Paris (AFP) – Nicolas Hulot a présenté mercredi un projet de loi visant à en finir d’ici 2040 avec la modeste production d’hydrocarbures en France, espérant convaincre d’autres pays de suivre cet exemple.
Le texte a été présenté en conseil des ministres par le ministre de la Transition écologique et solidaire. Le gouvernement souhaite que la loi soit adoptée avant la fin de l’année afin de graver ainsi dans le marbre une promesse de campagne du président Emmanuel Macron.
« Ce projet de loi nous permettra, lorsqu’il sera promulgué, de mettre fin immédiatement à tout nouveau permis d’exploration d’hydrocarbures », a déclaré Nicolas Hulot à l’issue du conseil des ministres.
Par ailleurs, les concessions d’exploitation existantes ne seront pas renouvelées au-delà de 2040, si bien que la production de pétrole et de gaz devrait s’éteindre autour de cette date.
La France est « à l’avant garde de cette ambition (d’en finir avec les hydrocarbures) qui doit être celle de la France et doit être celle du monde », a réagi Emmanuel Macron, cité par son porte-parole Christophe Castaner.
Pour donner du temps aux entreprises qui ont parfois beaucoup investi, et éviter tout risque de procès coûteux, l’Etat prévoit toutefois une prolongation des permis exclusifs de recherche déjà attribués et l’octroi d’une concession d’exploitation dans la foulée d’une éventuelle découverte, mais pas au-delà de 2040.
Toutes ces dispositions concernent aussi bien la terre ferme que les projets en mer et l’outremer est concerné au même titre que la métropole.
Concernant les hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste), leur extraction sera désormais interdite quelle que soit la technique utilisée.
La fracturation hydraulique, seule technique efficace à ce jour, était déjà interdite depuis 2011 pour éviter la pollution associée à ce mode d’extraction.
Mais cela laissait encore la porte ouverte à l’utilisation d’éventuelles nouvelles technologies à l’avenir.
Seule exception, le gaz de mine continuera à être capté pour des raisons de sécurité et de protection de l’environnement: il est très dangereux car explosif et il contribue fortement au réchauffement climatique.
Avec ces dispositions, la France entend limiter ses émissions de gaz à effet de serre en décourageant le recours aux hydrocarbures, qui polluent lors de leur utilisation. Elle veut ainsi tenir ses engagements pris lors de l’accord de Paris sur le climat.
Pour cela, le gouvernement entend aussi limiter la consommation d’énergies fossiles. Nicolas Hulot avait déjà annoncé début juillet vouloir mettre fin aux ventes de voiture diesel ou essence dans le pays d’ici à 2040. D’autres mesures doivent suivre.
La France espère ainsi jouer un rôle moteur dans le monde, même si elle n’a jamais été un gros producteur d’hydrocarbures.
« Nous sommes le premier pays à prendre ce type de mesures. Je pense que d’autres pays vont emboîter le pas », a dit Nicolas Hulot dans un entretien à l’AFP.
Le pays produit environ 815.000 tonnes de pétrole par an, avec 63 concessions en cours de validités concentrées dans les bassins parisien et aquitain. Le plus gros producteur est le canadien Vermilion, qui a racheté des champs à Esso et Total.
Cela ne correspond qu’à un modeste 1% de la consommation nationale: le pays importe massivement son pétrole (dont la première utilisation est le transport) et son gaz (utilisé notamment pour le chauffage).
Le seul gisement d’importance en France a fermé: c’était celui de gaz à Lacq (Pyrénées-Atlantiques), découvert dans les années 50 et exploité jusqu’à il y a quelques années.
En revanche, les compagnies pétrolières avaient ces dernières années porté leurs espoirs sur l’outre-mer, et notamment la Guyane.
La société britannique Tullow Oil avait trouvé du pétrole en 2011 au large du département français mais les puits d’appréciation forés par la suite se sont révélés décevants.
La découverte a toutefois soulevé l’espoir des compagnies pétrolières et les craintes des écologistes.
