Alerte sur la dégradation des sols et son impact sur les humains

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Un papillon dans le zoo de Santa Fe à Medellin, Colombie, le 21 mars 2018 © AFP/Archives Joaquin SARMIENTO

Medellín (Colombie) (AFP) – Les experts publient lundi la première étude mondiale jamais réalisée sur la détérioration des sols de la planète qui dégrade l’eau, les aliments, en bref le bien-être des humains au point de les contraindre à migrer.

« La dégradation des sols n’est pas un problème isolé: elle affecte de multiples régions et de nombreux habitants du monde. Elle altère la production de nourriture, la qualité de l’eau (…) et lorsque la terre se dégrade, souvent les gens migrent », a déclaré à l’AFP le scientifique Robert Watson, à la veille de la révélation de cette vaste enquête.

Ce rapport a été réalisé par une centaine de chercheurs bénévoles de 45 pays pour le compte de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).

La dégradation des sols, qui fait partie de cet inquiétant panorama, peut se traduire par le fait qu' »il n’y a plus de terres cultivables et donc une perte des moyens de subsistance », a ajouté M. Watson, président de ce groupe international.

L’IPBES, créée en 2012 à l’initiative de l’ONU et qui compte aujourd’hui 129 pays membres, a déjà rendu vendredi un diagnostic inquiétant sur l’état de la biodiversité de la planète, surexploitée par les humains qui menacent leur propre bien-être en provoquant le déclin de la faune et de la flore.

Des scientifiques et décideurs de 116 pays de l’IPBES, réunis à huis clos pendant toute la semaine à Medellin, en Colombie, ont tiré la sonnette d’alarme sur les risques d’une extinction massive des espèces, la première depuis la disparition des dinosaures, la première provoquée par les humains et leurs abus.

Comme l’étude sur la biodiversité, le rapport de lundi a demandé trois ans de travail et compile toute la littérature scientifique récente sur ce thème, traité pour la première fois à l’échelle mondiale. Sa réalisation a coûté environ 810.000 euros (un million de dollars).

« C’était une demande de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD), a précisé à l’AFP Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l’IPBES. « Ils avaient un besoin urgent d’un rapport sur la dégradation des sols (…) pour prendre des mesures », a-t-elle précisé.

Le thème est primordial à la survie même des humains: 95% de notre nourriture provient directement ou indirectement de la terre, selon l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

« Avec une population mondiale qui devrait dépasser les neuf milliards d’ici 2050, ajoutée à la lutte pour la terre et les ressources en eau, ainsi qu’au changement climatique, notre sécurité alimentaire actuelle et future repose sur notre capacité à augmenter les rendements et la qualité de la nourriture en utilisant des sols qui sont déjà en production », a-t-elle averti dans un rapport de 2015.

Une gestion déraisonnable des terres provoque une dégradation des sols en causant pollution, érosion, épuisement des sols, qui perdent en nutriments et en productivité.

La dégradation part de la « transformation de toute végétation originelle. Cela peut être la reconversion d’une forêt en terre agricole (…) d’une mangrove en élevage de crevettes », a expliqué M. Watson.

Au delà du diagnostic, l’IPBES devrait toutefois aussi donner des recommandations pour enrayer le phénomène, comme ils l’ont fait pour la protection des espèces.

« L’un de nos buts est de souligner le fait qu’il est possible d’agir et que les gouvernements ont à leur disposition des outils pour ce faire », a précisé Mme Larigauderie.

Et il y a urgence: une étude publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change a souligné en janvier qu’un quart des sols de la planète deviendraient « significativement » plus secs même si l’Humanité réussit à en limiter le réchauffement à deux degrés de plus, but fixé par l’Accord de Paris.

La terre devenant plus aride, elle se dégrade. Cela favorise les sécheresses, les incendies, la désertification, ainsi que la pollution de l’air par la mort des plantes et des arbres absorbeurs des gaz atmosphériques, responsables du changement climatique. La boucle est bouclée!

© AFP

2 commentaires

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    • Claude Courty

    À par ça, selon certains, la planète pourrait accueillir des milliards d’êtres humains supplémentaires !
    Quand donc les pouvoirs vont-ils enfin prendre consciences des limites de notre croissance démographique – dépassées depuis que notre empreinte écologique a été supérieure aux ressources non renouvelables de la Terre, ce qui signifie que nous en sommes actuellement à consommer en une année, près de notre allocation de deux ans – et prendre les mesures qui s’imposent aussi prioritairement que rapidement ?
    Elles consistent à encourager résolument la dénatalité ainsi qu’à gérer intelligemment (c’est-à-dire sans acharnement) notre espérance de vie.
    Pour précisions, lire « Précis de pyramidologie sociale ».

    • jipebe29

    Chaque fois que le Grand Machin crée un machin sous son égide, comme le GIEC/IPCC ou l’OMM, on peut être sûr que les objectifs sont de sortir des rapports alarmistes et de faire peur aux citoyens pour les culpabiliser, leur imposer taxes, normes et règlements contraignants et tenter de leur imposer un mode de vie conforme à une idéologie, celle du réchauffisme en ce qui concerne le GIEC/IPCC. Compte tenu de l’expérience GIECquienne, de ses dérives idéologiques et de sa pseudo-science, et compte tenu du caractère particulièrement alarmiste du rapport de l’IPBES, Il est fort probable que l’IPBES soit dans la mouvance idéologique du Grand Machin et de ses satellites et se positionne dans la religion de l’écologisme.