Al Gore: « l’Amérique tiendra ses engagements » sur le climat, Trump ou pas

Los Angeles (AFP) – Il lui avait d’abord accordé le bénéfice du doute, mais parlez ces jours-ci de Donald Trump à Al Gore, et vous risquez de le voir froncer des sourcils très, très fort.

« C’est une véritable catastrophe, bien sûr, mais il s’est effectivement isolé », remarque l’ex-vice-président américain, avec une expression de fureur contenue.

Une décennie après son documentaire coup de poing « Une vérité qui dérange », qui sonnait l’alarme sur le changement climatique et ses conséquences potentiellement dramatiques pour la planète, Al Gore envoie une piqûre de rappel avec ce nouveau film.

« Une suite qui dérange: le temps de l’action », sort vendredi prochain en Amérique du nord et fin septembre en France, après avoir été dévoilé au festival de Sundance au mois de janvier, à la veille de l’investiture de Donald Trump.

Depuis, le nouveau président américain a choisi un ancien patron du géant pétrolier ExxonMobil pour représenter l’Amérique auprès de la communauté internationale, et nommé un avocat doutant de la réalité du changement climatique pour diriger l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA).

Il a assoupli les seuils de pollution des centrales à charbon ou des véhicules, ordonné des coupes franches dans le financement de l’EPA, entre autres.

Et, surtout, il a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris signé par 196 pays pour lutter contre le changement climatique.

« Nous allons tenir les engagements pris par les Etats-Unis quoique Donald Trump en dise », a assuré à l’AFP M. Gore, âgé de 69 ans, lors d’un entretien: « il y a une loi en physique qui marche parfois en politique: pour chaque action, il y a une réaction égale et opposée ».

« C’est comme si le reste du monde disait: ‘on va vous montrer, Donald Trump’. Il y a un soulèvement progressiste comme je n’en avais pas vu depuis la guerre du Vietnam ».

Dans l’une des scènes les plus marquantes du film, Gore se rend à une réunion avec celui qui était alors président-élu, à la Trump Tower de New York.

On l’entend dire avec un optimisme prudent que les défenseurs de l’environnement pourront peut-être travailler avec le nouvel hôte de la Maison Blanche. Mais aujourd’hui, l’ex-vice-président de Bill Clinton a perdu tout espoir.

« Je ne vais plus perdre de temps à essayer de le convaincre car il s’est entouré d’une horde de climato-sceptiques », déplore-t-il.

« Même si j’ai protégé le caractère privé de mes conversations avec lui, je dirai simplement que j’avais des raisons de penser qu’il se montrerait sensé. J’avais tort ».

« Une vérité qui dérange » (2006) a galvanisé les écologistes du monde entier tout en gagnant deux Oscars et générant 50 millions de dollars au box-office.

Malgré la crainte des possibles conséquences néfastes de l’administration Trump sur l’environnement, sa suite est porteuse d’un message plus optimiste.

Le documentaire montre Gore, qui a formé quelque 10.000 militants, dans sa mission d’évangélisation écologique à travers le monde.

« Il y a eu deux énormes changements depuis le dernier film. Premièrement, les événements climatiques extrêmes se sont accélérés et deviennent plus destructeurs. Partout », remarque M. Gore.

« Deuxièmement, nous avons maintenant des solutions. C’est un message d’espoir que les gens doivent entendre. Le fait que ces technologies d’énergies propres, les batteries des voitures électriques et tant d’autres, ont vu leur coût baisser si vite est véritablement miraculeux », estime-t-il.

Né à Washington, il a servi trois mandats à la Chambre des représentants et deux au Sénat avant de devenir le vice-président de Bill Clinton, pendant l’une des périodes de plus forte expansion économique récentes aux Etats-Unis.

Gore, qui se décrit comme « un politicien en convalescence », a perdu de très peu l’élection présidentielle face à George W. Bush en 2000 et s’est ensuite réinventé en apôtre de la lutte contre le changement climatique, recevant notamment le prix Nobel de la Paix en 2007.

© AFP

2 commentaires

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  • On constate à cette occasion que la guerre de l’énergie n’est malheureusement pas encore terminée et que monde continue à jouer à cache-cache. Il va à l’évidence devenir urgent que l’exécutif français montre l’exemple ce qu’il faut FAIRE et commence à agir dans la pratique pour favoriser l’atténuation climatique.