Avec la nouvelle loi, seul le permis d’exploration « Guyane Maritime », déjà octroyé à Total, Shell et une filiale de Tullow, pourra être renouvelé et donner lieu éventuellement à une exploitation en cas de trouvaille.
Mais les autres permis demandés par les compagnies pétrolières en Guyane et en cours d’instruction ne seront pas accordés.
© AFP
6 commentaires
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Alain Cognard
Mais on garde Total en Guyane et Total dans le monde : on produit chez les autres, on transporte et on utilise toujours le pétrole. C’est se moquer du monde et se moquer de la planète, une escroquerie intellectuelle et morale…Et pour cet extraordinaire mesure de magie socio-politique, il faudra tout de même attendre 2040 et bien des petits Macron et des petits Hulot.
Jean Grossmann
Oui cela est une annonce importante. Cependant elle est surtout psychologique vu que la production de pétrole en France ne représente que 1 % de ce que nous consommons.
Soyons sérieux, 2040 c’est dans une génération autrement dit demain. Nous sommes donc tous directement concernés et pas seulement nos enfants
Cela veut dire que la France désapprouve clairement la politique des USA à savoir le nom conventionnel et le gaz de schiste.
Cette annonce signifie également que la France va devoir changer les chaînes énergétiques assurant actuellement le chauffage de l’habitat et l’alimentation de la voiture si elle souhaite arrêter les importations de produits fossiles
Mon souhait en tant que français serait naturellement qu’elle parvienne à le faire directement avec la voiture « tout électrique » du genre Zoé et dans le même temps avec un deuxieme « tout électrique thermodynamique » pour assurer le chauffage de l’habitat.
Malheureusement, s’ il y a les mots il y a aussi les actes qui doivent etre en accord avec les lois que nous venons d’établir.
Il faut se rendre à l’évidence les chiffres prouvent que nous ne pourrons pas tout faire d’un coup.
Il nous faudra passer dans un premier temps par les systèmes hybrides et ceci qu’il s’agisse de la voiture ou du chauffage de l’habitat.
Ceci particulièrement si nous souhaitons réduire notre nucléaire à 50 % dans des temps encore plus court.
Nous allons probablement nous apercevoir assez rapidement en procédant ainsi que nous pourrions nous passer de la combustion pour le chauffage et la climatisation de l’habitat.
Ceci à l’exemple de thassalia mais en utilisant cette fois les eaux superficielles de la rivière et celles géothermal du sous-sol et non celle de la mer
Cependant il faut se rendre à l’évidence nous ne pourrons pas le faire dans l’immédiat en raison du bâti existant.
Nous ne pourrons pas démolir Paris pour satisfaire une réglementation thermique inaccessible dans l’existant.
Il faut se rendre à l’évidence la France c’est 25 millions de foyers fiscaux et à raison de 500 000 rénovations thermiques annuelles, objectif bien optimiste c’est 50 ans et 2 générations
Contenu des erreurs passées concernant l’isolation des bâtiments en France il nous faudra donc trouver une solution intermédiaire orientée vers les dispositifs hybrides. Cette solution est décrite dans l’étude du « cas pratique » du livre « la chaleur renouvelable et la rivière » ainsi que dans le fichier de la « solar water economy »
Il est d’autre part difficile d’expliquer pourquoi il faudrait améliorer les infrastructures souterraines de stockage de gaz pour garantir la disponibilité du gaz en hiver alors que tout tout le monde sait ou presque que la production de gaz est surabondante par rapport aux besoins. Les lutins thermiques ont une petite idée sur la question mais voilà effectivement une opportunité pour l’exécutif d’être transparent en expliquant pourquoi
Par contre améliorer les infrastructures souterraines pour assurer l’alimentation en eau non potable des immeubles dans le sens la SWE en divisant par 3 voir 4 les consommations de gaz prends tout son sens: nous nous éloignons de la combustion et de ses effets néfastes sur l’environnement.
