Gonesse (France) (AFP) – « Des champs, pas d’Auchan! », « Au boulot Hulot » : des centaines de citoyens, élus et syndicalistes ont manifesté dimanche à Gonesse (Val-d’Oise) pour « arrêter » le mégaprojet Europacity, qui mêlera à partir de 2024 commerces et loisirs sur 80 hectares de terres agricoles.
Estimé à 3,1 milliards d’euros, ce projet porté par Immochan, la branche immobilière du groupe Auchan, en partenariat avec le conglomérat chinois Wanda, représente le plus grand investissement privé en France depuis la construction de Disneyland Paris en 1992.
A l’appel du « Collectif pour le triangle de Gonesse », les militants, estimés à 500 par la police, se sont réunis dimanche matin pour semer un des champs qui accueillera ce complexe imaginé comme un « nouveau quartier du Grand Paris », entre les aéroports du Bourget et de Roissy, à moins de 20 km au nord de la capitale.
Vers 15H30, derrière une banderole « Non à Europacity » tenue par des enfants, ils ont marché en direction de la mairie de Gonesse au chant de « Urbanistes, aménageurs, pendez-vous! Laissez-nous tranquilles! », sous des drapeaux de Solidaires, Attac ou la Confédération paysanne.
Présent parmi eux, le conseiller régional et coordinateur du parti de gauche Eric Coquerel a dénoncé un « projet emblématique d’un projet de société consumériste » qui « va tuer les commerces de proximité ». « On était nombreux à Notre-Dame-des-Landes, on était nombreux à Bure, on va gagner, ils vont être obligés de reculer », a-t-il lancé, en référence à des projets d’aéroport et d’enfouissement de déchets nucléaires.
Pendant ce temps, le maire PS de Gonesse Jean-Pierre Blazy avait réuni devant l’hôtel de ville quelques dizaines d’habitants pour défendre ce projet qui sera, selon lui, « favorable à l’emploi ».
Dans un communiqué, Europacity a dénoncé les critiques « infondées » de ses opposants et promis de « développer un ensemble urbain très attractif » qui « participera au désenclavement, au rayonnement et à la relance économique du Nord de l’Ile-de-France ». « Le projet est conçu pour que les habitants en soient pleinement bénéficiaires, notamment en termes de création d’emplois », a assuré le promoteur.
Près de 12.000 emplois étaient annoncés « en phase d’exploitation ». Europacity retient désormais le nombre de 10.100 (dont 7.400 à 8.100 créations nettes), qui était celui d’une expertise indépendante diligentée par la commission nationale du débat public.
Le promoteur d’Europacity est prêt à renoncer à son « parc des neiges » avec pistes de ski et snowpark au nord de Paris, qui cristallise une partie des critiques, « si les études environnementales ne montrent pas son exemplarité ».
Sur les pancartes brandies dimanche par les manifestants, on pouvait notamment lire : « Pas de tire-fesse à Gonesse ».
© AFP
3 commentaires
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Robert BIGEAT
Ce projet Europa City est une aberration économique de première grandeur, un désastre écologiste et social en gestation, Ses promoteurs inconscients devraient donc déjà être poursuivis pénalement pour tentative de mise en danger de la vie d’autrui et, même si le texte n’en existe pas encore au plan juridique, pour « massacre écologique ».
Claude Renaud
Le Triangle de Gonesse est aussi dangereux que le Triangle des Bermudes.
Il y a une fièvre mégalomaniaque dans notre pays. Toujours plus grand, toujours plus fort, toujours
plus vite, et pour les promoteurs, toujours plus de profit.
Pour la santé de nos enfants : pas de Notre-Dame-des-Landes, pas de Bure, pas de Triangle de
Gonesse, et surtout, pas de tire-fesse.
Bousquet
Avez vous le souvenir d’habitants riverains de la Somme qui ne savaient que faire devant la montée des eaux de ce fleuve? C’est avec des constructions de ce genre (goudronnage, bétonnage et obstruction des écoulements naturels, que l’on s’invite dans ces processus pluvieux. Avec ce que celà implique de risques pour les riverains. Et je ne parle pas des assurances qui casquent pour la lubie d’un entrepreneur qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Et ne voit que son portefeuille à remplir. Ces gens seront nommément responsables en cas d’avaries et autres désastres qui ne manqueront pas de survenir. En effet, les risques d’inondations sont déjà élevés. Et seront décuplés en cas de bétonnage sauvage.