Protection du climat : appel de l’ONU à reconnaître l’apport du savoir indigène

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La rapporteuse spéciale de l'ONU sur les peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz, lors d'une conférence de presse à Guatemala City, le 10 mai 2018 © AFP/Archives ORLANDO ESTRADA

Bogota (AFP) – La rapporteuse spéciale de l’ONU sur les peuples autochtones, Victoria Tauli-Corpuz, en visite en Colombie, a appelé jeudi la communauté internationale à reconnaître l’importance du savoir des peuples indigènes pour mitiger les effets du changement climatique.

« A une époque où il est question de développement durable, les indigènes peuvent énormément contribuer à garantir que ces objectifs soient atteints. C’est le moment pour la communauté internationale de le reconnaître », a-t-elle déclaré à l’AFP en marge d’une conférence à l’Université Nationale de Bogota.

Des experts des Nations Unies ont récemment demandé des « changements sans précédent » dans les secteurs énergétiques, industriels et des infrastructures pour limiter la hausse des températures à 1,5º afin de prévenir les catastrophes naturelles.

Et une commission internationale, présidée par l’ex-secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, a affirmé il y a deux jours que le monde a atteint un « point de non-retour » pour le climat.

Indiquant que les indigènes occupent 22% des terres de la planète, où se trouve 80% de la biodiversité mondiale, Mme Tauli-Corpuz a appelé les autorités à protéger leurs modes de vie et leurs savoirs ancestraux, favorables à la préservation de l’environnement.

« Ils ont les connaissances pour maintenir leur habitat et la biodiversité, mais aussi les valeurs qu’ils transmettent aux futures générations quant à des modes de consommation durables », a-t-elle déclaré devant des centaines d’étudiants et d’universitaires.

Elle a cité l’exemple de l’Amazonie, affectée par la déforestation, mais où les habitats indigènes sont « mieux » préservés que « les aires protégées par les gouvernements ».

Selon l’ONG Greenpeace, la déforestation est responsable d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre, qui aggravent le changement climatique, provoquant vagues de chaleur, extinction d’espèces et fonte des glaces.

Mme Tauli-Corpuz s’est dite préoccupée par les violations des législations de protection de ces populations, du fait de leur « contradiction » fréquente avec des intérêts privés. Les indigènes « ont droit de libre détermination sur leurs territoires et ressources naturelles », a-t-elle souligné.

Dans le même sens, elle a dénoncé la hausse des assassinats de leaders indigènes défenseurs de ces ressources, ainsi que les obstacles auxquels se heurtent les autochtones pour accéder à la justice. « Ils sont considérés comme anti-développement parce qu’ils protègent leur territoire. C’est un paradoxe », a-t-elle dénoncé.

En 2017, au moins 207 défenseurs de l’environnement, dont la moitié issus de tribus indigènes des forêts tropicales, ont été assassinés, selon l’ONG Global Witness.

© AFP

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