Il y a urgence. Les événements climatiques actuels avec irma et les cyclones qui vont suivre le prouve. Ceci d’autant plus que cela diminue nos dépenses en achat de combustible
Balendard septembre 2017
Dany Voltzenlogel
Je suis écolo, je le revendique,
Mais …
Il faudra toujours un « peu » d’hydrocarbures. Extraits dans des conditions humaines, propres, ces produits sont utilisés depuis des lustres. Voyez par exemple les petits sites de production en Alsace du Nord (oui c’est encore actuel). L’impact de ces puits sur l’environnement est nul.
Mais oui, il faut réduire drastiquement l’utilisation du pétrole responsable de la plupart des pollutions planétaires. Il faut arrêter de produire des déchets quasi indestructibles, des rejets toxiques …
Jean Grossmann
je rejoins Alain et Dany
Nous aurons encore besoin d’hydrocarbure mais dans une moindre mesure
Effectivement les exploitations total hydrocarbure en Guyane ça se moquer du monde
Pour tenter de solutionner le PB du réchauffement climatique le Lutin thermique que je suis estime qu’il va falloir aller à l’essentiel
Toutes ces COP qui n’en finissent pas de finir comme la 21 la 22 23… semble bien dérisoires
À l’évidence le COP du chauffage thermodynamique me semble plus à même de participer à l’atténuation climatique.
Ceci vu que l’énergie prélevée dans l’environnement pour chauffer l’habitat refroidi cet environnement au lieu de le réchauffer comme le fait la combustion
Il va falloir maintenant aller rapidement à l’essentiel. Le dérèglement climatique actuel avec les cyclones qui vont succéder Irma le prouve
Balendard septembre 2917
GUERITTE
Autour de la table, il y avait 14 ONG – Merci de me communiquer le nom de ces 14 entités à :
ong@villesurterre.com
Robert BIGEAT
Il y a dans le texte de cet article tout comme dans les commentaires, une confusion regrettable entre les expressions « extraction de pétrole ou de gaz » et « production d’hydrocarbures ». Cette confusion Nicolas Hulot ne l’a pas faite parce qu’il est informé de la différence…gigantesque.
On arrêtera, dans tous les cas de figure l’extraction de pétrole certainement dans quelques années, et pour deux raisons, la première, des coûts d’extraction de plus en plus élevés, et le seconde, mais non la moindre, parce que ces extractions libèrent du CO² enfoui depuis des millions d’années, ce qui déstabilise gravement le climat terrestre..
Quant aux hydrocarbures, ils continueront à être produits et utilisés mais ce seront alors des hydrocarbures de synthèse, c’est-à-dire produits artificiellement, à partir d’électricité pour obtenir l’hydrogène par électrolyse de l’eau et en récupérant le CO² dans l’atmosphère, le mélange du CO² et de l’hydrogène redonne alors des hydrocarbures mais sans augmenter le CO² naturellement présent dans l’atmosphère et indispensable à la vie.
Depuis des années en Allemagne de l’hydrogène est produite par électrolyse avec de l’électricité issue des éoliennes, en bordure de Mer du Nord et de Baltique, car, dès que le vent souffle fort, et c’est fréquent dans cette zone, beaucoup d’électricité est produite et à un coût très faible qui en rend son usage pour l’électrolyse de l’eau, économiquement intéressant. Cet hydrogène ainsi produit peut alors directement être injecté dans le réseau des gazoducs à concurrence de 10% au plus sans inconvénients.
Dans une autre étape du méthane sera produit avec du CO² issu de centrale thermiques, puis extrait directement de l’atmosphère.
C’est dans cette perspective de moyen et long terme qu’il convient de comprendre l’annonce de Nicolas Hulot et pas du tout dans celle d’un arrêt de la production et de l’utilisation d’hydrocarbures. Ce qui s’arrêtera, ce sera « seulement », mais c’est déjà énorme, la production d’hydrocarbures à partir du pétrole.