De Madagascar à l’Amazonie, le réchauffement pourrait menacer jusqu’à 50% des espèces

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De Madagascar à l'Amazonie et jusque dans les Grandes plaines américaines, le dérèglement climatique pourrait menacer entre un quart et la moitié des espèces d'ici 2080 dans 33 régions du monde parmi les plus riches en biodiversité, selon un rapport © AFP/Archives RAPHAEL ALVES

Paris (AFP) – De Madagascar à l’Amazonie et jusque dans les Grandes plaines américaines, le dérèglement climatique pourrait menacer entre un quart et la moitié des espèces d’ici 2080 dans 33 régions du monde parmi les plus riches en biodiversité, selon un rapport paru mercredi.

A +4,5°C de réchauffement par rapport à la Révolution industrielle — horizon qui se dessinerait si rien n’était fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre –, 48% des espèces seraient susceptibles de disparaître au niveau local.

Mais ce risque serait divisé par deux si la hausse de la température moyenne était contenue à +2°C, limite fixée dans l’accord de Paris adopté en 2015 sous l’égide de l’ONU, note cette analyse publiée par la revue Climatic Change.

« La biodiversité mondiale va souffrir terriblement au cours de ce siècle, à moins que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir » contre cela, prévient le Fonds mondial pour la nature (WWF), qui a co-produit l’étude, présentée comme la plus complète sur cette trentaine de zones.

Partout, le climat vient s’ajouter aux menaces pesant déjà sur la faune et la flore: urbanisation, perte d’habitats, braconnage, agriculture non soutenable…

Les chercheurs des universités d’East Anglia (Royaume Uni) et James-Cook (Australie) ont étudié la situation climatique de 80.000 espèces dans 33 régions jugées « prioritaires », aussi uniques et diverses que l’Amazonie, le désert de Namibie, l’Himalaya, Bornéo, le lac Baïkal ou le sud du Chili.

Les saisons aujourd’hui exceptionnellement chaudes devraient y devenir la norme, parfois dès 2030, et même avec un réchauffement limité à +2°C. Pics de chaleur plus notables, moindres précipitations, sécheresses durables sont attendus en de nombreux endroits.

Sur ces zones, plus de la moitié de la surface (56%) resterait vivable à +2°C. A +4,5°C, cette part pourrait tomber jusqu’à 18%: ce que le WWF appelle des zones « refuges ».

Les plantes devraient être particulièrement affectées, plus lentes à s’adapter, bougeant moins facilement. Ce qui en retour pourra nuire aux animaux en dépendant.

A +4.5°C, 69% des espèces de plantes risquent de disparaître en Amazonie.

Du côté animal, reptiles et amphibiens ont plus de risques d’être « dépassés » que les oiseaux ou les mammifères, plus mobiles.

Beaucoup dépendra en effet de la capacité des espèces à bouger pour suivre leur climat de prédilection: pourront-elles suivre? Seront-elles bloquées, par exemple par des villes, des montagnes? Auront-elles, à l’arrivée, un endroit pour vivre?

Le sud-ouest de l’Australie, dans le pire scénario, voit près de 80% des espèces de mammifères menacées d’extinction localement, perte ramenée à un tiers dans un monde à +2°C et en cas de capacités d’adaptation des espèces.

Conclusion: « il faudra faire des efforts bien plus importants pour garder la hausse des températures à leur minimum absolu », insiste le WWF.

A ce stade, les engagements de réduction d’émissions pris à Paris conduisent le globe vers un réchauffement de plus de 3°C. Or à +3,2°C, 37% des espèces risquent encore de disparaître localement, dans les régions étudiées.

En outre, comme les gaz déjà émis vont continuer à réchauffer la planète, il faudra aussi prévoir des mesures de protection locales: corridors biologiques pour favoriser le déplacement des espèces, identification de zones de « refuge » en dernier ressort, restauration d’habitats…

La Méditerranée, qui compte par exemple trois espèces emblématiques de tortures marines, verrait près d’un tiers des plantes, mammifères et amphibiens menacés à +2°C, si aucune possibilité d’adaptation ne leur est laissée.

Cette publication intervient alors que s’ouvre samedi à Medellin (Colombie) une importante conférence sur l’état de la biodiversité dans le monde.

Extinction ne signifie pas juste disparition d’espèces, souligne le WWF, « mais de profonds changements pour des écosystèmes rendant des services vitaux à des centaines de millions de personnes, » qu’il s’agisse d’alimentation, mais aussi de soutenir le tourisme ou la recherche sur de futurs médicaments.

© AFP

3 commentaires

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    • Claude Courty

    … dont l’espèce humaine.

