Fin des hydrocarbures: la mesure phare du projet de loi Hulot votée

Paris (AFP) – L’Assemblée nationale a voté dans la nuit de mardi à mercredi l’article phare du projet de loi Hulot sur la fin de la production d’hydrocarbures d’ici 2040, dans un climat parfois éloigné du « consensus » souhaité par le ministre dont c’était le baptême du feu.

Peu après 1H00 et à l’issue de débats passionnés, les députés ont validé l’article 1er prévoyant qu’à compter de son adoption définitive par le Parlement, d’ici fin 2017, il ne pourra plus être délivré de nouveau permis d’exploration d’hydrocarbures, liquides ou gazeux. Et les concessions d’exploitation existantes ne seront pas renouvelées au-delà de 2040.

Le texte vise à concrétiser la promesse d’Emmanuel Macron de « sortir la France des énergies fossiles » (pétrole, gaz, charbon…).

« Le changement climatique ne connaît pas de frontières géographiques et ne peut pas supporter de clivages politiques » car « on a très peu de temps pour inverser la tendance », avait lancé le ministre de la Transition écologique et solidaire à l’ouverture des débats dans l’après-midi.

Ce projet de loi est aussi « une partie de notre réponse à ceux qui, notamment aux Etats-Unis, ont tenté de faire dérailler le train de l’Accord de Paris » de décembre 2015, avait fait valoir l’ancien « envoyé spécial pour la planète » de François Hollande.

Après le Costa Rica, la France entend être pionnière à l’échelle mondiale, même si elle n’a jamais été un gros producteur: 815.000 tonnes de pétrole par an, essentiellement dans les bassins parisien et aquitain, soit 1% de la consommation nationale.

Figure populaire, M. Hulot, pour la première fois ministre, a fait face dans l’hémicycle à la mobilisation croisée des opposants et de ceux souhaitant aller plus loin.

Près de la moitié des 180 amendements déposés par des députés de tous bords ont été examinés dès mardi soir, sans qu’aucune modification substantielle ne soit validée: pas question de différer l’arrêt de l’exploitation des hydrocarbures ou d’accorder encore des permis de recherche, ont affirmé à l’unisson ministre et groupe La République en marche, quitte à se faire taxer d' »obscurantisme » par LR.

La proposition de socialistes et d’Insoumis d’inscrire dans la loi un objectif de réduction de la consommation des énergies fossiles a été renvoyée à un débat ultérieur sur la programmation pluriannuelle de l’énergie.

Seule évolution notable: l’Assemblée a voté une dérogation limitée et strictement encadrée à la fin des hydrocarbures, pour permettre la poursuite de l’exploitation du soufre du bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Des députés du département (MoDem et PS) s’étaient fortement mobilisés en ce sens.

Au plan national, l’activité liée aux hydrocarbures concerne 1.500 emplois directs et 4.000 indirects.

« Il n’y aura pas de brutalité » et « nous avons un petit peu de temps » pour « construire avec les entreprises, avec les salariés, les évolutions nécessaires pour ne laisser personne de côté », a affirmé Nicolas Hulot.

La seule intervention qui semble avoir bousculé le ministre a été celle du député Gabriel Serville, membre du groupe communiste, qui a dénoncé un « mépris pour la Guyane et les outre-mer en général » et un « fait du prince » au travers de ce texte. Animé d' »aucun mépris », Nicolas Hulot a appelé ces territoires à « se tourner vers les filières d’avenir ».

Mercredi après-midi, la question du « droit de suite », qui permet aux titulaires d’un permis de recherche d’obtenir une concession en cas de découverte, sera notamment au menu. En l’état, ce droit n’est pas supprimé, au nom d’un risque de « contentieux », mais ne pourra excéder 2040.

Pour véritablement « sonner la fin d’un modèle », la loi doit « inclure des dispositions qui permettent à la France de ne plus accorder aucune concession » dès à présent, comme le souhaitait à l’origine le ministre, a plaidé sur le site du Monde un collectif de militants écologistes initié par la Canadienne Naomi Klein.

En coulisses ou dans les médias, les groupes industriels ont plaidé leur cause. « Si je ne peux pas explorer en France, j’explore ailleurs », a déjà menacé le PDG du groupe Total, Patrick Pouyanné.

Nicolas Hulot l’a assuré face à la représentation nationale: « Ne rien céder aux lobbies, oui je m’y efforce » mais « on peut faire des compromis ».

© AFP

4 commentaires

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    • catala

    Que les hydrocarbures soient écartés comme carburant combustibles est évidemment une mesure qui va dans le sens de la protection d e l’environnement, des ressources de la Terre et de la santé. Mais le pétrole sert aussi à d’autres fabrication et de composant a une mulitude de produit et notamment a des produits plus durables et recyclables ( mobilier…)
    Par ailleurs le travail de recherche et d’identification des ressources de la planète n’est il pas un devoir vis à vis des générations futures?
    Si les techniques de prospection pour localiser les ressources possibles de la Terre sont « propres » et ne détruisent pas les écosystèmes, pourquoi les interdire?
    N’allons nous pas par des lois ou des restrictions trop grandes vers une forme d’obscurantisme?
    Un éclairage plus scientifique de la situation serait bienvenu pour mieux la comprendre!

  • Le porte parole des Lutins thermiques est très heureux de cette décision.

    Il attire toutefois l’attention sur le point suivant:
    Vu que cette interdiction ne concerne que la recherche et l’exploitation des gisements d’hydrocarbures sur le territoire français alors que cette production ne correspond qu’à 1% de notre consommation interne on comprend qu’il s’agit plutôt d’une transition énergétique « idéologique » plutôt que « pratique »

    Nous allons donc devoir importer ces produits pour assurer notre besoin et ceci même si nous passons à la Solar Water Economy qui va on le sait réduire considérablement la combustion pour assurer le chauffage de l’habitat

      • COLIN

      Ou, simplement, diminuer nos besoins de 1% !

  • Et comment il va faire notre « Hulot » national ? Lui, qui se trimballe dans la capitale en Porsche « Cayenne » et qui, surtout, porte sur ses frêles épaules, des kilo-tonnes de monoxyde de carbone? Car, au temps où il parcourait plusieurs fois par an la planète entière pour faire ses  » séquences émotion  » sous toutes les mers du globe pour son émission Hushuaya, il en a balancé de ce gaz à effet de serre dans des avions qui ne le transportaient, pas seulement luim mais aussi, toutes ses équipes et ses matériels de télé. Ah oui ! il peut causer, le pantin vert (vous savez comme celui de groupama) de l’écologie. Quand il est à l’assemblée, il a un air étonné comme s’il se demandait ce qu’il fout là. Belle équipe qui nous dirige.