Corps (France) (AFP) – Plusieurs centaines de personnes ont constitué dimanche une chaîne humaine près d’un barrage de l’Isère pour protester contre l’ouverture à la concurrence d’une partie du parc hydroélectrique français, envisagée par le gouvernement dès 2018.
Réunis à l’initiative du Parti communiste, élus locaux, syndicats et sympathisants se sont alignés vers 14H00 sur un pont surplombant le barrage du Sautet, à Corps, pour s’ériger symboliquement contre une « logique libérale » qu’ils jugent « contraire à l’intérêt général ».
« Non à la privatisation de l’hydroélectricité » et « Non à la privatisation des barrages », pouvait-on lire sur deux grandes banderoles déployées sur les barrières de sécurité du pont, tandis qu’un rassemblement semblable se tenait au même moment dans l’Indre.
« Nous lançons un appel à la mise sous protection publique et citoyenne de tous les barrages en France. La logique dans laquelle le gouvernement s’engage risque de conduire à la privatisation de cette ressource utile à la transition écologique », a souligné le secrétaire national du PCF Pierre Laurent.
Début janvier, le gouvernement Macron a transmis à l’UE une liste de 150 ouvrages hydroélectriques – sur les 400 du parc français – pouvant être ouverts à la concurrence d’ici à 2022.
Parmi eux les barrages alpins de Lac Mort, Drac amont, Beaufortain et Super Bissorte pourraient être les premiers proposés à un rachat dès 2018.
Les manifestants reprochent au gouvernement d’avoir cédé en catimini à une injonction de l’Union Européenne, qui fait pression sur la France depuis plusieurs années pour que soit mis un terme au monopole historique d’EDF.
« L’injonction de l’UE se base sur un argument qui ne tient plus car ce monopole s’affaisse un peu plus chaque année. Dès lors, pourquoi la France engage-t-elle cette ouverture alors qu’elle a auparavant toujours résisté ? », s’interroge Fabrice Coudour, secrétaire général CGT Energie Savoie.
Le responsable syndical, qui prédit des « dommages collatéraux » dans divers secteurs comme le tourisme, souligne l’importance de manoeuvrer dans « une logique de défense des concessions au travers des Services d’intérêt généraux (SIG) ».
« On veut disséminer ce patrimoine dans les mains d’opérateurs privés qui auront d’autres objectifs, et notamment ceux d’engranger des profits », déplore Pierre Laurent, rappelant que l’État « a beaucoup d’argent à faire » car « ces barrages sont aujourd’hui largement amortis ».
Auteure en 2013 d’un rapport parlementaire sur les concessions hydroélectriques, la député PS Marie-Noëlle Battistel constate de son côté le « manque de réciprocité » dans la plupart des autres pays européens, qui « se sont organisés pour échapper à cette mise en concurrence ».
« Une situation de monopole en amont n’empêche pas l’ouverture du marché à l’aval », insiste-t-elle.
© AFP
2 commentaires
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Dany Voltzenlogel
Privatisation ?
Quelle serait la garantie pour la sécurité des habitants en aval de la retenue ?
Quelle garantie pour l’entretien des installation ?
Les gains prévaudront sur la sécurité. ….
Quentin
Comment se procurer la liste des barrages concernés svp ?