New York (AFP) – Les Etats-Unis produisent du gaz naturel à foison et ont récemment accéléré la recherche de débouchés sur le marché mondial, une offensive commerciale appuyée par Donald Trump.
« La période 2018-2029 est depuis longtemps considérée comme une période décisive pour le marché mondial du gaz naturel », remarque Breanne Dougherty, spécialiste de cette matière première pour la Société Générale.
Grâce aux nouvelles techniques d’exploitation des bassins de schiste, en particulier dans la région des Appalaches dans le nord-est du pays, les Etats-Unis sont depuis 2009 le premier producteur de gaz naturel au monde. Ils en ont extrait en 2017 un peu plus de 2 milliards de mètres cubes par jour.
Ils exportent déjà une partie de cette abondante ressource via des gazoducs au Canada et au Mexique.
Mais pour atteindre des marchés plus lointains, ils misent sur le gaz naturel liquéfié (GNL), du gaz condensé à l’état liquide pour pouvoir être transporté par voie maritime.
Les exportations de GNL ont commencé à prendre de l’ampleur en 2016 quand la société Cheniere Energy a pour la première fois affrété un méthanier depuis ses installations à Sabine Pass, en Louisiane. Jusqu’alors, les Etats-Unis n’exportaient du GNL qu’à partir d’un terminal situé en Alaska et fermé en 2015.
Elles ont quadruplé en un an, Washington redevenant en 2017 un exportateur net de gaz naturel pour la première fois en 60 ans.
Plus de 50% des cargaisons étaient à destination de trois pays: le Mexique, la Corée du Sud et la Chine. Environ un tiers était à destination de l’Europe.
Les exportations sont amenées à exploser encore plus dans la mesure où un nouveau terminal géré par Dominion Energy à Cove Point dans le Maryland, sur la côte est des Etats-Unis, a démarré ses activités en mars et que quatre autres projets devraient aboutir d’ici fin 2019.
La capacité d’exportation atteindra alors 272 millions de mètres cubes par jour.
– 3e exportateur mondial –
Résultat: les Etats-Unis devraient, selon l’agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), devenir le troisième exportateur mondial de GNL en 2020, derrière l’Australie et le Qatar et devant la Malaisie.
Les entreprises américaines peuvent compter sur un fort appétit pour le gaz naturel: selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande pour ce produit devrait croître de 1,6% par an d’ici 2040, contre 0,5% seulement pour le pétrole et 0,2% pour le charbon.
Donald Trump encourage cet essor.
Depuis qu’il a, en juin 2017, prôné la « domination américaine en matière d’énergie », il a plusieurs fois vanté les mérites du gaz naturel américain, évoquant par exemple lors d’une visite en Pologne l’été dernier l’intérêt des pays européens à diversifier leurs sources d’approvisionnement.
L’Asie est particulièrement ciblée: selon l’AIE, 80% de la croissance de la demande en gaz d’ici 2040 devrait venir des pays émergents, Chine et Inde en tête.
Steven Mnuchin, le secrétaire américain au Trésor, a souligné cette semaine que le sujet des exportations de pétrole et de gaz américains était au coeur des négociations commerciales avec la Chine.
Selon certains responsables européens, la décision du président américain de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien, qui pourrait empêcher Téhéran d’exploiter à l’envi ses immenses réserves de gaz, ou ses récentes critiques à l’encontre du gazoduc Nord Stream 2 visant à relier la Russie à l’Allemagne, sont aussi une façon de dégager le terrain pour le gaz naturel américain.
« Il serait exagéré de dire que l’énergie est la motivation première de ces décisions », estime toutefois Mme Dougherty.
« Elles ont sans conteste des implications sur le marché de l’énergie » mais « on n’a pour l’instant zéro visibilité sur les conséquences de ces actions », remarque-t-elle.
Par ailleurs, souligne Samantha Gross, spécialiste des politiques énergétiques au centre de réflexion Brookings, « même si l’administration aimerait certainement voir plus de gaz naturel s’exporter, elle n’a pas vraiment de contrôle sur les clients ».
« Les entreprises américaines prennent leurs propres décisions en fonction des profits et pertes qu’elles peuvent engendrer », insiste-t-elle.
© AFP
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jean Grossmann
En lisant ces lignes on en arrive à se demander si les conflits mondiaux actuels ne sont pas uniquement des guerres de l’énergie motivés par le souhait des nations de prendre le leadership sur la vente de leur produits fossiles.
Pour combattre cela le souhait de l’Ademe d’augmenter rapidement la production d’énergie dites vertes en France particulièrement électrique qu’il s’agisse de. l’hydroélectricité du solaire ou de l’éolien, est certes techniquement possible mais sincèrement je ne vois pas pourquoi l’Ademe considère qu’elle est économiquement
souhaitable. Ceci vu que l’on sait maintenant qu’il est possible grâce à la chaufferie hybride de satisfaire nos besoins thermiques en évitant le « toujours plus » et que
la seule issue possible si nous
voulons continuer à vivre encore correctement dans notre monde fermé va être de « FAIRE avec moins »
De plus il me semble essentiel de ne pas mélanger les genres entre la production de chaleur et la consommation électrique. Le biogaz le gaz de schiste c’est la combustion et plutôt que d’autoriser les gaz on ferait mieux d’interdire la production d’électricité à partir de leur combustion et la consommation de l’électricité à partir de l’effet joule.
Pour que la part des renouvelables dans la consommation d’énergie double d’ici 2028 en France par rapport au niveau actuel comme le souhaite l’Ademe il me semble essentiel de préciser que notre intérêt n’est pas que les 16% manquant soit comblées par une production d’énergie électrique accrue mais par une plus grande production d’énergie thermique prélevée dans le milieu naturel. Ceci vue qu’avec un peu de courage il est possible d’assurer nos besoins en énergie en préservant nos ressources et en consommant moins d’énergie dite non-renouvelable. Cela est la raison pour laquelle il va falloir passer à la chaufferie hybride associant le gaz et l’électricité pour assurer le chauffage de l’habitat. Ceci en prélevant sur l’eau plutôt que sur l’air lorsque la chaufferie est en mode thermodynamique pour améliorer les performances.
Généraliser la chaufferie hybride prélevant sur l’eau suppose toutefois que l’état est au service de l’individu en aménageant des réseaux d’alimentation en eau non-potable des immeubles ce qui semble-t-il n’est pas encore le cas. voir
https://www.dropbox.com/s/z3mbwtwsswrhurw/Complementarite%20des%20reseaux%20ENP%20%2810%29.pdf?dl=0
Balendard mai 2018
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