Le WWF réitère son opposition au projet minier en Guyane avant le débat public

guyane

Vue aérienne datant d'octroce 2017 de la piste d'atterrissage proche du site retenu pour le projet de mine d'or "Montagne d'or" en Guyane © AFP/Archives Jody AMIET

Paris (AFP) – Le WWF a détaillé mardi son opposition au projet d’extraction « Montagne d’or » en Guyane, soutenu par Emmanuel Macron quand il était ministre, à quelques jours des premières réunions publiques.

L’ONG de protection de l’environnement « s’est engagée contre ce projet après l’avoir analysé » sous l’angle environnemental et économique, a expliqué Pascal Canfin, directeur général du WWF France, lors d’une conférence téléphonique.

Le projet, porté par le consortium russo-canadien Nordgold-Columbus Gold, prévoit l’exploitation d’une mine, à partir de 2022, dans une zone à 125 km par piste au sud de la ville de Saint-Laurent du Maroni, en pleine forêt tropicale, et permettrait la création de 750 emplois directs.

Le plus grand projet d’extraction d’or primaire jamais proposé en France prévoit de creuser une fosse équivalente à 32 fois le stade de France.

Il fait l’objet d’un débat public jusqu’au 7 juillet en Guyane, avec les premières réunions publiques début avril.

Ce projet industriel « est une aberration économique et une aberration en terme de rendement de l’argent public investi », a estimé M. Canfin.

Le projet nécessiterait 420 millions d’euros d’argent public, soit 560.000 euros par emploi direct créé, calcule l’ONG. Cette dernière défend un autre modèle de développement économique basé par exemple sur l’éco-tourisme pour cette région où le taux de chômage est supérieur à 20%.

Pour le WWF, ce projet ne permettra pas de lutter contre l’orpaillage illégal. « C’est complètement faux », a martelé M. Canfin, faisant valoir que les zones concernées et les méthodes utilisées sont très différentes.

L’ONG pointe aussi du doigt les risques pour l’environnement, avec un site situé à proximité de la plus grande réserve biologique de France, l’utilisation de quantité importante de cyanure ou encore la déforestation. Il existe « des risques industriels majeurs », a estimé Laurent Kelle, responsable du bureau guyanais du WWF France.

Le WWF craint encore que ce projet, s’il est mené à terme, entraîne d’autres projets similaires. « Une des craintes que nous avons c’est que Montagne d’or ouvre la boîte de Pandore », s’est inquiété Pascal Quéru, économiste au WWF France.

Le projet était soutenu par Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Economie, mais il est rejeté par le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot.

Il se heurte aussi à l’opposition de chefs coutumiers dans ce territoire français en Amérique du Sud, alors que certains responsables politiques et des entrepreneurs y sont favorables.

© AFP

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Djamo

    Les partisans du projet minier ont tout intérêt à limiter au maximum le débat précédant la prise de décision.
    La législative partielle qui a eu lieu dans la 2ème circonscription de Guyane, là-même où devrait s’installer la méga-mine, n’a même pas offert l’occasion d’en débattre. Le sujet ayant été à peine effleuré lors des 2 débats télévisés sur la 1ère, chaîne du service public ! Les deux candidats en lice pour le second tour se sont juste contenté de se positionner électoralement, l’un pour, l’autre contre, sans le moindre argument, les journalistes ne les relançant même pas !
    Les partisans du projet se contentent d’agiter le chiffon « Montagne d’or », nom de l’entreprise créée pour l’occasion en vue de masquer les deux multinationales, russe et canadienne, chargées du pillage de cette ressource non renouvelable en laissant les déboires environnementaux sur place.
    La stratégie des opposants au projet est contrariée par la difficulté d’exposer les dangers écologiques à court, moyen et long termes et, surtout, l’alternative économique sans l’aide des élus et services de l’État qui jouent l’inertie en raison des retombées immédiates et électoralistes que procurerait à court terme la frénésie extractiviste.