Environnement: Jane Goodall et Edgar Morin appellent au « sursaut »

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Jane Goodall le 9 juin 2018 en Ouganda © AFP/Archives SUMY SADURNI

Paris (AFP) – La primatologue britannique Jane Goodall et le sociologue français Edgar Morin, grandes figures de la défense de l’environnement, lancent un appel au « sursaut » face au « désastre » qui menace la planète, dans un entretien au journal Libération de lundi.

Industrialisation, agriculture intensive, déforestation: « nous assistons à un désastre », martèle Edgar Morin, 97 ans, dans cette interview croisée réalisée à l’occasion du festival Climax, ce week-end à Bordeaux (sud-ouest).

Au fil de longues années d’engagement, « nous avons vu tous les changements qui nous ont amenés à la situation actuelle, qui est très dangereuse », renchérit Jane Goodall, 84 ans.

Elle raconte son jardin anglais autrefois rempli d’insectes désormais disparus, lui évoque en écho son « oasis de verdure » à Montpellier où « il n’y a presque plus d’oiseaux ».

« En 1972, le rapport Meadows nous alertait déjà sur la dégradation de la biosphère », rappelle le philosophe français. « Malgré cet avertissement, on a continué à détruire la vie, la planète ».

« Dans certains endroits d’Australie, il n’a pas plu depuis sept ans. Ils doivent tuer tout leur bétail (…) Les ouragans sont plus violents et fréquents. Que faut-il de plus pour agir? », questionne la primatologue, mondialement célèbre pour ses travaux sur les chimpanzés.

« Nous attendons le sursaut. Et nous faisons notre possible pour éveiller les consciences. Mais c’est une lutte très dure », reconnaît Edgar Morin.

Pour Jane Goodall, « chacun attend que les autres agissent. La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne parviennent à peu près à respecter leurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre (…) mais ils exportent leurs activités sales vers la Chine ou l’Inde, puis achètent les produits finis ».

La Chine « fait des dégâts » mais elle sert surtout de « bouc émissaire », juge-t-elle. « Nous devrions surtout accuser l’ensemble du système politique, économique, l’industrie de l’armement et les multinationales des énergies fossiles, l’industrie du bois ».

Jane Goodall voit néanmoins des raisons d’espérer dans la jeunesse, le progrès technologique, la résilience de la nature et les réseaux sociaux qui « permettent de rassembler des gens du monde entier, pour qu’ils résistent ».

Edgar Morin place quant à lui « de l’espoir dans l’improbable ».

« La chute du mur de Berlin était improbable, et pourtant c’est arrivé », observe-t-il, avant d’espérer: « plus nous serons prêts du danger, de l’abîme, plus, peut-être, nous comprendrons qu’il faut en sortir ».

© AFP

3 commentaires

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  • À chaque jour, je descends dans la rue pour sensibiliser mes contemporains aux dangers d’une économie basée sur la combustion excessive d’énergies fossiles.

    Les jeunes sont les plus réceptifs à cette cause honorable. Et les « royaumes » semblent rester silencieux. Et des politiciens semblent rester silencieux.

    Nous aurons gagné la bataille le jour où les glaciers ne fonderont plus seulement mais recommenceront à se former d’année en année.

    Énergiquement,

    Guy J.J.P. Lafond
    Un bon papa pour la vie.

    • Birdee

    Il faudrait commencer, pour toucher les jeunes, à changer radicalement le système scolaire, basé sur la compétition, la sélection, etc … et qui tend à rendre performant les enfants pour la ville, jamais pour la campagne ! ils sont formés pour perpétuer ce modèle de vie qui cause notre perte. Et ce mode d’enseignement s’exporte et nivèle toutes les jeunes conscience à ce modèle unique, monocultural !
    Il faut sortir de ça.
    Birdee

    • bernard lecreux

    Tant que la Politique, sera un Métier, nous n’avancerons que très lentement.
    Les intérêts Personnels passent bien avant les Intérêts Collectifs, pour ces gens là.