des politiciens de Carrière, qui n’ont rien fait ou très très peu depuis des décennies.

    • Claude Renaud

    Il y a une facture climatique qu’il va falloir payer un jour ou l’autre, et plus on attend, plus elle va être
    salée. Je ne comprends pas qu’on mette en balance quelques centimes de taxes supplémentaires
    avec le réchauffement climatique. Ce mouvement des Gilets Jaunes est complètement irrationnel.
    En réclamant un carburant bon marché, ils mettent en péril la vie de leurs propres enfants. En incitant
    à consommer toujours plus de pétrole, c’est compromettre gravement la lutte pour préserver le Climat.
    Et pourtant, l’année 2018 a été un véritable coup de semonce climatique, avec des évènements
    dramatiques à répétition : Cyclones, inondations, sécheresses, canicules, incendies, dont le dernier,
    toujours en cours en Californie, est catastrophique. Et tout ça, pour un petit degré supplémentaire.
    Quand sera-t-il quand nos enfants en seront à 3, voire 4 degrés en plus?
    Il faudrait que les 74% de français qui soutiennent le mouvement, reviennent à un peu plus de réalité.
    Et aussi les 20% de français les plus riches, qui eux se foutent complètement du réchauffement.
    J’attends de savoir comment la COP24, qui va se réunir en Pologne dans quinze jours, va s’en sortir !
    Je ne me fais pas beaucoup d’illusions.

    • Claude Renaud

    Pardon : Il faut lire « Qu’en sera-t-il quand nos enfants … »

    • JEAN-MARC WIBART

    Aux gilets jaunes
    Bloquer, refuser de voir plus loin, se laisser manipuler
    Est-ce ainsi que vous voulez changer le monde ?
    Vous croulez sous les taxes ?
    Cherchez les responsables vrais.
    La taxe d’habitation, ce sont les maires qui en sont responsables.
    Ils vous diront qu’ils n’ont plus d’aides financières
    Mais cherchent ils à économiser sur l’énergie en utilisant le renouvelable non !
    Cherchent ils à bien prévoir avant de construire ? Non pas toujours
    Sinon ,il n’y aurait pas de ponts sans routes, pas de piscine sans eau , pas d’immeuble s hauts sans ascenseurs.
    Créer des points de recharge électrique en risquant de multiplier les centrales nucléaires
    Au lieu de créer des panneaux photovoltaïques, est ce bien sérieux ?
    Rendre l’état responsable de tout c’est simple mais c’est une preuve de son incapacité à gérer.
    Le diesel est indispensable en France seulement mais les Français ont les meilleurs
    Chauvinisme irresponsable !
    Changer de voiture, impossible car il n’existe aucune voiture à prix sérieux.
    A qui la faute ? aux constructeurs automobiles, à certains concessionnaires qui , malhonnêtes, vous ont poussés à acheter du diesel. Cherchez bien, vous en trouverez de sérieux quoi vous écouteront
    Au lieu de penser comme vous à leur intérêt.
    Ouvrez les yeux, cherchez ailleurs, comment les autres pays envisagent les solutions à la pollution,
    Luttez pour la recherche sur le renouvelable en France.
    Vous avez des enfants et vous leur offrez un monde irrespirable par votre diesel , vos cigarettes, vos pesticides, votre refus d’analyser avant d’acheter ce qui est français par principe
    Songez à ceux qui , dans les champs répandent des pesticides et osent vendre leur production..