    On sait que les mesures fiscales pour solutionner le Kubic cube de l’atténuation climatique ne suffiront pas. Le prix de l’énergie finale rendue à l’utilisateur pourrait bien jouer un rôle important. La mesure européenne de libéralisation du prix des énergies finales gaz et électricité pourrait aussi jouer un rôle important. Cette mesure va-t-elle dans le sens des 17 objectifs de l’ONU et de notre Loi sur la Transition Énergétique et la Croissance Verte ? Par le fait que la fin des tarifs réglementés pour le gaz et l’électricité en France va probablement provoquer à terme une augmentation du prix de vente de l’énergie finale à l’utilisateur on peut le penser. Si cela se passe ainsi cette libéralisation va avoir pour conséquences de rapprocher le prix de vente de l’électricité et du gaz en France des prix allemands qui sont beaucoup plus élevés que les nôtres. Cette augmentation du coût de l’énergie finale qu’il s’agisse du gaz ou de l’électricité devrait favoriser le développement du chauffage thermodynamique pour le chauffage urbain et par voie de conséquence le développement des énergies renouvelables avec l’amélioration à termes de nos conditions d’existence. C’est en effet, on l’a constaté en Allemagne, un prix de l’énergie primaire élevé qui expliquent en partie le développement beaucoup plus rapide des énergies renouvelables dans ce pays par rapport aux autres pays européens.

    L’attitude de Donald Trump est comme celle des russes guidée par le profit.

    Quant à ce qui s’est passé en amont avec le Président OBAMA on peut trouver aussi à redire. Lorsqu’il a dit lors d’un meeting qu’il fallait rendre l’aide inutile, il ne pouvait pas si bien dire. Le seul problème est qu’il s’est trompé de méthode, ce qui est assez grave dans le pays le plus énergivore au monde avec une consommation annuelle par habitant toutes énergies confondues de 60 000 kWh, le triple de ce que nous consommons en France. Cette exploitation du gaz de schiste qui a fait baisser considérablement le prix des énergies fossiles aux USA et dans le monde est allée dans le sens de l’aggravation climatique. Il est bien dommage qu’il ait pas compris trop tard toute la dangerosité de la combustion et la menace qu’elle représente pour l’homme. Dommage qu’il n’ait pas réalisé à l’époque qu’en autorisant l’exploitation du gaz de schiste dans son pays il n’ait pas pas réalisé à l’époque que cette décision allait à l’encontre de l’atténuation climatique. Avec des prix de l’énergie finale plus bas on solutionne peut-être momentanément un problème social, mais on augmente le risque de surconsommation.

    Pour solutionner le problème social posé par le coût de l’énergie, il ne fallait pas baisser le prix des énergies fossiles mais changer la chaîne énergétique permettant de se chauffer. Ceci par le fait qu’en passant au chauffage thermodynamique avec un COP de 6 et en doublant dans le même temps le prix de l’énergie fossile, on divise par 3 le prix de l’énergie thermique rendue dans les pièces de vie de l’utilisateur solutionnant du même coup la précarité énergétique et les problèmes qui relèvent du médiateur de l’énergie. Augmenter le prix de vente des combustibles fossiles présente également un deuxième avantage : l’économie réalisée annuellement sur l’achat de ces produits en changeant de chaîne énergétique devenant plus importante du fait de l’augmentation des prix cela va avoir pour conséquence de rembourser l’investissement de départ et d’améliorer le pouvoir d’achat de l’utilisateur plus rapidement. Cela va également favoriser l’investissement au niveau de l’isolation des bâtiments mais le retour sur investissement étant nettement plus long l’incitation à investir sera plus faible.

    Les Lutins thermiques ont longtemps réfléchi aux problèmes que posent en Europe les fluctuations du prix de l’énergie. Ils estiment que lorsque le besoin en énergie de l’homme est de la chaleur ou du froid, c’est à dire de l’énergie thermique, les prix de l’énergie primaire sous ses formes électrique et gaz exprimés en kWh doivent être les mêmes pour le gaz et l’électricité et le rester en évoluant ensemble lentement pendant plusieurs décennies. Ils pensaient initialement qu’il était préférable de fixer un prix de vente au citoyen du kWh d’énergie primaire à mi-chemin entre les prix actuels voisins de 6 centimes le kWh pour le gaz et 18 centimes d’€ pour l’électricité (si l’on inclut toutes les taxes) CAD de le fixer à 12 centimes d’€ qu’il s’agisse de l’électricité ou du gaz. Ceci afin de ne pas faire la concurrence entre ces deux fluides afin d’éviter l’orientation vers le « tout gaz » dans le neuf qui conduit vers le « consommer plus » des produits fossiles en raison d’un prix de vente de l’énergie trop faible et la précarité énergétique qu’elle entraîne avec le « tout électrique »

    Ils estiment maintenant que le prix de l’énergie finale rendue à l’utilisateur en France ne doit pas être à mi-chemin entre le gaz et l’électricité mais sensiblement supérieur, disons 18 centimes d’€ le kWh.
    Ils invitent le lecteur à lire le livre « La chaleur renouvelable et la rivière » pour en comprendre la raison.

    Quoiqu’il en soit cette mesure européenne de libéralisation du prix des énergies finales gaz et électricité pourrait bien porter ses fruits si elle donne une vision claire de ce que vont être les prix des énergies finales gaz et électricité pour l’utilisateur lors des prochaines décennies. Ce dernier en a assez de ces éternelles fluctuations des prix des énergies fossiles qui l’empêche d’avoir une vision à moyen terme de ce qu’il pourrait faire pour améliorer son pouvoir d’achat.

    Balendard aout 2017