    • Claude Renaud

    48% des espèces « seraient » susceptibles de disparaître. Là, il s’agit d’une hypothèse, mais qui a permis le calcul très précis de 48%, pas 50%. Je suis admiratif !
    Par ailleurs, j’abonde dans le sens de Claude Courty, pour dire que l’espèce humaine est menacée
    au même titre que la biodiversité dont nous faisons partie intégrante. Nous faisons partie des 48%
    des espèces en danger. L’Humanité à peu de chance de survivre à une augmentation de la température de 4,5 degrés….pourquoi pas 5 degrés?

    • Le Fonds mondial pour la nature (WWF) comme Mr Renaud ont probablement raison.

      Si nous ne faisons pas « tout ce qui est en notre pouvoir » la biodiversité mondiale va souffrir encore plus au cours de ce siècle.

      Le WWF très orienté vers la défense
      de la flore et de la faune occulte malheureusement le principal. Le fait que l’homme dépendant directement de cette biodiversité pourrait lui aussi gravement souffrir s’il ne fait pas « tout ce qui est en son pouvoir » pour remédier à cette situation.

      L’objectif récent du département de l’Isère et de Qualibat de co-construire et de lancer un plan de rénovation énergétique des bâtiments ambitieux avec l’ensemble des acteurs nationaux et locaux, et en particulier les collectivités territoriales pourrait être le point de départ des actions que nous allons devoir prendre. Ceci vu que le secteur du bâtiment est le poste qui génère le plus de GES.

      Pour que ce plan de rénovation énergétique soit un succès il va falloir selon le porte parole du CSLT que le citadin tienne compte du mot « aquathermie » et ceci même si celui-ci ne figure pas encore au dictionnaire Larousse.

      Ceci pour la simple raison que si nous voulons casser la courbe d’émission de gaz à effet de serre vers la bas pour limiter le rechauffement climatique et ses conséquences désastreuse sur la biodiversité. Voir:
      http://infoenergie.eu/riv+ener/COP21.htm

      il va devenir nécessaire pour améliorer les performances de mettre l’eau au coeur de nos préoccupations comme le fait la « Solar Water Economy »

      Environ 3 ans apres la COP21 notre intérêt va être maintenant d’agir en arrêtant de tourner uniquement autour de l’isolation des bâtiments en n’évoquant pas l’essentiel: les performances de nos chaînes énergétiques. Ceci afin de respecter nos propres lois, notamment la LTECV.

      Nous n ‘allons en effet pas avoir d’autre choix pour minimiser nos émissions de gaz à effet de serre que de reconsidérer les chaînes énergétiques que nous utilisons actuellement pour nous chauffer.

      Ceci en considérant l’énergie thermique naturelle contenue dans l’eau en y prélèvant au mieux et selon les conditions locales l’énergie thermique qu’elle contient. Et ceci dans l’eau géothermale, dans celle des nappes libres, dans celle du fleuve lui même ou dans l’eau de mer pour les villes situées sur le littoral voire en conjuguant ces sources. Il est possible de le faire sans modifier notre modèle économique en s’appuyant à la fois sur les 3 piliers que constituent le social, la défense de notre environnement et la stabilité de notre économie.

      Il ne sera pas besoin de modifier notre constitution pour parvenir à ce résultat vu que celle-ci stipule déjà que nous devons vivre dans un monde équilibré et favorable à notre santé.

      Force est de constater en effet que la France ne vit pas actuellement dans un monde équilibré vu que c’est encore la rivière qui fourni dans notre pays pratiquement à elle seule l’intégralité de l’énergie électrique propre produite grâce à nos barrages hydroélectriques (environ 10%). Et cela facteur aggravant en dégradant cette coûteuse électricité pour chauffer les plus démunis d’entre nous en créant les problèmes de précarité énergétique que nous connaissons vu les performances déplorable de l’effet Joule.

      De plus, est-ce être dans un monde favorable à notre santé que de rouler en ville avec les voitures individuelles equipées de moteur à combustion ayant un rendement de 30% alors que nous pourrions le faire en mode électrique avec un rendement proche de 95%

      Le batiment et la voiture logée dans son sous-sol représentent le plus gros poste d’émission de GES devant l’industrie, le transport aérien, et l’agriculture ), il s’agit d’un défi immense qu’il va falloir relever sans attendre

      Le porte parole du CSLT espère dans l’intérêt des professionnels et de celui des ménages que le comité de pilotage du Plan de rénovation des bâtiments lancé en mars 2018 conscient de l’enjeu va devenir être le catalyseur qui va faire sortir le politique de sa léthargie.

      Balendard Mars 2018